Suzanne Strandänger a grandi dans une famille suédoise aisée. Son père avait fait une carrière en tant qu'architecte reconnu et il était un grand admirateur des arts visuels ; son grand-père paternel était aquarelliste et celui maternel pratiquait la peinture à l'huile et était, à l'origine, un collectionneur d'œuvres d'art. Installée aujourd'hui au Maroc, Suzanne Standänger avait dans son pays commencé par être avocat avant de se consacrer à l'art à partir de 2000 ; en 2003, elle a été choisie comme « Artiste de l'année » par la Fondation suédoise « Heart Lung ». La démarche plastique de Suzanne Strandänger marie la figuration à l'abstraction, dans un rapport de formes et de couleurs dialectique. L'univers qu'elle peint et qu'elle enrobe dans un graphisme allégorique fait prévaloir la touche onirique avec des clins d'œil au rêve, à la contemplation méditative et à une sensualité filigranée. Depuis que l'artiste est au Maroc, installée à Agadir, elle a beaucoup focalisé sur les différentes configurations sociales de la réalité environnante, que sa palette interprète tantôt sur le mode décoratif, tantôt sur le mode symbolique, dans le sens où les motifs peints restent éclectiques et en appellent à des références savantes. La technique de Suzanne Strandänger multiplie les matériaux plastiques et les diversifie ; de l'huile à l'aquarelle, son langage pictural est en quête d'une meilleure expression de sa subjectivité. Certes, l'imagination fait des choix iconiques à relents parfois exotiques, elle ramène à la surface du tableau des réminiscences de lieux, de personnages, d'impressions réelles ou virtuelles pour pouvoir les mettre en adéquation avec l'actualité, une actualité d'effets colorés qui perdurent et semblent s'originer dans la prime enfance. A voir sa galerie d'œuvres produites jusqu'à présent, on pourrait supposer que Suzanne Strandänger utilise plusieurs procédés pour exprimer le monde. Si l'histoire de l'art transparaît parfois dans certaines de ses productions, tel le mouvement symboliste ou la période post-matissienne avec ses formes épurées et son graphisme ludique, il n'en demeure pas moins que la palette de Suzanne reste homogène dans ses fondamentaux et ses manifestations, surtout au plan de la lumière et de l'espace qu'elle sait gérer à des fins d'une meilleure visibilité. Installée au Maroc depuis peu, comme nous avons dit, précisément à Agadir, l'artiste suédoise ne cesse d'impliquer dans son travail des caractéristiques pittoresques propres au pays, que découvre son regard, comme on insérerait dans une partition singulière, des notes rassurantes et porteuses d'une espèce de réconfort sensoriel. Le Maroc, vu sous un angle sélectif, qui répond habituellement, chez les artistes étrangers qui l'adoptent, à leurs exigences d'un art à vocation universaliste, a toujours privilégié le recours à l'exploration de l'imaginaire local en mettant en exergue les valeurs sensitives du milieu et la qualité perceptive des formes. Suzanne Strandänger, qui a la fibre de l'art chevillée à l'âme, cherche à travers sa passion de l'art, à cerner le quid d'une création sans doute libre de ses formes, qui, géographiquement parlant, lui permet des découvertes inédites, qui enchantent au premier regard.