Ces réunions revêtent une grande importance, elles permettent de parfaire la formation post-universitaire des médecins, et de mettre en exergue les progrès, tant dans le domaine des diagnostics que dans celui des thérapeutiques modernes. Comme attendu, un sujet combien d'actualité: les problèmes médico-légaux rencontrés par le praticien et la nécessité d'une assurance face aux plaintes des patients, quand des fautes sont commises. Il faut dire que dans ce domaine nous sommes à des années lumières de ce qui se passe en Amérique, et tant mieux, où les médecins sont attaqués et inquiets pour chaque acte, ce qui rend la pratique médicale difficile et très onéreuse. Cette vague a touché aussi la France, pays avec lequel nous avons des relations et des échanges importants et anciens. Dans ce domaine, sur le plan national, le constat est simple, un immense vide juridique, comme l'a souligné le Professeur Omar Cherkaoui, le Président de la Ligue nationale de lutte contre les maladies cardio-vasculaires. Même la jurisprudence est empruntée à celle de la France, ce qui montre le travail colossal qui reste à faire et le réveil que nous devons susciter pour avoir nos propres lois et notre jurisprudence en conformité avec nos valeurs, nos traditions, nos préceptes religieux. Puis nous sommes entrés dans le vif du sujet, la science et la médecine. Il faut le rappeler et le souligner ici, la médecine n'est pas une science exacte. Même si avec nos moyens technologiques fantastiques, des progrès diagnostics et thérapeutiques ont été accomplis, nous sommes loin d'avoir tout compris et de tout savoir, dans ce noble métier même si on estime avoir des compétences, il faut savoir rester humble. Les conférences ont été d'un très bon niveau, des exposés remarquables et remarqués, des techniques de pointe pratiquées dans des hôpitaux et des cliniques privées marocaines, avec de très bons résultats comparables à ceux d'équipes étrangères. Un trouble du rythme cardiaque caractérisé par une irrégularité du rythme, dont les causes sont multiples, que l'on appelle, fibrillation atriale, arythmie complète par fibrillation auriculaire, ACFA, a particulièrement retenu l'attention. Ce trouble du rythme expose à de multiples complications, insuffisance cardiaque, accident thromboembolique avec des risques majeurs d'accidents vasculaires cérébraux redoutables. Nous disposons de traitements médicaux pour tenter le retour à un rythme régulier, médications anti-arythmiques avec des effets secondaires, ils nécessitent une surveillance cardiologique rigoureuses. Des moyens électriques pour remettre l'activité électrique du cœur à zéro, ce qui permet au foyer central de la commande électrique du cœur, de prendre le dessus et de s'y maintenir. Le succès n'est pas toujours au bout et les récidives la règle. Le traitement anticoagulant pour lutter contre les accidents vasculaires cérébraux ou d'autres localisations. Ces traitements doivent faire l'objet d'une discipline rigoureuse, de contrôles sanguins réguliers en laboratoire, pour juger de l'efficacité, il est très difficile d'en faire le contrôle rigoureux dans notre milieu, ils exposent à des accidents hémorragiques qui peuvent être dramatiques. Chez nous, l'aspirine reste un médicament très utilisé quand les autres traitements sont impraticables. Des techniques nouvelles sont en vogue, elles font l'objet de grandes études, elles sont très utilisées aux Etats Unis d'Amérique, avec de grands espoirs. Certaines sont pratiquées aussi dans des centres cardiologiques nationaux publics et privés. L'ablation par courant de radiofréquence, une technique qui consiste à appliquer un courant à haute fréquence à travers des cathéters. Cette méthode guérit les tachycardies supra ventriculaires, comme le flutter et la fibrillation auriculaire. Mais cette intervention comporte des risques: brûlures du tissu cardiaque, formation de thrombus, sténose des veines pulmonaires, perforation des tissus, fistule oesophagienne, bloc auriculo-ventriculaire, paralysie diaphragmatique. La cryoablation, contrairement à l'ablation par RF, permet aux médecins de refroidir les tissus pour vérifier si le site visé intervient dans la conduction de l'arythmie. Si ce n'est pas le cas, la fonction électrique normale est restaurée en laissant décongeler les tissus et en les réchauffant. L'ablation par cryothérapie ne cause pratiquement pas de douleur ou d'inconfort pour le patient. Les Techniques interventionnistes sont nombreuses, elles se modifient et s'affinent, elles sont à l'étude pour venir à bout de ce trouble du rythme qu'est l'ACFA en grande expansion à travers le monde. Nous avons eu deux exposés remarquables, celui du Dr Moustaghfir de l'hôpital militaire Mohammed V, et celui de Mme le Docteur A Tazi de l'équipe chirurgicale du Professeur Belhaj, clinique Agdal. Enfin il faut évoquer ici l'arrivée de médicaments oraux pour remplacer des anticoagulants, ils sont en concurrence. Celui qui décrochera l'indication pour le traitement de l'ACFA gagnera le gros lot. Ils seront vingt fois plus coûteux que les anticoagulants, mais probablement moins dangereux. Ont été abordés les problèmes chirurgicaux des polyartériels, les situations difficiles en cardiologie revascularisatrice coronaire, occlusions coronaires aigues, lésions coronaires calcifiées avec de remarquables exposés du Dr K. Boughalem, cardiologue interventionniste qui exerce à Paris. Seuls les coronariens du Qatar et de Bahreïn sont capables de se payer ces procédures, très coûteuses. Enfin les valves biologiques tentent de faire leur entrée sur le marché marocain. Les maladies valvulaires sont encore nombreuses dans notre pays, c'est un marché qui peut être juteux pour ceux qui les fabriquent. Ces valves biologiques qui étaient porcines au départ et interdites par notre religion sont fabriquées actuellement avec des tissus valvulaires bovins, l'interdit est ainsi levé. Les prix sont excessifs, les études sont en cours des deux côtés pour réduire les coûts. Comment ferons-nous pour distinguer les bovines des porcines? On verra bien, quant elles seront là. Nous avons des tramways français, le TGV français, pourquoi pas les valves biologiques?