Il est des médecins, du secteur public, qui recourent au travail dans le privé parce qu'ils savent y trouver les conditions manquantes nécessaires à l'accomplissement de leurs tâches. Mais, il est d'autres qui le font pour des raisons purement mercantiles, le privé permettant de monnayer les prestations médicales au prix fort. Les cliniques privées, elles, en «recrutant» des médecins qui reçoivent déjà des émoluments puisés dans la trésorerie publique, font certes des économies «indédaignables». Font-elles profiter leurs patients de cette manne ? Au contraire ! le social n'est pas leur rayon ! Et, les prix qu'elles exigent, avance le citoyen lambda sans crainte d'être contredit, sont hors normes... exorbitants ! Après l'interdiction faite aux enseignants du public d'exercer dans le privé, le gouvernement a décidé de faire de même pour les médecins. La décision sans appel, prévoit des sanctions contre les contrevenants qu'ils soient médecins ou qu'il s'agisse des cliniques privées. C'est dire que le gouvernement semble prendre le taureau par les cornes pour renverser la vapeur de la tendance catastrophique qui règne au sein de nos hôpitaux et dispensaires publics. S'agissant de la santé, notamment celle des citoyens appartenant aux couches défavorisées, le temps n'est plus au badinage ! Il faut dire que par certains de ses aspects, le secteur de la santé publique au Maroc bat de l'aile depuis fort longtemps. Il s'y trame des pratiques indignes du très noble métier qu'est celui du médecin, indignes de la frange de médecins consciencieux qui, eux-mêmes, déplorent les agissements incultes et cupides de certains de leurs collègues. Ces derniers vont jusqu'à faire de l'établissement public un lieu juste bon pour le démarchage des patients, qu'ils dirigent vers les cliniques privées pour être saignés à blanc... Indignes, enfin, d'un pays réputé pour la générosité et la solidarité de ses citoyens. Il est vrai que le secteur de la santé publique chez-nous fait des malheureux. Il n'y a qu'à se référer à la multitude de doléances et plaintes dont les media n'ont de cesse de rendre compte pour se faire une idée de l'abîme auquel se trouvent confrontés des citoyens qui, devant le besoin d'être pris en charge - pour des interventions chirurgicales ou même des soins primaires -, ne savent où donner de la tête. Les raisons de ce malaise sont nombreuses, toutefois il faut reconnaître que, par-dessus tout, c'est la négligence qui fait le plus de mal. Cette négligence est dans une large mesure due à la vacance laissée par ceux parmi les médecins du public qui consacrent le clair de leur temps de travail au privé. Cette attitude permissive est une réponse à la tentation, à laquelle il faut être, avouons-le, très à cheval sur la déontologie, pour résister. La décision prise par le gouvernement s'inscrit dans le cadre de la volonté d'améliorer les conditions de vie des citoyens. Dans le même élan, le budget 2013 consacre un effort consistant au secteur de la santé publique. Il y est question d'équiper les hôpitaux et autres CHU en matériel nécessaire de manière à ce qu'ils n'aient rien à envier aux cliniques privées. Et c'est la réponse du berger à la bergère, concernant la catégorie de pratiquants publics de peu de foi qui se retranchent, même quand ce n'est pas le cas, derrière le prétexte du déficit en équipement dans les hôpitaux publics. Enfin, avec la question des cliniques de la Caisse Nationale de la Sécurité Sociale (CNSS), et le débat naissant autour de son «droit» au privilège de recourir aux services des médecins du secteur public, on n'est pas encore tout à fait sorti de l'auberge...