Véritables déluge de couleurs qui s'enchevêtrent dans des diptyques et des triptyques, les œuvres de l'artiste peintre Mounia Nejm-Eddine Boutaleb (née à Casablanca en 1971) se veulent un acte pictural éclatant qui se présente comme la trace organique d'une action festive effectuée spontanément. Les éléments formels s'entrelacent de manière homogène et subtile dans la totalité de l'œuvre, sans privilégier aucun centre d'intérêt ni aucune zone de repos. A l'instar des partitions musicales orchestrées par l'arbre de vie, la composition « All over » met en évidence des parties plus suggérées avec des entrelacs plus complexes constituées par des passages successifs. Une multitude de lignes et des formes formant une mosaïque visuelle qui évoque, par la texture transparente et limpidité chromatique dominante, la disposition structurée des unités vivantes. Cette évocation n'est pas immédiate mais l'aspect focal incite cette suggestion ; la rhétorique des graphismes prend ici un pouvoir allusif et semble connoter un champ iconographique où la lumière au sens spirituel du terme percerait à travers un dense espace : « je peins les couleurs de mon âme...avec mon tempérament, mes émois et ma passion... c'est une source d'inspiration continue.», affirme l'artiste. La spatialité biomorphique crée des liaisons entre les tracés épais et ceux plus subtils. Elle renvoie à la période où Mounia Nejm-Eddine Boutaleb était fascinée par les paysages abstraits mais sa peinture onirique refuse toute représentation figurative, et laisse aux codes plastiques le soin d'exprimer cette fougue (elle a un tableau qui s'intitule « fougue et passion »), ce qui dynamise davantage u concert silencieux de lumière sur les traces d'un univers insolite et atemporel. Les formes stylisées empruntées à la faune ou à la flore rappellent en écho les lumières intérieures de la ligne de force et trouvent ses équivalences dans un pointillisme à la fois expressif et bien élaboré.il s'agit d'un langage visuel libre est autonome qui délivre un message humaniste et optimiste voué à la diversité et à la pluralité. Le vocabulaire plastique de cette artiste rêveuse est radieux. Il illustre si bien une perpétuelle mutation voire une quête constante de perfectionnement, tout en reposant sur une technique mixte bien aboutie, ce qui consacre les valeurs esthétiques de la colorimétrie au détriment de toute symétrie au sens canonique du terme. Dans la composition de cette artiste peintre, les éléments métaphoriques (bonheur et émotion, sérénité, sombres pensées, espoir, envie d'ailleurs, sortilège, rage et désespoir, identités plurielles, nuit agitée, nébuleuses relations, amour intense, désir, langueur d'un soir, la valise à quatre temps, aube et crépuscule, rencontre estivale, rencontre furtive, spleen, amour et trahison, amitié sincère, passion et optimisme, facette de la vie, avenir radieux, séparations, amour fugace, lueur d'espoir, etc.) ne sont pas immédiatement identifiables, mais se révèlent après un balayage de l'image sous la forme d'un rêve ou d'une rêverie. Le thème de la contemplation cosmique est donc connoté par les quatre éléments naturels qui composent la toile selon les procédés systématiques de l'orphisme. Les droites verticales et horizontales, les éléments abstraits composés de traces et les motifs stylisés adoucissent la composition et connotent à la fois les influences de l'art organique, de l'art japonais et de l'art islamique. Plasticienne au talent confirmé, Mounia Nejm-Eddine Boutaleb est soucieuse d'atteindre la tridimensionnalité optique, en dépassant la profondeur classique par la répétition systématique des éléments biomorphiques sur toutes les surfaces. Les stylisations se prolongent sur la toile avec un réseau de lignes fuyantes et semblent participer à l'animation plastique de surface « ad infinitun » via des couleurs éclatantes et bien structurées. Le tout reflète au plus près l'état d'esprit de cette artiste hypersensible qui a su investir un champ abondant d'états d'être sous le signe « Energie... tranches de vie » : un hymne symbolique à la beauté latente et une reconnaissance à la vie au sens illuminé du terme. Il est à rappeler que Mounia Nejm-Eddine Boutaleb prendra part à une grande exposition collective organisée sous le signe « les mains qui voient» du 12 au 26 décembre 2014 au Forum de la Culture à Casablanca (ex. Cathédrale Sacré Cœur). Formant une plate-forme promotionnelle présentant tout ce qu'il y a de plus récent dans le domaine des arts plastiques (peinture, sculpture et photographie), ce rendez vous fournit l'occasion propice pour faire connaître les productions artistiques et répond au souci de s ́ouvrir sur toutes les expériences d ́ici et d ́ailleurs.