L'affaire des huit Subsahariens abandonnés par la garde civile espagnole sera-elle suivie par des enquête des ONG des droits de l'Homme marocaines et internationales ? A deux reprises et en une semaine, les sécuritaires espagnols récidivent avec de nouveaux actes de racisme au point de passage de Melilia contre des ressortissants marocains. L es bavures commises par la garde civile espagnole créent une tension importante entre Rabat et Madrid. Agressions, violences, passages à tabac de ressortissants marocains au point de passage de Melilla et abandon d'immigrés clandestins subsahariens en pleine Méditerranée, sont désormais des actes récurrents pour les éléments de ce corps de l'élite sécuritaire en Espagne. Vendredi, une patrouille de la garde civile espagnole a abandonné au large des côtes marocaines au niveau de la commune rurale de Ben Younech huit immigrés issus de pays d'Afrique subsaharienne dans un état de santé jugé critique. Il s'agit de quatre Camerounais, un Sénégalais, un Tchadien, un Ghanéen et un Gabonais. C'est à croire qu'en ces temps de crise, secourir des clandestins risquerait de plomber les finances de la garde civile. Face à ce comportement «aberrant» et «inhumain», selon les termes utilisés par le ministère des Affaires étrangères marocain, les autorités de la province de M'Diq-Fnideq sont intervenues pour sauver et évacuer ces immigrés vers l'hôpital provincial afin de leur prodiguer les soins médicaux d'urgence et les prendre en charge. Ce comportement tranche complètement avec les opérations de secours de pateras de Subsahariens ou de Marocains, en 2006 et 2007, largement médiatisées en Méditerranée ou aux Iles Canaries. A l'époque de Zapatero, Madrid avait fait de l'immigration un leitmotiv pour soutirer le maximum d'aides de l'Union européenne. L'Espagne a réussi à engager tout le vieux Continent dans sa guerre contre l'immigration illégale. Une manœuvre réussie, puisque le budget de l'UE 2007-2013 consacre 800 millions d'euros d'aides à l'Espagne pour lutter contre son nouvel ennemi. En revanche, la partie marocaine n'a eu que quelques dizaines de millions d'euros. L'abandon des huit Subsahariens le vendredi, est-il un signal adressé à Bruxelles par les Espagnols voulant signifier qu'il n'y a «plus d'argent dans les caisses pour sauver l'Europe de la déferlante des Subsahriens et des Marocains» et du coup qu'il « est temps de renflouer les caisses» ? Ce geste d'abandon des huit Subsahariens par la garde civile espagnole sera-il suivi par des enquête des ONG des droits de l'Homme marocaines et internationales ? Beaucoup l'espèrent. A côté de l'abandon des huit Subsahariens, des actes de racisme de la part de sécuritaires espagnols se produisent au point de passage de Melilla dans la nuit du 4 au 5 août et le samedi matin contre des ressortissants marocains. «Le gouvernement de SM le Roi dénonce avec force la poursuite de faits violents en série par la police de la ville occupée de Melilia», souligne un communiqué du département de Fassi Fihri. Il faut dire que depuis le 16 juillet, date de l'agression des cinq MRE par des éléments de la police espagnole parce qu'ils avaient un drapeau dans leur voiture, le ministère des Affaires étrangères a multiplié les communiqués «dénonçant» et «condamnant» les comportements racistes des sécuritaires espagnols. C'est tout. Parallèlement aux sorties médiatiques des diplomates marocains, deux sit-in ont été organisés à Rabat et à Nador. Le premier devant l'Ambassade espagnole dans la capitale et le second devant le consulat de Madrid. Quant à nos partis politiques, ils continuent toujours à briller par leur silence…