Entre le Haut commissariat au plan, en charge de la production des statistiques nationales, la mise au point des agrégats et indicateurs de l'économie nationale, ainsi des prévisions dans maints domaines économiques et sociaux et le ministère des finances dont les attributions recouvrent l'élaboration et l'exécution de la politique financière, les évaluations et prévisions en matière financière, les divergences subsistent à propos de la plupart de ces données et les tendances de l'économie qu'elles sous-tendent au point de semer la confusion fans l'appréhension de la situation de l'économie nationale et de ses évolutions. A l'origine de ces divergences se trouvent incontestablement les considérations qui président à l'utilisation, à la destination et à l'interprétation de ces données, déterminées par des facteurs d'ordre politique, et non pas, comme on pourrait le croire, par des différences de méthodes adoptées et d'outils mis en œuvre en vue leur appréhension. Le HCP, de par ses attributions et objectifs, est tenu à la rigueur scientifique et à l'objectivité dans la production des statistiques nationales et de l'information économique. Le ministère des finances n'en est pas moins tenu à ces obligations, mais, sous la contrainte politique à laquelle il est soumis, toutes sortes d'évaluations auxquelles il procède se trouvent écartées de la voie de la rigueur, en particulier lorsque celle-ci contrarie ses objectifs. Dans le cadre de l'élaboration du projet de loi de finances 2015, le ministère des finances prend en considération un certain nombre d'indicateurs et de données concernant aussi bien la conjoncture nationale qu'internationale dans lesquels évolue l'économie du pays. Il établit des prévisions et fixe des objectifs en termes de croissance, de recettes et dépenses et de déficit budgétaire. Traduisant un engagement du gouvernement au niveau des réalisations, le projet de loi de finances annonce les mesures que celui-ci compte mettre en œuvre dans le cadre de sa politique économique et sociale. Pour faire face aux lourdes contraintes financières et aux nombreux déficits sectoriels, il est tenu de concevoir et mettre en œuvre une politique économique et sociale performante, recherchant une croissance suffisante pour réduire ces déficits, l'optimisation et la mobilisation des ressources par la bonne gouvernance, la création de gisements de richesses par la promotion de l'entreprise, la mise en place en faveur de celle-ci d'une fiscalité qui ne pénalise pas sa compétitivité, son profit, les investissements et l'emploi qu'elle est susceptible de créer, une politique favorisant l'épargne et visant la promotion des secteurs sociaux... Tous ces objectifs font l'objet d'énonciations dans les documents accompagnant le projet de loi de finances, mais demeurent de simples déclarations d'intention eu égard à l'absence de mesures et de dispositions pertinentes les réaliser. Ils sont avancés comme des résultats à venir, hypothétiques car portés par des indicateurs et des prévisions économiques qui ne sont pas conformes aux réalités économiques. Se basant en réalité sur des indicateurs et des interprétations des tendances de l'économie surévalués par rapport aux observations du HCP, le projet de loi de finances est annoncé de manière à nourrir et entretenir un optimisme qui ne peut occulter ni les impacts négatifs que ne manqueront pas d'avoir sur les ménages et l'entreprise la plupart des mesures qui y sont prévues, ni les insuffisances et l'inefficacité des certaines autres qui y figurent. La surévaluation des indicateurs économiques et la présentation optimiste à l'excès des tendances de l'économie sont destinées à procurer à l'action politique sous-tendue par ces évaluations une efficacité et une performance déclarées dont elle ne dispose pas pour réduire les déficits et les insuffisances induits par les performances modestes ou médiocres de l'économie. La pratique consistant à manipuler indicateurs de l'économie à des fins politiques transfère les déficits financiers de l'Etat qu'elle minimise ou occulte sur les ménages et l'entreprise qui les supportent et les financent au prix de l'érosion de leurs revenus et profits. Les mesures envisagées dans le projet de loi de finances sont présentées comme bénéfiques et profitables pour les agents économiques. Selon les documents du projet de loi de finances 2015, le scénario de croissance économique projeté en 2015, prend en considération les éléments du contexte national et international, les transformations structurelles et les tendances de l'économie nationale observées au cours de ces dernières années ainsi que les orientations avancées dans la déclaration du Gouvernement. Sur cette base, le PIB devrait progresser, aux prix constants, de 4,4% après 3,5% en 2014, soit un taux proche du potentiel de croissance de l'économie nationale. Cette croissance serait tirée par la hausse, en volume, de la valeur ajoutée agricole de 3,9% après une baisse de 1,4% en 2014 et par la progression soutenue du PIB non agricole qui devrait croître de 4,4% après 4,2% en 2014. Rendant comptes des résultats économiques au terme du 3e trimestres 2014, le HCP affirme que, globalement, sous l'hypothèse d'une baisse de 2,4% de la valeur ajoutée agricole et d'une hausse de 3,5% des activités hors agriculture, la croissance économique nationale devrait légèrement s'accélérer, au quatrième trimestre 2014, pour se situer à 2,8%, en glissement annuel. Pour l'ensemble de l'année 2014, la croissance serait de l'ordre de 2,4%, en comparaison avec l'année passée. Cette estimation rejoindrait pratiquement les prévisions de croissance économique pour la même année, annoncées au mois de juin 2013 par le HCP dans le cadre de son budget économique exploratoire et confirmée en janvier et juin 2014 dans les budgets économiques prévisionnel et exploratoire.