Etant donné la situation mouvementée du secteur et vu l'indisponibilité des états financiers de l'exercice 2010 au niveau de l'OMPIC de bon nombre d'acteurs, il a été jugé plus approprié de procéder plutôt à une analyse stratégique par opérateur que de réaliser une analyse financière du secteur dans son ensemble. Les entreprises présentées ci-dessous sont celles continuant à exploiter au moins un navire battant pavillon marocain, même provisoirement saisi ou à l'arrêt. COMANAV Créée en 1947 sous l'appellation de Compagnie Franco-Chérifienne de Navigation (CFCN), la Comanav allait être nationalisée après l'indépendance en 1958 pour porter le pavillon marocain et assurer la couverture d'une part significative du commerce extérieur du Royaume. Toutefois, ses difficultés financières à la fin des années 1990 ont précipité son rachat en 2007 par CMA-CGM. Sous l'impulsion des orientations stratégiques du groupe français, la compagnie a dû se recentrer sur le transport de marchandises en cédant en 2009 l'activité ferry à la Comarit. Par ailleurs, et suite au processus de dépavillonnement et d'abandon d'actifs jugés non stratégiques entrepris par CMA-CGM, elle ne compterait actuellement plus qu'un seul bateau sous pavillon national encore en activité, à savoir le « oued Ziz ». Au niveau bilanciel, ce choix s'est traduit par un des taux d'endettement les plus faibles en 2009 de l'échantillon analysé. En termes d'activité, la compagnie a vu son chiffre d'affaires diminuer entre 2008 et 2009, notamment à cause de la fluctuation des taux d'affrètement et de son retrait du marché du transport de passagers. GROUPE COMARIT-COMANAV FERRY La Comarit a vu le jour en 1984 quand Ali Abdelmoula, qui à cette époque-là exerçait dans le transport d'agrumes, s'était associé au groupe norvégien Fred Olsen pour se lancer dans le transport de passagers. Entre 1988 et 2008, et consécutivement à une politique de renforcement et de diversification des lignes maritimes, la société était même parvenue à détenir jusqu'à près de 50% de l'offre marocaine dans le transport maritime des voyageurs. Néanmoins, et depuis fin 2008, la Comarit a entrepris un virage pour le moins hasardeux. Une succession d'erreurs stratégiques l'a en effet entraîné dans de sérieuses difficultés financières. Aujourd'hui, toute la flotte du groupe est soit sous saisie conservatoire, soit à l'arrêt. A défaut d'une intervention étatique, la main tendue italienne apparaît comme le dernier espoir de sauvetage. Dans l'attente d'une issue, Comarit-Comanav Ferry a tout récemment formulé une demande de mise en redressement judiciaire. IMTC Fondée en 1987 par le commandant Karia Mohammed, IMTC est l'une des rares compagnies maritimes marocaines à continuer à afficher, quoiqu'en repli par rapport à 2008, un chiffre d'affaires, un résultat d'exploitation et un résultat net dans le vert en 2010. Cette distinction est notamment le fruit de son positionnement sur plusieurs créneaux à la fois (Feedering container national et international, transport de passagers, de véhicules et de camions). Contrairement aux autres armateurs analysés ayant préféré se concentrer sur un seul créneau, IMTC a plutôt opté pour une politique de diversification. Le repli observé en 2010 s'expliquerait par une conjoncture difficile et le poids non négligeable tant des achats de combustibles, des intérêts financiers consécutifs au renforcement de la flotte que des autres charges externes (probable recours également au financement des navires par leasing). De ce fait, la marge opérationnelle et la marge nette se sont respectivement établies à 2,7% et 0,5% au 31 décembre 2010. FRS MAROC Filiale du groupe allemand Frs, Frs Maroc est une société de droit marocain créée en 2000 et spécialisée dans le transport maritime de passagers dans le détroit de Gibraltar. Après avoir vendu en novembre 2011 le « Tanger Jet II», elle n'exploite actuellement qu'un seul ferry sous pavillon marocain, le « Tanger Express ». Ce navire a été mis à sa disposition courant 2012 par Tanger Jet Shipping, appartenant aussi au groupe Frs. Sur le plan opérationnel et face à la rude concurrence des armateurs étrangers et du low-cost aérien, Frs Maroc a généré en 2010 un chiffre d'affaires en baisse de 35% par rapport à 2008. Plombée essentiellement par le coût important des hydrocarbures et des charges d'affrètement, les charges d'exploitation ont enregistré sur la même période un recul moins sévère (- ,3%). Par conséquent, le résultat d'exploitation, le résultat net et les capitaux propres de la société s'en retrouvent sérieusement affectés. PETROCAB Créée en 1978, la société Petrocab opère dans le transport maritime des produits pétroliers et dérivés. Comptant parmi ses actionnaires plusieurs entreprises du secteur des hydrocarbures, elle dessert tous les ports marocains et procède à des importations / exportations de ou vers les ports européens et nord-africains. La compagnie, qui a connu son âge d'or avec une flotte de plus de navires, ne compte désormais plus que deux navires citernes. A l'issue de l'année 2010, la compagnie a affiché un flux d'affaires en dépréciation de 1 % comparé à 2008. Cependant, même si la stabilisation du niveau de ses charges d'exploitation a plongé son résultat d'exploitation dans le rouge, son résultat net et ses ratios de rentabilité ont continué à afficher des scores plutôt honorables, en grande partie grâce au très bon comportement des produits non courants sur la période observée.