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Huit objectifs et autant de défis
Séminaire national sur le projet de rapport national 2012 portant sur les Objectifs du Millénaire pour le Développement
Publié dans L'opinion le 18 - 09 - 2013

C'est dans une salle archicomble que s'est tenu à Casablanca la semaine dernière le Séminaire national sur le projet de rapport national 2012 concernant les objectifs du millénaire pour le développement, sous le thème « Développement humain : leadership d'un Roi, volonté d'un peuple ».
Organisé par le Haut Commissariat au Plan, le séminaire se voulait l'occasion de recueillir les contributions des participants par leurs évaluations des politiques publiques dans ce domaine, de leurs performances et des ajustements qu'elles requièrent.
Se prononçant en ouverture du séminaire, le Haut Commissaire au Plan, M. Ahmed Lahlimi Alami, a donné un aperçu sur la société marocaine du 3ème millénaire, ses réalisations, ses besoins et les lacunes à combler pour l'essor socio-économique du pays. Il a énuméré les secteurs fragiles qui ralentissent le développement du pays et qui contrarient le bien être du citoyen marocain, à savoir la bonne gestion des ressources naturelles, la lutte contre l'inégalité des classes sociales, l'enseignement et la santé. Des axes qui ont amené à l'élaboration d'objectifs ayant connu une large participation des représentants du monde politique, économique, académique, de la société civile et des institutions régionales et internationales.
Objectif 1 : Réduction de l'extrême pauvreté et de la faim
La pauvreté et l'inégalité sont analysées à l'échelle régionale par les OMD afin de différencier la variation, entre 1990 et 2011, de la pauvreté, relative et multidimensionnelle, et des inégalités sociales en fonction des régions. Ainsi, l'extrême pauvreté et la faim ont diminué de presque la moitié de 1990 à 2001 (le taux de pauvreté est passé de 3,5 à 2% contre 4,6% à 1,8% comme indice de la pauvreté alimentaire) pour passer à 0,3% pour la pauvreté en 2011, contre 0,5% pour la faim.
La tendance des indicateurs révèle également la réduction de presque de moitié la pauvreté absolue, relative ou multidimensionnelle entre 1990 et 2011. Ainsi, la pauvreté absolue est passée de 12,5% en 1990 à 6,7% en 2001 pour arriver à 2,5% en 2011. La pauvreté relative, elle, est passée de 21% en 1990 à 15,3% en 2001 et enfin à 6,2% en 2011. La pauvreté relative mesurée au seuil national a été réduite de plus de moitié, entre 1985 et 2011, dans l'ensemble des régions du pays. La baisse la plus forte de la pauvreté durant la période a été constatée dans les régions du Sud suivies de Sous-Massa-Draâ et de Tanger-Tétouan. Dans ces régions la pauvreté a été réduite de plus de 75%.
Dans les régions de l'Oriental, du Grand Casablanca et de Rabat-Salé Zemmour-Zaer, cette baisse a été supérieure à celle observée à l'échelle nationale (71,0%) mais inférieure dans les régions de Chaouia-Ouardigha, Tadla-Azilal, Marrakech-Tensift-Al-Haouz et Fès-Boulemane. Ces régions présentent, en 2011, un taux de pauvreté relative en dessous de 7%. Celles les moins pauvres, à savoir le Grand Casablanca, qui enregistre le plus faible taux de pauvreté en 2011 (2,2%) suivi des Régions du Sud (3,5%) et de Rabat-Salé-Zemmour-Zaer (3,9%).
La baisse la moins élevée de la pauvreté, de près de la moitié aux 2/3, a été constatée dans les régions de Meknès-Tafilalet, Taza-Al Hoceima-Taounate, Doukala-Abda et le Gharb-chrarda-Beni Hssen. Avec un taux de pauvreté relative allant de 8% à 10%, ces régions sont aujourd'hui les plus pauvres.
La pauvreté multidimensionnelle est passée, quant à elle, de 36,5 en 1990 à 23,9% en 2000 pour arriver à 12,1% en 2011 selon l'approche du Haut Commissariat au Plan.
La pauvreté multidimensionnelle (PM) demeure essentiellement dans les zones rurales. Ses effets se ressentent donc plus dans les régions les moins urbanisées comme Taza – Al Hoceima-Taounate (19,3%), Marrakech -Tensift - Al Haouz (18,9%) et de Tadla-Azilal (16,9%) selon les données communiquées par le HCP.
Le taux de la pauvreté moyenne est de l'ordre de la moyenne nationale dans les régions de Souss-Massa-Draa (10,9%), Gharb-Chrarda-Beni Hssen (10,8%), Meknès-Tafilalt (10,2%), Fès-Boulemane (10,5%), Tanger-Tétouan (10,0%), Doukkala-Abda (9,3%) et Chaouia-Ouardigha (7,7%).
Les régions les moins touchées par la pauvreté multidimensionnelle sont celles du Sud (3,5%), le Grand Casablanca (1,2%), l'Oriental (5,8%) et Rabat-Salé-Zemmour-Zaïr (4,6%).
L'incidence la plus élevée de la pauvreté multidimensionnelle est relevée aux zones rurales des régions de Marrakech-Tensift-Al Haouz (31,2%), Fès-Boulemane (28,5%), Tadla-Azilal (24,7%), Taza – Al Hoceima-Taounate (24,5%), Meknès-Tafilalt (22,0%) et Tanger-Tétouan (20,7%).
En revanche, la pauvreté multidimensionnelle a presque disparu dans les zones urbaines du Grand Casablanca (1,2%), des régions du sud (1,7%), Doukkala-Abda (1,0%), Rabat-Salé-Zemmour-Zaïr (1,9%), l'Oriental (1,9%) et Chaouia-Ouardigha (1,5%).
Inégalités sociales et régionales
Quant à l'inégalité de la consommation des ménages, si elle a connu une hausse lente entre 1991 et 2001 selon l'indice de Gini, la pauvreté subjective a connu une stagnation à près de 40% entre 2007 et 2011.
Autant de défis qui appellent à la mobilisation pour éradiquer l'extrême pauvreté et faire baisser la pauvreté monétaire et multidimensionnelle et la faim, surtout en milieu rural, et supprimer les inégalités sociales.
Plusieurs régions ont enregistré, entre 1985 et 2007, la plus grande hausse des inégalités, notamment Tanger-Tétouan où l'indice de Gini a augmenté de 24,6% entre 1985 et 2011, suivie de Doukala-Abda (15,4%), Marrakech-Tensift-Al Haouz (14,9%) et de Rabat-Salé –Zemmour Zaër (7,8%).
Les inégalités sociales n'ont été sensiblement réduites que dans les régions du sud (de 19,7% entre 1985 et 2007), de Chaouia-Ouardigha (14,9%), du Grand Casablanca (8,8%) et de Fès-Boulemane (4,3%). Les régions du sud, du Grand Casablanca et de Fès –Boulemane ont, elles aussi, réduit leur indice d'inégalité à un niveau inférieur à celui qu'elles affichaient en 1985.
Objectif 2 : Généraliser l'éducation primaire
Le taux net de scolarisation au primaire est passé de 52,4% pour les 6-11 ans en 1990-91 à 96, 6% en 2011-12. Quant au taux d'alphabétisation des jeunes de 15-24 ans il est passé de 58% à 84,6% entre 1994 et 2012.
Le décrochage au primaire n'est pas en reste. Il a connu une forte baisse entre 2002-2003 (6,2%) et 2011-2012 (3,2%) et ce grâce au solide appui social à la scolarisation réalisé par les transferts monétaires aux ménages pauvres, à travers le programme « Tayssir », dont le nombre de bénéficiaires a atteint, en 2012/2013, 873.000 élèves contre 88.000 en 2008/2009.
Objectif 3 : Promouvoir l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes
Le taux d'alphabétisation des femmes dont l'âge va de 15 à 24 ans est passé de 64,8 en 1990 à 87, 7 en 2012. Progrès timide qui a appelé à l'adoption de stratégies telles que l'élaboration d'un Plan Gouvernemental pour l'égalité (2012-2016), « IKRAM », par le ministère de la Solidarité, de la Femme, de la Famille et du Développement Social et d'une Stratégie Nationale de lutte contre les violences à l'égard des femmes et du Programme « Tamkine » (2008-2011) dans la même perspective.
Objectif 4 : Réduire la mortalité des enfants de moins de 5 ans
Le taux de mortalité des enfants est passé, dans l'ensemble, de 76%, entre 1987 et 1991 à 30,5% entre 2007 et 2011. La stratégie adoptée pour pallier ce problème est l'organisation de structures d'accouchement et le renforcement de la surveillance néonatale durant le post-partum, l'amélioration de la qualité de la prise en charge du nouveau-né, la mise en place d'un système d'information et la stratégie nationale de nutrition.
Objectif 5 : Améliorer la santé maternelle
Pour 100.000 naissances vivantes, 337 décès ont été constatés entre 1985 et 1991. Le nombre est passé à 112 décès en 2009. En milieu urbain, de 284 décès entre 1985 et 1991 le nombre est passé à 73 en 2009 tandis qu'en milieu rural le nombre de décès est passé de 362 entre 1985 et 1991 à 148 en 2009. D'où la nécessité de la dispense de soins obstétricaux et néonataux d'urgence, de l'amélioration de la qualité de prise en charge des complications obstétricales, le renforcement de la responsabilité de proximité sur la surveillance de la grossesse et de l'accouchement, l'amélioration du pilotage régional du programme et le renforcement du système de surveillance des décès maternels.
Objectif 6 : Combattre les maladies telles que le VIH/SIDA et le paludisme
Des maladies coriaces ou incurables sévissent encore au Maroc telles que le VIH/Sida (Taux de prévalence du VIH SIDA chez les femmes enceintes : 0,11% en 2012 contre 0,03% en 1994), la tuberculose (83 pour 100000 habitants contre 113 en 1990) et le paludisme-importé- (312 cas en 2012 contre 54 cas en 1992).
L'Etat s'est assigné comme objectifs de prendre en charge précocement les cas importés de l'étranger, de renforcer la sensibilisation aux voyageurs à destination des pays endémiques, de cibler les activités de dépistage, d'assurer la surveillance entomologique et la lutte anti-vectorielle au niveau des zones à risque, de renforcer la collaboration intersectorielle et la participation communautaire ainsi que les capacités du personnel impliqué dans la gestion du programme de la lutte antipaludique.
Objectif 7 : Assurer un environnement durable
Au Maroc, la dépendance énergétique de l'extérieur est 95,6% en 2011. Les investissements dans le secteur d'élèvent à 14 milliards de dirhams en 2012 contre 8,7 milliards de dirhams en 2000.
L'eau n'est pas en reste et connait une mauvaise répartition géographique, soit 7,4% de la superficie de tout le pays qui bénéficie de plus de la moitié du potentiel en eau (51%). Le pays, depuis 2006, connait une généralisation d'accès à l'eau potable en milieu urbain, avec une alimentation de 94% de la population par branchements individuels et de 6% par bornes fontaines tandis qu'en milieu rural de 14% de la population en 1994 l'accès à l'eau potable est passé à 92% en 2012.
L'habitat insalubre est lui aussi au cœur des préoccupations des OMD. Le nombre des ménages dans les bidonvilles est passé, grâce à la lutte acharnée du gouvernement, de 9,2% en 1994 à 5,4% en 2012.
La forêt, l'un des piliers de l'environnement qui représente 12,7% de la superficie du pays, perd du terrain : Près de 30.000 hectares de terres forestières disparaissent annuellement tandis que 2,5% de la faune et 23% de la flore répertoriés sont menacés d'extinction. Les superficies annuelles moyennes reboisées et régénérées sont passées de 20.000 ha en 1995 à 42.469 ha en 2011. Le pays a connu une baisse superficielle moyenne touchée par incendie de 14 ha entre 1960 et 1995 à 9 ha entre 1996 et 2006 et 4 ha actuellement.
Objectif 8 : partenariat mondial pour le développement
Les nouvelles orientations de la politique étrangère du Royaume ont donné un nouvel essor à la coopération bilatérale, notamment en matière de Formation des cadres étrangers dans les établissements publics marocains d'enseignement supérieur, à la Coopération technique et développement des compétences (formation de longue, moyenne et courte durée, formation dans les pays bénéficiaires, séminaires de formation au Maroc, stages de perfectionnement, voyages d'études, envoi d'experts, réalisation de projets conjoints).
Le Maroc s'est penché également sur la Coopération économique, financière et le renforcement des capacités. Il a développé une coopération diversifiée avec ses partenaires africains et lancé une série d'initiatives en faveur de ces pays, notamment les Pays les Moins Avancés (PMA).
Il a finalement mis l'accent sur les actions humanitaires et a multiplié dans ce sens, durant plus de 25 ans, des opérations d'urgence envers les pays d'Afrique, constituées généralement de dons de médicaments, de produits alimentaires et d'équipements.


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