Comme pour l'accord de 1996, il a fallu six rounds pour conclure le nouveau protocole en matière de pêche entre le Maroc et l'Union Européenne. Sans la frénésie ni les altercations qui avaient accompagné l'accord de 1996, Rabat et Bruxelles ont paraphé avant-hier mercredi dans la capitale du Royaume le nouveau protocole de pêche. Conclu pour une durée de quatre ans, ce protocole entrera en vigueur dès l'accomplissement des procédures internes respectives nécessaires, notamment son approbation par les parlements marocain et européen. Et depuis, les deux parties affichent un satisfecit notoire. Qui applaudissent, qui se frottent les mains. Pour Rabat, la conclusion de l'accord est le couronnement des efforts conjugués et déployés par les départements des A.E, de l'Agriculture et des Pêches et la Commission Européenne. L'aboutissement des six rounds sur un nouveau protocole de pêche consoliderait l'édification de relations riches et singulières entre Rabat et Bruxelles. Des relations qui font du Maroc le pays le plus avancé dans le cadre de la politique européenne de voisinage. Bref, un accord «profitable» aux deux parties, comme souligné par les signataires et qui augure de bonnes perspectives pour les relations entre le Maroc et l'UE, renforcera les liens de coopération entre les deux parties. Les Européens, par la voix de Damanaki, qui précise que l'actuel protocole « s'inscrit dans le respect des lois internationales», reconnaissent qu'»il s'agit d'un moment important pour la pêche européenne ». Même son de cloche entend-on du côté des professionnels espagnols. La Confédération espagnole de la pêche (Cepesca) s'est félicitée du nouveau protocole pêche, paraphé mercredi à Rabat, soulignant qu'il (l'accord) permettra à la flotte espagnole de reprendre ses activités au Maroc, bloquées depuis décembre. Un satisfecit unanime. Certes, le nouveau protocole prévoit 6 catégories de pêche avec une réduction des possibilités de pêche par rapport à l'ancien protocole en autorisant 126 navires européens contre 137 dans le cadre de l'ancien protocole. La contrepartie financière totale annuelle estimée du protocole se chiffre à 40 millions d'euros dont 14 millions dédiés à la poursuite de la mise en oeuvre du plan «Halieutis» en vue du renforcement économique du secteur de la pêche nationale, tout en assurant une gestion durable et responsable des ressources halieutiques. C'est tout ce qu'on sait des détails, ou plutôt des généralités de cet accord. Et pour savoir à qui profite réellement ce nouveau protocole, il faudrait attendre qu'on soit au courant des détails techniques du protocole. Car, s'il est vrai que la flotte communautaire autorisée à pêcher dans les eaux marocaines a été réduite de 11 unités, il faudrait savoir le TGB des 126 navires qui vont opérer au Maroc très bientôt. On ne sait encore rien des modalités de contrôle, des ports des débarquements des captures, de l'emploi de marins-pêcheurs marocains sur les navires communautaires, etc., etc.... Pour cela, il faudrait attendre la publication du protocole détaillé, de ses avantages et de ses inconvénients. Mais pour ne pas jouer aux oiseaux de mauvais augure, force est de reconnaître que pour le Maroc, la conclusion de ce protocole de pêche est déjà une victoire en soi puisque, de l'aveu même de la Commissaire européenne, Mme Maria Damanaki, le protocole « s'inscrit dans le respect des lois internationales». Ce qui ne manquerait pas de clouer le bec à ceux qui sont toujours montés au créneau dans de vaines tentatives de disputer au Maroc sa souveraineté sur une partie de son littoral.