Le compte à rebours pour la finalisation de la Loi de Finances 2011 est lancé. Les différents départements publics devant jouer un rôle dans cette mise en œuvre ont d'ores et déjà rendu leur copie. Ainsi, en cette semaine, le Haut commissariat au plan a rendu public son budget économique exploratoire de 2011. Un document qui ne manquera certainement pas d'inspirer Salaheddine Mezouar et ses équipes pour finaliser leur projet de Budget 2011. Première conclusion, «l'économie nationale bénéficierait en 2011 de la poursuite du dynamisme des activités intérieures, notamment sous l'effet des programmes économiques et stratégies de développement sectorielles», lance-t-on d'emblée au HCP. En outre, le département d'Ahmed Lahlimi table sur la consolidation courant 2011 de la demande mondiale adressée au Maroc ainsi que la reprise des investissements directs étrangers. En effet, les incertitudes qui entourent aujourd'hui la solidité de la reprise économique mondiale poussent le HCP à la prudence en matière des échanges commerciaux du Maroc avec ses partenaires étrangers. Dans ce sens, la demande mondiale adressée au Maroc devrait consolider sa relance à 5,8% en 2011 après avoir atteint 6,2% en 2010. Ce ralentissement de la reprise serait dû aux difficultés d'endettement que connaissent certains pays de la zone euro. Dans cette situation, les exportations du Maroc pourraient être limitées en 2011. Pas de quoi ravir Salaheddine Mezouar qui devra ainsi composer, dans le cadre de l'élaboration de son projet de Loi de Finances, avec une réduction de la capacité financière du pays pour la couverture des besoins d'importation, prévue de plus en plus rigide à la baisse par le HCP. Dans le même contexte, «les transferts des MRE sont également supposés progresser d'environ 10% en 2011 et les recettes du tourisme international d'environ 12%», prévoit-on dans le document du HCP. En revanche, après une augmentation des IDE estimée à 13% pour l'année en cours, ceux-ci devraient limiter leur progression à 7% en 2011. À noter que plus globalement 2011 devrait être synonyme d'une reprise des flux des IDE vers les pays émergents et ce en marge de la stabilisation du marché financier international. Sur le plan national, l'institut des prévisions et des statistiques table sur une campagne agricole légèrement moins bonne que celle de 2009-2010. Ainsi, la prochaine récolte devrait se limiter à 70 millions de quintaux, conjuguée à la consolidation des performances des autres cultures et de l'élevage. Le HCP souligne par ailleurs que les retombées des mesures du plan Maroc Vert ne manqueraient pas de contribuer à la performance des filières agricoles. En outre, «la relance de l'activité de la pêche maritime serait poursuivie en 2010, favorisée par le lancement du plan d'aménagement des petits pélagiques», ajoute la même source. Tenant compte de ces éléments, le HCP prévoit pour 2011 une légère amélioration de la croissance du PIB, celle-ci devant atteindre, selon les projections, 4,3% contre 4% pour l'année en cours. L'équipe de Lahlimi justifie cet optimisme par la reprise attendue des activités non agricoles dont la croissance est évaluée à 5,3%. «Après un retour progressif à sa tendance d'évolution des années antérieures, la valeur ajoutée des secteurs non agricoles s'accroîtrait à un rythme soutenu», rajoute la note du HCP. En effet, cette estimation se base, entre autres, sur la consolidation de la reprise des secteurs secondaire et tertiaire. Le premier devrait en effet bénéficier des actions des politiques économiques en faveur des industries de transformation, particulièrement le pacte Emergence qui devrait s'étaler jusqu'en 2015. Pour sa part, le secteur tertiaire devrait être stimulé en 2011 par le dynamisme des secteurs des télécoms et des activités financières. Du côté du tourisme, celui-ci devrait bénéficier d'un regain de croissance en marge des différentes actions de promotion. Aussi mise-t-on énormément sur la nouvelle stratégie à mettre en place par le ministère pour insuffler une dynamique sectorielle. Le HCP vient donc d'anticiper sur l'élaboration de la loi de finances en publiant ses principales prévisions. Reste maintenant à savoir comment Mezouar les intégrera dans son «casse-tête».