Le ministre de l'Intérieur, Mohamed Hassad a annoncé, mardi, l'adoption d'une décision conjointe avec le ministre de l'Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de la formation des cadres, sous forme de circulaire, autorisant les autorités locales à accéder aux universités et aux cités universitaires en cas de menace à la sécurité ou à l'ordre public afin de protéger les vies, les personnes et les biens. Répondant à une question orale à la Chambre des conseillers sur "la violence dans les universités", M. Hassad a souligné que bien que cette décision accorde le droit d'intervention aux autorités locales, celles-ci sont tenues d'œuvrer en coordination et concertation avec les responsables des universités et des cités universitaires "pour instaurer une enceinte universitaire de tolérance et de quête de la connaissance, loin de tout ce qui peut entraver le cours normal des établissements universitaires". Cette circulaire demande également aux présidents des universités et les directeurs des cités universitaires de veiller à l'application rigoureuse des règlements internes relatifs à l'accès aux universités et aux cités et à l'organisation des activités parallèles qui doivent respecter "autrui'' ainsi que l'enceinte universitaire. Il a noté, à cet égard, l'interaction positive et la grande satisfaction dans les rangs des professeurs, des doyens des facultés et des présidents des universités suite à cette décision susceptible de garantir sécurité et quiétude à l'enceinte universitaire. M. Hassad a présenté, à cette occasion, des données sur des incidents de violence dans certaines universités depuis le début de l'année universitaire, relevant que les problèmes de sécurité touchent seulement 5 villes, à savoir Agadir, Marrakech, Fès, Kenitra et Martil et à un moindre degré Taza et Settat. Le ministre a souligné que les cours dans les universités et les instituts supérieurs d'autres villes du Royaume se poursuivent normalement, relevant que les problèmes de sécurité au niveau des universités précitées "se rattachent non pas à l'ensemble des étudiants, mais à certaines fractions extrémistes". Il a, dans ce cadre, assuré que la ville d'Agadir a connu depuis le début de l'année universitaire plus de 20 cas de violence enregistrés au niveau des universités, qui ont fait 10 blessés parmi les agents de la force publique, outre l'interpellation de 57 étudiants dont 11 ont été détenus dans l'attente de leur procès. Pour ce qui est de la ville de Marrakech, cinq cas de violence ont été enregistrés, ayant fait 3 blessés parmi les forces de l'ordre et engendré l'interpellation de 8 étudiants, a précisé le ministre, notant qu'un étudiant a été grièvement blessé dans les incidents de vendredi dernier et l'auteur présumé de cette agression a été arrêté. Le ministre a relevé qu'au niveau de la ville de Fès, quatre cas de violence ont été enregistrés et trois éléments des forces publiques blessés, en plus d'autres incidents de violence survenus le 24 avril dernier et qui ont causé la mort de l'étudiant Al Hassnaoui, précisant que plus de 50 étudiants ont été interpellés dont 20 sont toujours en détention parmi eux 8 étudiants qui sont en train d'être jugés pour leur présumée implication dans cette mort. Selon le ministre, un seul cas de violence a été enregistré à Martil, au cours duquel la route principale menant à cette ville a été coupée et les forces publiques ont essuyé des jets de pierres, soulignant que neuf étudiants ont été déférés devant la justice. Il a rappelé qu'immédiatement après l'assassinat de l'étudiant El Hassnaoui à l'université de Fès, SM le Roi Mohammed VI a ordonné que des mesures soient prises pour que de tels incidents ne se reproduisent plus, affirmant que conformément à ces instructions royales, des réunions ont été tenues avec le ministre de l'Enseignement supérieur ayant abouti sur la nécessité de la conjugaison des efforts entre les autorités locales et sécuritaires et les responsables universitaires pour des interventions efficaces et au temps opportun. Il a ajouté que la rigueur sera le mot d'ordre face aux actes de violence au sein des universités et cités universitaires, faisant remarquer que les factions étudiantes à l'origine des violences dans l'enceinte universitaire seront traitées avec fermeté. Pour leur part, les groupes parlementaires haraki, istiqlalien, du Rassemblement national des indépendants, de l'Authenticité et modernité et de l'Alliance socialiste ont été unanimes à dénoncer la recrudescence de la violence dans le milieu universitaire, condamnant le tragique incident qui a fait un mort à l'université de Fès. Ils ont mis en exergue le rôle de l'université qui est un espace d'apprentissage, de formation et de dialogue dans le respect de la différence et dans un climat de démocratie, souhaitant que les mesures prises par les ministères de l'Intérieur et de l'Enseignement supérieur puissent renforcer la sécurité au sein des établissements universitaires.