De qui se moquerait-on ? Le dossier de la hausse du prix du lait a été remis à l'appréciation du Conseil de la concurrence. Cette décision a été prise par le ministre des Affaires générales et de la gouvernance, après la réunion de ce dernier avec les patrons de coopératives de lait. Une décision qui est en soi, à la fois, un aveu et un constat d'échec de M. Boulif. Le fait de renvoyer le dossier auprès du Conseil de la concurrence traduit que le ministre a échoué dans sa démarche de faire revenir les laitiers sur leur hausse. Autrement dit, il n'a pu ni les convaincre ni leur imposer un retour à l'ancienne tarification. D'abord. Ensuite, quand on pense concurrence, on pense différence et guerre des prix. Du moins pour nous autres Marocains lambda. Ce qui n'est pas le cas, du fait qu'on est face à l'unisson des producteurs qui ont tous affiché la même hausse du prix du berlingot de lait. Quant à savoir si les dispositions de la loi sur la liberté des prix et de la concurrence ont été respectées, puisque tel est le motif, avoué, du renvoi du dossier au Conseil de la concurrence, il est difficile –toujours pour les Marocains lambda- de croire que les dirigeants des coopératives de lait aient décidé unanimement de se mettre en porte à faux vis-à-vis de la loi. Ç'aurait été de la folie de leur part si ce n'est de la désobéissance civile. Cela dit, la décision du département des Affaires générales et de la gouvernance concernant la hausse du prix du lait intervient en tant que première étape. Même si on ignore quelles seraient les prochaines étapes, encore faudrait-il qu'il y en aurait. On aurait bien aimé qu'en attendant la réponse du Conseil de la concurrence, le ministre ait usé de quelque pouvoir discrétionnaire, pour ramener le berlingot de lait à son prix initial. Car, à supposer que le Conseil de la concurrence ait émis comme appréciation que la hausse serait illicite, qui, le cas échéant, rembourserait le produit de la hausse que tous les Marocains auraient supporté ? Cela dit, ce ne sont pas tant les 50 centimes de plus pour le litre de lait qui dérangeraient les Marocains. Au moment où pointe le spectre de l'entrée en vigueur de l'indexation des prix de carburants sur les cours internationaux, c'est le train des hausses des différents produits de consommation qui en découlerait qu'appréhendent tous les Marocains. Surtout qu'avec l'épisode de la hausse du lait, le gouvernement à fait montre de son impuissance à protéger le consommateur qui en attendait une action ferme et non le renvoi du dossier à quelque instance et aux calendes grecques. Qui n'est qu'un moyen de noyer la vache dans son lait.