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4 observateurs de l'ONU enlevés au Golan Syrie: Washington et Moscou prônent une conférence internationale qui rallierait des représentants du régime et leurs opposants pour relancer le plan de paix de juin 2012
La Russie et les Etats-Unis ont mis mardi leurs désaccords sur la Syrie en sourdine en exprimant une volonté commune d'organiser au plus vite une conférence internationale rassemblant aussi bien des représentants de Bachar al Assad que des opposants au régime syrien. Sur le terrain, on apprend qu'un groupe armé a capturé quatre observateurs philippins de l'ONU qui patrouillaient au Golan, dans la zone-tampon entre Israël et la Syrie, où le chef de la diplomatie iranienne est venu mardi apporter le soutien de Téhéran à Damas. En visite à Moscou, le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, a déclaré lors d'une intervention conjointe devant la presse avec le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, que cette conférence pourrait avoir lieu dès avant la fin du mois de mai. Rien n'indique toutefois que le régime syrien, qui dit lutter contre des «terroristes», et les opposants, qui réclament le départ de Bachar al Assad, accepteront de participer à une telle réunion après deux ans de soulèvement ayant pris des allures de guerre civile au prix de plus de 70.000 morts. En raison de l'heure tardive de l'annonce russo-américaine -le président russe Vladimir Poutine ayant fait patienter John Kerry trois heures avant de le recevoir- ni le gouvernement syrien ni la Coalition nationale syrienne (CNS), principale structure de l'opposition, n'ont réagi dans l'immédiat. Un autre écueil réside dans le degré de représentativité de la CNS, alors que les insurgés sur le terrain sont dispersés en une multitude d'unités combattantes aux aspirations parfois divergentes. Interrogé par Reuters, un chef militaire rebelle dans le nord de la Syrie, Abdeldjabbar al Okaïdi, a dit vouloir attendre de connaître les détails du projet russo-américain avant de définir sa position. «Mais si le régime est représenté, je ne crois pas que nous souhaiterions participer», a-t-il toutefois déclaré. John Kerry et Sergueï Lavrov ont souligné que l'objectif de leur proposition était de relancer le plan de paix adopté en juin 2012 par la communauté internationale à Genève. Ce plan, resté lettre morte car il ne réglait pas la question du sort réservé à Bachar al Assad, était censé conduire à la création d'un gouvernement de transition. «L'alternative (à une solution négociée), c'est encore plus de violences. L'alternative, c'est que la Syrie se rapproche encore un peu plus du gouffre (...) L'alternative, c'est qu'il pourrait même y avoir une partition de la Syrie», a dit John Kerry pour défendre cette initiative conjointe de la Russie et des Etats-Unis. Lors de sa rencontre auparavant avec Vladimir Poutine, John Kerry a cherché à le convaincre que la Russie avait tout intérêt à oeuvrer avec les Etats-Unis à la recherche d'une solution au conflit en Syrie pour éviter une déstabilisation de l'ensemble de la région et une propagation de l'extrémisme islamiste. Les efforts du secrétaire d'Etat américain ne semblaient guère avoir porté auprès du président russe, qui a fait attendre son hôte trois heures avant de le recevoir au Kremlin, s'est amusé avec un stylo tandis que John Kerry s'exprimait et n'a même pas mentionné la Syrie dans sa propre intervention. «Les Etats-Unis pensent que nous partageons des intérêts très importants sur la Syrie, notamment la stabilité dans la région et le fait de ne pas avoir d'extrémistes qui créent des problèmes dans la région et ailleurs», a déclaré John Kerry. La Russie, qui fournit des armes au régime syrien, considère qu'un départ de Bachar al Assad ne doit pas être une condition préalable à un dialogue entre Syriens. Avec la Chine, elle a bloqué à trois reprises à l'Onu des projets de résolutions d'inspiration américaine, européenne et arabe pour écarter Bachar al Assad. Mardi, Sergueï Lavrov a assuré que la Russie ne se préoccupait du sort de «personne en particulier». 4 observateurs de l'ONU enlevés par un groupe armé Par ailleurs, un groupe armé a capturé quatre observateurs philippins de l'ONU qui patrouillaient au Golan, dans la zone-tampon entre Israël et la Syrie, où le chef de la diplomatie iranienne est venu mardi apporter le soutien de Téhéran à Damas. Un «groupe inconnu» retient prisonniers quatre observateurs philippins de l'ONU sur le plateau du Golan, a indiqué mardi une porte-parole de l'ONU. Ces membres de la FNUOD (Force de l'observation du désengagement sur le Golan), ont été capturés près de la localité de Al-Jamlah, a précisé la porte-parole, Joséphine Guerrero. Sur leur page Facebook, les rebelles de la «brigade des martyrs de Yarmouk» affirment avoir pris ces casques bleus au moment où des violents combats se déroulent dans la région, lors d'une «opération pour (les) protéger» des bombardements et des combats. La page montre la photo des quatre hommes portant des gilets pare-balles bleus, dont trois avec l'inscription «UN» et «Philippines». L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), une ONG syrienne, a confirmé de violents combats dans la région. En mars dernier, le même groupe rebelle avait revendiqué la capture dans cette même zone de 21 observateurs philippins, qui avaient été relâchés au bout de trois jours. La FNUOD est chargée depuis 1974 de faire respecter un cessez-le-feu sur le plateau du Golan, région du sud-ouest de la Syrie occupée en grande partie par Israël. Empêcher Israël d'agir à sa guise En visite à Damas, le chef de la diplomatie iranienne Ali Akbar Salehi, dont le pays est un allié du régime syrien, a affirmé qu'il fallait empêcher Israël d'agir à sa guise, selon la télévision syrienne. Il faisait référence aux raids aériens israéliens qui ont visé vendredi et dimanche des sites militaires près de Damas et dont certains abritaient, selon des sources israéliennes, des armes en provenance d'Iran et destinées au mouvement chiite libanais Hezbollah. Téhéran avait démenti que des armes iraniennes s'y trouvaient. «Le temps est venu de dissuader l'occupant israélien de mener de telles agressions contre les peuples de la région», a dit M. Salehi qui a été reçu par le président Bachar al-Assad. «L'Iran se tient aux côtés de la Syrie face aux agressions israéliennes», a-t-il souligné. Pour sa part, le président Assad a affirmé que le peuple syrien et son armée étaient «en train d'obtenir d'importants résultats dans le combat contre le terrorisme» et étaient «capables d'affronter les opérations aventureuses israéliennes qui sont l'une des formes du terrorisme qui vise la Syrie».