52,6% des Marocaines de plus de 15 ans, soit "en âge d'activité"ne savent ni lire ni écrire. Des chiffres des plus officiels puisqu'ils émanent une étude du Haut commissariat au plan (HCP). Selon le HCP, à fin 2012, 12,3 millions de femmes sont "en âge d'activité (15 ans et plus)", soit une progression de 25,7% par rapport à 2000, parmi lesquelles plus d'une sur deux sont analphabètes. C'est du moins ce qui ressort d'une étude rendue publique, hier mercredi, par le HCP et intitulée "Femmes marocaines et marché du travail: caractéristiques et évolution". Bien sûr la femme rurale est plus touchée que sa soeur citadine par cette tare. Près des trois quart des femmes de la campagne marocaines demeurent analphabètes. 71,8% contre environ quatre sur dix en milieu urbain. Pour ce qui est du marché du travail, près d'une femme sur deux (47,6%) ne dispose d'aucun niveau de qualification, et moins d'une sur quatre (24,7%) est active, relève encore le HCP, qui évoque la "faible participation" de cette frange de la population à l'activité économique. Un grand nombre de femmes en milieu rural ont par ailleurs accédé au marché du travail "à un âge inférieur à 15 ans", "une réalité qui a sans nul doute un impact négatif sur la scolarisation", poursuit l'étude, selon laquelle plus de la moitié des femmes actives, 59,5%, "exercent dans des exploitations agricoles". En milieu rural, l'implication des jeunes filles de moins de 25 ans dans les activités agricoles fait que leur part dans l'emploi féminin atteigne près de 20 %, alors qu'en milieu urbain, où les efforts de scolarisation des filles sont relativement plus importants, cette proportion n'est que de 10,3 %", précise le HCP. La structure des actives occupées selon l'état matrimonial, montre que plus de la moitié des femmes (57,7 %) sont mariées, 30,7 % sont célibataires et 11,7 % sont soit veuves soit divorcées. Plus de sept femmes en emploi sur dix n'ont aucun diplôme, fait savoir cette synthèse, révélant que cette proportion atteint 92,7% dans les zones rurales, contre 38,2 pc en zones urbaines. Ces résultats sont la conséquence de la spécificité du monde rural qui favorise l'intégration des femmes et des jeunes filles aux activités agricoles du ménage, explique la même source. Des régions moins mal loties que d'autres En 2012, 73,5 %des femmes ont déclaré avoir accédé au marché du travail à un âge inférieur à 15 ans, contre seulement 11,8 % parmi les femmes citadines, "une réalité, qui a, sans nul doute, un impact négatif sur la scolarisation des enfants en milieu rural, notamment celle des petites filles", déplore le document. L'analyse spatiale de l'emploi féminin révèle que les trois régions du Sud affichent ensemble le taux d'emploi féminin le plus bas avec seulement 9,3 pc, suivies par la région de Tanger-Tétouan (10,8 %) et la région de l'Oriental (11,1 %). En revanche, les régions dans lesquelles le taux d'emploi affiche les niveaux les plus élevés sont les régions de Doukkala-Abda (34,4 %), Chaouia-Ouardigha (32,4 %), Souss-Massa-Daraa (31,1), Elgharb-Chrarda-Beni-Hssan (30,8 %) et Marrakech-Tensift-Elhouaz (29,3 %). Au niveau national, le taux d'emploi masculin est 3 fois supérieur à celui des femmes et il est 6 fois plus important dans certaines régions, comme le Sud (6,9 fois), Tanger-Tétouan (6,1 fois) et l'Oriental (5,9 fois), selon le HCP. "Indépendamment de leur niveau scolaire, et comparativement à leurs homologues masculins, les femmes ont toujours plus de difficultés de trouver un poste d'emploi et plus les femmes sont instruites plus les difficultés d'insertion au marché du travail sont moins importantes", regrette la même source. Après les caractéristiques démographiques et socioculturelles de la population active féminine, cette étude détaille les caractéristiques socioprofessionnelles de la main d'œuvre féminine et la qualité de l'emploi qui lui est offert, ainsi que le niveau de sa sous-utilisation et de son chômage. Cette étude présente également un rappel des concepts, définitions et méthodes utilisées par le Haut-commissariat au plan dans les enquêtes sur l'emploi au Maroc, dans leur stricte conformité avec celles recommandées par les pratiques internationales dans ce domaine.