"Le volume surexploité des ressources en eaux souterraines atteint aujourd'hui 1 milliard de m3 par an, entrainant la baisse quasi-généralisée des niveaux piézométriques au niveau des principales nappes du pays et la réduction des débits, voire l'assèchement des sources". Ces propos alarmants ne sont pas d'un activiste écologiste qui pourrait être tenté par l'exagération, mais de la ministre déléguée marocaine chargée de l'eau, Charafat Afilal qui intervenait à l'ouverture de l'atelier national sur la gestion des eaux souterraines. C'est donc officiel et vérifiable. Notre pays qui exploite à outrance ses ressources en eau, s'expose de ce fait à des lendemains peu rassurants si notre politique en la matière n'est pas reconsidérée à temps. D'autant que ces ressources sont confrontées depuis plusieurs décennies à la surexploitation et la dégradation de leur qualité. D'après les estimations, le potentiel naturel renouvelable de nos ressources en eau souterraines est estimé à un peu plus de 4 milliards de m3 par an. Des ressources qui,comme l'a expliqué la ministre, jouent un rôle déterminant dans le développement économique et social du pays, et assurent ainsi la quasi-totalité des besoins en eau des populations rurales, en irriguant près de 40 pc de la superficie totale irriguée. A noter la subsistance de faiblesses, malgré les progrès significatifs réalisés en matière de gouvernance depuis 1995, suite à la promulgation de la loi 10-95 sur l'eau. Il s'agit particulièrement du développement des pompages au-delà des niveaux arrêtés dans les documents de planification, le système de suivi qui ne permet pas de donner des informations fiables sur les prélèvements d'eau, ainsi que la faible responsabilisation des usagers. Charafat Afilal a assuré que la nouvelle stratégie nationale de l'eau a accordé un intérêt particulier à la gestion et la préservation de ces ressources stratégiques. Mais elle a toutefois noté que "la seule issue réside dans la mise en place d'un nouveau mode de gouvernance". On y est justement, la gouvernance. C'est là dessus que doit porter l'effort en vue de maitriser la situation en privilégiant, comme l'a dailleurs préconisé la ministre, la participation, l'implication et la responsabilisation des différends acteurs concernés, dans un cadre contractuel négocié qui devrait viser le rétablissement d'un équilibre durable des eaux souterraines. Qui plus est, ces dernières représentent des enjeux socio-économiques majeurs pour l'eau potable, les activités industrielles et touristiques et sont primordiales pour le développement agricole de nombreuses régions du Maroc. Leur gouvernance est un défi majeur que beaucoup de régions doivent l'améliorer au regard de leurs responsabilités vis à vis notamment de la sécurité alimentaire et la réduction de la pauvreté. L'atelier en question, organisé à l'occasion de la journée mondiale de l'Eau, célébrée le 22 mars de chaque année, avait pour objectif de partager le diagnostic de la situation actuelle et de déboucher sur des propositions concrètes visant à atteindre une gestion durable des ressources en eau souterraines au Maroc.