Il doit exister un lien de cause à effet entre la gravité d'une crise socioéconomique dans un pays et le degré de respect des lois dans ce pays. La crise semble avoir eu un effet dévastateur sur la capacité des autorités françaises et espagnoles à tenir compte des engagements internationaux de leurs Etats. Après les policiers français qui ont débarqué, le jeudi 20 février, à l'ambassade du Maroc à Paris, à la recherche du patron des services de contre-espionnage marocain, pêchant par excès de zèle et court-circuitant les canaux judiciaires conventionnels déterminés entre les deux pays amis. C'est au tour des policiers espagnols, deux jours plus tard, de pêcher par laxiste passivité. 16 jeunes individus, qui seraient originaires des provinces du sud du Royaume, ont tenté, samedi 22 février, d'escalader le mur d'enceinte de l'ambassade du Maroc à Madrid, afin d'accéder aux locaux de la représentation diplomatique marocaine en Espagne et d'y accoler une banderole, d'après une information diffusée par le site d'information «andaluspress.com». Les services de sécurité de la représentation ont été vigilants et ont paré efficacement à l'invasion des agents subversifs polisariens. Pendant ce temps, les agents de la police espagnole regardaient faire sans bouger le petit doigt ! Les motifs invoqués par la police du voisin ibérique pour justifier son inaction sont, franchement, une insulte à l'intelligence. La manifestation serait «spontanée» ! En conséquence de quoi, empêcher 16 intrus d'essayer de pénétrer dans l'enceinte de la représentation diplomatique du Royaume du Maroc aurait été une «entrave à la liberté d'expression» ! Mais ce n'est pas tout. La police espagnole a avancé un autre argument, tout aussi «massif» que le premier. A moins de vingt envahisseurs, les agents de la police espagnole ne seraient pas autorisés à intervenir. Avis à tous les intéressés: à 19 assaillants, limite du seuil qui serait tolérable par la législation espagnole, toutes les ambassades à Madrid leurs sont accessibles à l'offensive. Compte non tenu, cependant, de la possibilité de se retrouver face à des agents de sécurité qui font vraiment leur travail pour mériter leurs salaires. On aurait beau lire, dans tous les sens, les Convention de Vienne sur les relations diplomatiques de 1961 et celle sur les relations consulaires de 1963, pas un article ne fait mention d'un nombre minimum d'individus voulant pénétrer par effraction dans l'enceinte d'une représentation diplomatique pour que les autorités du pays accréditaire se sentent enfin dans l'obligation de faire respecter l'inviolabilité d'une mission diplomatique. Le deuxième paragraphe du 22ème article de la Convention de Vienne de 1961 est pourtant clair comme de l'eau de roche: «L'État accréditaire a l'obligation spéciale de prendre toutes mesures appropriées afin d'empêcher que les locaux de la mission ne soient envahis ou endommagés, la paix de la mission troublée ou sa dignité amoindrie». Le troisième paragraphe de l'article 31 de la Convention de Vienne de 1963 n'en dit pas moins: «L'Etat de résidence a l'obligation spéciale de prendre toutes mesures appropriées pour empêcher que les locaux consulaires ne soient envahis ou endommagés et pour empêcher que la paix du poste consulaire ne soit troublée ou sa dignité amoindrie». Tout aussi évident est le principe de la primauté des dispositions du Droit international sur les lois nationales. Personne n'irait faire croire aux Marocains que les services de police espagnols ignorent la loi où ne savent pas l'interpréter. Qu'est-ce qui pourrait bien expliquer que les autorités espagnoles en arrivent à accepter de se comporter comme celles de l'Iran khomeyniste ? C'est, en effet, dans les annales de l'Histoire des relations internationales, le seul Etat dont les autorités ont fermé les yeux, en 1979, sur l'attaque de l'ambassade des Etats-Unis par un groupe de violents illuminés, qui ont pris des diplomates en otage. Pour parvenir à se faire une idée sur les tenants et aboutissants de toutes ces provocations grossières à l'égard du Maroc, qui se sont succédées à un rythme cadencé ces derniers jours, il est indispensable de rassembler toutes les pièces du puzzle avant de les emboîter. Pendant que les miliciens du Polisario tapaient sur les habitants révoltés des camps de la honte de Lahmada, en Algérie, pour les faire taire, et que les amazighs mozabites et les arabes chaâmbas s'entretuaient, à Ghardaïa, sur fond d'antagonismes ethnico- religieux, les dirigeants algériens, occupés à se battre entre eux pour le pouvoir et sa manne, dans la perspective des prochaines élections présidentielles, se sont sentis indisposés par les remontrances des organisations internationales de Droits de l'homme, qui leur reprochent d'être le seul pays de la région à ne pas avoir signé le Protocole facultatif à la Convention des Nations Unies contre la torture. Et de ne pas leur permettre d'enquêter sur le territoire du pays voisin de l'est. Après la grosse déception causée aux dirigeants algériens par le récent retrait de la reconnaissance de la fantomatique RASD par le Panama, la vraie gifle est venue, cependant, de Bamako. Et il semblerait que les répercussions géopolitiques régionales du rapprochement maroco-malien, initié par SM le Roi Mohammed VI et le président M. Ibrahim Boubacar Keïta, aient eu un impact non seulement à l'est du Oued Isly, ce qui était tout à fait prévisible, mais également sur l'autre rive de la Méditerranée. Le marché, devenu très prometteur, des pays d'Afrique subsaharienne, fait désormais littéralement baver, même ceux qui n'y croyaient pas du tout quand les entreprises-fourmis marocaines s'y activaient. On y est, on y reste ! Pour Alger, c'est la fin consumée d'une ambition de leadership régional, qui se traduit même par un isolement régional, certes relatif, mais progressif. A l'ouest de l'Algérie, le Maroc, l'adversaire géostratégique majeur à l'échelle maghrébine, qui ne cesse de marquer des points ces derniers temps. A l'est, une nouvelle Libye, qui n'en a pas moins oublié le soutien accordé dans le passé par Alger au dictateur fou de Tripoli, dans le but de réprimer ses propres citoyens insurgés. Au sud, un nouveau Mali également, celui né de la crise provoquée par la fracture nord-sud, réduite par l'opération Serval, mais pas encore vraiment guérie. Or, au moment où on comptait, à Bamako, sur l'Algérie pour sévir au nord du pays contre les bandes de terroristes jihadistes, dont l'encadrement provient précisément de chez elle, ainsi que pour déployer ses bons offices afin de réconcilier les Maliens entre eux, Al Mouradia était aux abonnés absents. Non membre de ce «machin» jusqu'à présent stérile qu'est l'Union Africaine (UA), le Maroc est très présent sur le plan économique, en particulier en Afrique occidentale et centrale, suivant une politique de renforcement des relations bilatérales avec les pays de ces régions. Des liens mutuellement bénéfiques car estampillés du seau du pragmatisme. Et quand nombre de pays du monde considéraient ceux d'Afrique subsaharienne avec condescendance, un continent au passé ravagé et au futur estimé alors plus qu'incertain, les Marocains y ont cru et investi. Le temps que les experts internationaux commencent à se rendre compte que l'Afrique est le continent d'avenir par excellence, avec l'émergence en cours d'une classe moyenne quantitativement importante et financièrement solvable, les entreprises marocaines y avaient déjà pignon sur rue. Ne traînant pas les casseroles d'un passé colonial ou d'une DRS manipulatrice, le Maroc est le seul pays du continent à avoir su donner à la coopération Sud-Sud un contenu concret. Conscient de ses atouts mais également de ses limites, le Royaume s'est positionné en voie d'accès vers le continent noir, en promouvant la coopération tripartite auprès de ses partenaires occidentaux. Tout le monde a le droit de vivre... Sauf que plus les Marocains cherchent à bien faire en Afrique subsaharienne, en impliquant tous leurs partenaires, plus ils suscitent des jalousies chez certains et quelques inquiétudes chez d'autres. Tant que le dossier du Sahara n'est pas définitivement clos, chaque envieux désirant saboter le Maroc sait sur quelle plaie ouverte appuyer. Pour les dirigeants polisariens, cette situation est on ne peut plus avantageuse, puisque la malveillance envers le Maroc est leur fond de commerce. Et aussi longtemps qu'il existe une «demande» en ce sens, ainsi que des volontés inavouées de garder éternellement le fer séparatiste au feu, la continuité des affaires de la bande de parasites polisariens est assurée. Au mois d'avril prochain, le Secrétaire général des Nations Unies devrait présenter son rapport sur le Sahara devant le Conseil de sécurité des Nations Unies. Depuis la signature du cessez-le-feu, en 1991, ce rendez-vous onusien est attendu avec appréhension par les deux parties en conflit. Les Marocains craignent les mauvaises surprises, du genre proposition d'«élargissement» du mandat de la MINURSO, qui serait une atteinte à la souveraineté de leur pays. En souhaitant, à chaque fois, qu'un point final soit enfin donné à cette mascarade qui n'a que trop duré et coûté. Les Algériens craignent, à l'inverse, que la fin de la partie soit sifflée, une catastrophe si l'on tient compte non seulement des fonds investis à perte pendant des décennies, mais aussi et surtout l'humiliation devant un peuple à qui l'on a trop longtemps mensongèrement présenté le Maroc comme l'ennemi. Etrangement, pendant que les 16 petits voyous polisariens cherchaient à violer l'enceinte de la mission diplomatique marocaine à Madrid, le jour même, les pseudo révolutionnaires du 20 février vivant en France s'étaient également donnés rendez-vous devant celle de Paris ! Et bien avant le terroriste polisarien égorgeur d'agents des forces de l'ordre et sa plainte contre le directeur de la DGST pour faits de torture, il y a eu cet étrange tract appelant à la révolution au Maroc tout en augurant sa partition, conformément à la veille rhétorique algéro-polisarienne. Certains font le sale boulot. D'autres les regardent faire non sans satisfaction. Mais aucun ne parviendra jamais à ébranler la volonté du peuple marocain d'aller de l'avant en développant l'ensemble de son territoire. Les provinces du sud constituent la voie d'accès vers l'Afrique subsaharienne, autant que celles du nord offrent une ouverture sur l'Europe et le Monde méditerranéen. Et les Marocains cultivent la ferme détermination de donner une réelle consistance au propos de feu Hassan II/ «Le Maroc est un arbre dont les racines sont ancrées en Afrique, mais dont les branches s'étendent en Europe».