La prévention et la sensibilisation, principalement des médecins et du personnel hospitalier quant à la dangerosité insidieuse de l'insuffisance rénale aiguë (IRA) sont le meilleur moyen de détecter précocement cette maladie voire de l'éviter, préconise Amal Bourquia, Professeur de néphrologie-dialyse. Et pour cause, comme elle l'explique dans un entretien accordé à la MAP, à l'occasion de la célébration ce jeudi de la Journée Mondiale du rein, l'IRA est toujours mal prise en compte dans la formation clinique, dans les programmes de formation tout comme elle est négligée dans la sensibilisation du public et les programmes de recherche. Ces manquements ne favorisent nullement le diagnostic précoce et provoquent, par ricochet, des complications graves, sans compter les coûts excessifs générés par une hospitalisation longue et prenante pour le patient et la sécurité sociale, fait observer Amal Bourquia. C'est pour cette raison qu'une plus grande prise de conscience de l'IRA chez les professionnels de la santé s'avère plus que jamais nécessaire. Selon elle, il existe également d'importantes opportunités sur le registre de la prévention, notamment par le biais d'une attention particulière à la gestion des médicaments prescrits chez les personnes âgées. D'où, le choix cette année du thème ?'Un rein pour la vie : Disons tous Stop à l'insuffisance rénale aiguë''. Une manière, souligne le Professeur Bourquia, de relancer le débat sur l'importance de l'éducation et de l'élaboration de politiques à même d'améliorer la prévention et le traitement de cette maladie rénale majeure. Mais également, œuvrer en synergie à la sensibilisation de la population pour protéger leurs reins, démystifier cette maladie dangereuse et la rendre aussi reconnaissable et détectable que les autres pathologies aiguës, cardiaques et cérébrales. Cet effort d'information est d'autant plus nécessaire s'agissant des pays en développement où les enfants et les jeunes adultes sont particulièrement prédisposés à développer une IRA. Celle-ci apparait fréquemment après une gastro-entérite, une intoxication, un paludisme ou d'autres maladies infectieuses. Les victimes de blessures par écrasement en cas de catastrophes naturelles comme les tremblements de terre meurent souvent par une IRA, remarque le professeur Bourquia. Par ailleurs, l'utilisation de médicaments sans suivi médical et le recours inconsidéré aux plantes représentent un risque important d'atteinte rénale aiguë, tient à mettre en garde le Professeur Bourquia qui préside depuis sa création en 2004 l'association marocaine de lutte contre les maladies rénales des Reins. L'insuffisance rénale aiguë (IRA) est une défaillance d'organe fréquente chez les malades admis en réanimation. La survenue d'une IRA compromet le pronostic vital dans environ 50 pc des cas. Cette maladie est très souvent constatée dans un contexte de défaillance multi-viscérale. Le pronostic fonctionnel rénal est lui aussi de mise chez les survivants avec le risque d'altération chronique de la fonction rénale et d'évolution vers l'insuffisance rénale chronique terminale. Pour la spécialiste de la maladie, le principal facteur de risque est l'existence d'une altération chronique de la fonction rénale. L'insuffisance rénale fonctionnelle est l'étiologie la plus fréquente d'une IRA. Sa correction rapide diminue le risque d'évolution vers l'IRA organique. L'existence d'une déshydratation, d'un traitement par certains médicaments ainsi que l'exposition aux produits iodés constituent également des facteurs favorisants, dans un contexte d'agression rénale ischémique ou toxique. Pour prévenir et juguler cette maladie silencieuse, le Professeur Amal Bourkia insiste, au risque de se répéter, sur l'importance du dépistage et du diagnostic précoce des maladies rénales qui permettraient, selon elle, d'éviter ou du moins de retarder la destruction des reins et le recours au traitement de suppléance rénale. C'est d'ailleurs, a-t-elle souligné, un des objectifs de la Journée Mondiale du Rein qui vise à sensibiliser l'opinion, les pouvoirs publics et les professionnels de santé sur l'impact des maladies rénales pour la santé publique qui représentent des dépenses énormes, soit près de 26 pc pour l'Assurance maladie Obligatoire.