Directeur associé du label Next gen employer Alors que l'insertion des jeunes diplômés s'impose comme un enjeu stratégique pour les entreprises, les RH Awards 2025 ont mis à l'honneur dix employeurs exemplaires pour leurs politiques en faveur de la jeunesse. La cérémonie a consacré un écosystème RH en pleine transformation, où innovation sociale, formation continue et marque employeur convergent pour bâtir les fondations du travail de demain. Avec le label Next gen employer, vous mettez l'accent sur l'engagement des entreprises en faveur de la jeunesse. Selon vous, quels sont aujourd'hui les leviers les plus efficaces pour réussir l'insertion professionnelle des jeunes diplômés au Maroc ? L'insertion professionnelle des jeunes repose sur la capacité des entreprises à créer des passerelles concrètes avec le monde académique, en amont de l'embauche. Cela passe par des stages structurés, des interventions pédagogiques, des hackathons, ou encore des formats d'apprentissage immersifs. Le partenariat éducatif devient ainsi un levier clé pour mieux préparer les jeunes aux exigences du marché. Un autre levier fondamental est le développement des power et human skills : nous observons que les jeunes diplômés ont souvent une bonne base technique, mais manquent d'opportunités pour cultiver leur posture professionnelle, leur agilité ou leur capacité à travailler en équipe. Enfin, les entreprises qui s'engagent sérieusement dans une dynamique d'écoute et de co-construction avec les jeunes – notamment via leur politique de marque employeur – réussissent mieux à attirer, intégrer et fidéliser ces profils. Depuis la création du label Next gen employer, avez-vous constaté une évolution concrète des pratiques RH chez les entreprises candidates ? Le label est encore jeune mais très ambitieux. Il commence à s'installer comme un outil structurant pour les entreprises en quête d'impact RH. On sent une vraie volonté de la part des entreprises candidates d'améliorer leurs pratiques, notamment dans des dimensions souvent négligées : l'accueil des stagiaires, la place des jeunes dans la prise de décision ou encore la structuration de programmes de formation continue adaptés à la réalité du terrain. Plus qu'un label, Next gen employer fonctionne comme un miroir bienveillant : il permet aux entreprises de se benchmarker, de repérer leurs points d'amélioration et de se situer dans une dynamique d'évolution. Cela ne se traduit pas toujours par des révolutions immédiates, mais on observe une progression continue, à travers des initiatives concrètes et un dialogue plus ouvert avec les jeunes talents. Le label récompense des pratiques RH très diverses, allant de l'innovation à l'impact social. Quelles tendances majeures observez-vous dans l'évolution des politiques RH au sein des entreprises marocaines ? Ce que nous voyons émerger, c'est une approche plus holistique de la fonction RH. Trois tendances se démarquent : d'abord, la montée en puissance de l'impact social comme critère stratégique. Les entreprises ne se contentent plus d'attirer des talents, elles veulent aussi jouer un rôle positif dans leur écosystème. Cela passe par des actions sur l'inclusion, la parité, le soutien à l'éducation ou à l'emploi local. Ensuite, l'innovation RH, qu'elle soit technologique ou organisationnelle, est au cœur des préoccupations. Des entreprises testent des formats hybrides de travail, digitalisent leurs parcours collaborateurs ou développent des outils d'auto-formation. Enfin, la marque employeur devient un chantier stratégique, où les collaborateurs – y compris les plus jeunes – sont mis en avant comme ambassadeurs. L'authenticité du discours prend le pas sur le marketing RH traditionnel. L'intégration des stagiaires est encore perçue comme un maillon faible dans certaines entreprises. Quels sont, selon vous, les éléments clés d'une intégration réussie ? Une intégration réussie commence par une mission claire et utile. Trop souvent, les stagiaires sont cantonnés à des tâches marginales, sans réel accompagnement. Il est essentiel qu'ils aient un référent identifié, un feedback régulier, et qu'ils se sentent impliqués dans la vie de l'entreprise. Les entreprises qui réussissent dans ce domaine sont celles qui considèrent les stagiaires comme des collaborateurs en devenir, et non comme une main-d'œuvre provisoire. Elles leur donnent accès à des formations internes, à des temps d'échange avec le top management ou encore à des projets transverses qui développent leur autonomie. Enfin, l'intégration doit être pensée comme un début de parcours, pas une fin en soi : plusieurs entreprises que nous accompagnons vont jusqu'à créer des viviers de jeunes talents en stage, qu'elles réintègrent ensuite dans des parcours plus structurés. Le défi de la jeunesse, enjeu stratégique Dans un pays où plus de 30% de la population a moins de 25 ans, la question de l'insertion professionnelle des jeunes est centrale. L'emploi des jeunes, en particulier des diplômés, reste l'un des grands chantiers de développement économique et social du Maroc. Or, au-delà des politiques publiques, ce sont les entreprises qui détiennent une partie de la réponse. Leur capacité à accueillir, former, encadrer et responsabiliser les jeunes collaborateurs façonne directement l'avenir du tissu productif. L'enjeu dépasse largement les considérations RH. Il s'agit d'un choix de société. Les employeurs qui font le pari de la jeunesse s'inscrivent dans une dynamique d'innovation continue, en intégrant des profils formés aux nouvelles technologies, porteurs de valeurs et de regards nouveaux sur les organisations. Ce pari, les lauréats des RH Awards 2025 l'ont manifestement relevé. Sanae Raqui / Les Inspirations ECO