Signe des temps. Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, les jeunes d'aujourd'hui respectent le Ramadan, surtout ceux qui vivent encore dans leur famille. Alors que dans les années 60 et jusqu'aux débuts des années 70, ça fumait dans les couloirs d'immeubles situés près des collèges et les lycées. Nous ne vivions pas dans une société laïque que revendiquent Mehdi Cédric et Souâd, la sœur de Moâd, mais des jeunes se contentaient de fumer sans manger, parfois un yaourt pour faire passer la fumée. Tandis qu'en 2013, rares sont les Badr et Ilham qui osent rompre siam. Ils sont branchés sur YouTube, Twitter et Twirtou, mais ne jouent pas avec le carême qui donne la flemme au chauffeur de taxi qui refuse de passer par le centre ville où, d'ailleurs, le Tram leur a piqué leur station derrière le poste Galiéni, comme l'appellent les chibanis. Avec le 20 Février qui a perdu ses éclaireurs et ses lévriers retranchés sur les réseaux et le mouvement wana mali, des jeunes ont tenté de suivre la désobéissance en vogue, mais 2013 fait remplir les mosquées et plus de joint derrière les bosquets en pleine journée comme dans les années où tout a failli s'écrouler. Tant mieux, disent beaucoup de parents qui ne veulent pas voir leurs enfants changer d'un seul coup, pendant ce mois qui ne dépasse pas 30 jours. stop. Des gens obligés de trouver un nouvel abri, un appartement à tout prix, à cause d'un propriétaire qui les menace de les traîner devant la justice pour 2 ou 3 mois de loyers impayés, s'installent aveuglément dans le premier appartement qu'ils dégotent une fois dégoûtés. Le premier jour, ils ne remarquent rien de spécial, mais dès le 2ème ou le 3ème jour, ils s'aperçoivent que le robinet de la cuisine est prêt à perdre la boule et que la chasse d'eau ne fonctionne pas comme il faut. Que le vasistas d'une fenêtre est déformé, que les portes craquent ou ne se ferment pas convenablement et que les placards et le compteur électrique sont habités par des cafards, de la cuisine à la chambre à coucher, qui donne envie parfois de coucher dehors, avec un air qui n'entre pas. De plus, le contrat de location est de 3 ans et non 1 an. Pourquoi pas 3 mois pendant qu'on y est ? Rares sont les propriétaires qui font venir un « généraliste » capable de faire des travaux de plomberie, comme des tâches ménagères, en lavant leur maison à grandes eaux avant de la louer. Comme s'ils avaient de la haine pour des locataires qui leur apportent avec peine – le loyer a, paraît-il, baissé mais un 2 pièces, coin douche et coin cuisine vaut toujours 2000 dh dans un quartier populaire – chaque mois la hsaïssa qui laisse une blaïssa mince pour le reste des dépenses mensuelles. stop. Aboudrar, président de l'Instance centrale de prévention contre la corruption, la rachoua qui limite les choix d'intervention, sait que des cas flagrants existent et que la loi doit devenir opérationnelle pour agir. Mais en attendant la loi, les hors la loi, dans leur bureau loin d'être à l'étroit, raflent tout, sachant qu'ils n'en auront plus pour longtemps, avec une retraite forcée, qui menace de leur couper les vivres enviables pour les sans ressources. Surtout dans les administrations où les citoyens doivent casquer pour avoir la paix. Des Impôts aux Douanes, dont les manitous rigolent en attendant leur patron faire des discours rassurants. Des noms qui font trembler les murs, circulent, mais le manège marche, sans incident technique, vite étouffé pour ne pas porter atteinte à l'honneur de la maison. Dans les banques aussi où l'on a le sens du partage, quand il s'agit d'un gros gâteau, où des cadres bien encadrés passent leur temps à voyager aux frais de la princesse, en payant un séjour dans un 5 étoiles, pour une gonzesse, qui n'en demandait pas tant. Des cadres qui quittent le pays 10 fois par an et qui en profitent pour placer leur pognon en Suisse où l'oignon pousse non loin des pâturages verdoyants. stop. A Casablanca, le gardiennage des parcs et jardins entrera en vigueur, à la rentrée de toutes les entrées sans sortie de secours. Du parc Murdoch au parc de la Ligue arabe secouée par un Printemps qui a arrêté le temps, il y a surtout des efforts à déployer en matière de verdure qui dure ce que dure une saison. C'est de plus de plantes dignes du parc Montsouris où il n'y a pas une souris et du Jardin d'Essais protégé par S.M le Roi, dont on attend l'ouverture, que Casablanca a besoin. Les parterres maigrichons où poussent des fleurs du mal chères à Charles Baudelaire. Le service des espaces verts de Casablanca a certes besoin de gardiennage qui jouera la femme de ménage 24 h sur 24, mais il faudrait augmenter dix fois les effectifs, si on veut que Casa soit bella, une expression qui rappelle le restaurant de Noël, « Le Casabella » où on mangeait des angulas qui étaient interdits – déjà – à la pêche et que de vieux dégueulasses ramenaient de Mehdiya... stop Baz à Sidi et baz à Lalla, qui restent éveillés jusqu'à 4 h du matin, qui roupillent sans shor, pour être au bureau à 9 h ou 9 h 30 du matin. Oui, chapeau melon – si bon en cette mi-juillet – la pastèque s'arrache, surtout celle qui vient du Sud. En fait, la nuit comme la harira, c'est avec modération qu'il faut y goûter. Parce que, au bout d'un mois de nocturne et de veillées tardives, on aura du mal à reprendre un rythme normal après l'Aïd Seghir qui nous attend avec son beghrir, ses salades et son poulet au citron et aux olives Cartier. D'ailleurs, des jeûneurs qui connaissent la teneur du jeûne dorment de plus en plus tôt. Minuit ! Même si ça fait rigoler les amateurs de « touti « sur un air de tutti frutti, version Elvis qui aurait voté pour Obama, comme Norma Jean – Marylin – qui a salué des blacks lors de son concert en Corée. Night in day – chanté par qui ?, l'ordinateur toujours en panne - revenait dans les refrains des sixties. Mais parole d'un vieil oiseau de nuit, un Ramadan, il ne faut pas veiller trop. On risque de reprendre difficilement la vie ordinaire après une période extraordinaire. Un dernier flash, le « neffar » qui réveille les amateurs de « shor », qui ne mangeraient pas du maghdor à 4 h du mat, ne pointe son nez que quelques jours avant la fête qui approche lentement mais sûrement. stop. Avant l'heure de la rupture du jeûne où des habitants de la route côtière rêvent de voir leur Roi passer, à vitesse modérée en s'arrêtant aux feux rouges de Hay Salam à Hay Riad, en passant par différentes routes, la ville est en ébullition. Mais juste après le moudden qui réunit les fidèles de la mosquée, celle au bas de la rue de Bamako se trouve dans une cave comme en banlieue parisienne où les amateurs de rave prient durant un mois, avant de reprendre slam sans slame – un silence de cimetière règne dans les rues où nos frères subsahariens, venus de Bamako ou de la brousse et qui ne dérangent pas une mouche, sortent dans des rues vides, comme une coquille Saint Jacques dévorée par un fou de mollusques prêt à vendre ses frusques, pour se payer des coquillages de mer. Nos frères africains, qui apprécient le sol marocain dont les températures ne les dépaysent pas, se promènent à l'aise sur des chaussées où il n'y a pas une Fiat en chute libre, ou une Peugeot dont les prix donnent mal au dos. stop. Hexagone. Baba car... ou encore la déclaration de France Gall, sont repris sur les radios où la stéréo n'est pas toujours convaincante. Dans ces reprises, il manque le son de la poupée de cire, poupée de son. Il fallait reprendre des instruments d'époque, comme on copie le violon de Stradivarius qui n'était pas Russe mais Italien comme Francesco Smalto qui vendait ses «balto» en face de la wilaya – magasin envahi par des rats – plus chers que dans son magasin parisien. stop. Sur «France 24» où la Grimaldi prend un air glamour du haut de son rocher – son frère a abandonné sa négresse verte avec le bébé – on suit avec intérêt la revue des sites de Karim Bouyahyaoui qui n'est pas un cousin de Hamid Bouyahyaoui, qui est passé de la correction à la rédaction sportive comme tant d'autres amoureux de l'écriture. stop. A écouter les nouvelles radios qui ont redonné au dialectal du punch qui taraude les esprits chagrins qui ne veulent pas que les gens parlent, après tant d'années de mutisme et de soukoute qui frôle el moute... stop. Faute de merles, on mange des givres. Pour remplacer le gin que boivent des zazous en jean et de la vodka qui ne séduit pas heureusement le judoka – la salle Al Mohit est toujours fermée pour le malheur de ce sport, Hassan Amrani qui a animé la côte avec des terrains de foot et de basket, en attendant la pétanque sur ordre du Souverain, bâtisseur et écologiste dans l'âme, doit ouvrir ce dossier – des désœuvrés passent au joint qui les envoie au ciel, un voyage dur au retour. Mais, le Ramadan 2013 n'est pas celui de 2011 et 2012 où la zetla se répandait dans les quartiers chauds, une fois qu'un dealer qui n'a pas froid aux yeux, avait réussi à passer sa came, en arrosant les champs arides qui n'ont pas encore donné des rides, pour qui le haschisch c'est une question de bakchich. Cette année, le chit se vend cher, jusqu'à 400 et 500 DH terf, en vente de Fès à El Jorf. Pour les jeux de cartes qui ruinent des ploucs, comme le Casino de Mazagan où des croupiers professionnels portent des gants de Roumanie, là encore, il y a moins d'engouement. La aïta, sur un air de David Guetta, n'a plus le vent en poupe. La crise frappe à toutes les portes. stop. A lundi, c'est-à-dire dimanche soir à Rabat, Casa et autres lieux de distribution. Même s'il n'y a plus la notion du week-end, quand tous les jours de la semaine se ressemblent.