L'artiste peintre, sculpteur et poète Aïssa Ikken expose ses œuvres à partir d'aujourd'hui à l'espace de la Villa des Arts à Casablanca. Aïssa Ikken est né en 1937. Il vit et travaille à Rabat. Il est à la fois peintre, poéte, sculpteur et écrivain. Le cheminement de Aïssa Ikken est caractérisé par une multitude de passions et d'incessants va-et-vient d'une « tension créatrice » à un foisonnement dans tous les sens. De l'éparpillement et du ciselage des signes sur la toile au corps à corps avec les mots sur la fameuse page blanche. Lequel vais-je interpeller ce soir? Le peintre, le poète, me direz-vous? A mon avis, l'un ne peut être dissocié de l'autre. Ils forment un tout, au point que l'un existe que dans l'essence de l'autre. Car Aïssa Ikken écrit quand il peint. Et comme de bien entendu, il peint quand il écrit. Il tend à l'unité au sein de la pluralité et appose ses rêves, sa douleur sur l'espace de son choix. Cette succession de signes et de mots sur deux espaces spécifiques confère au travail qui est donné à voir ou à lire une sorte de suffisance qui, néanmoins, interpénètre l'autre expression et s'enrichit par son apport. A chaque fois, il s'agit d'une écoute en alerte, d'un prolongement acceptant tous les risques et d'un savoir-faire remodelant et déconstruisant l'apparition d'un signe, d'une sensation ou comblant l'insatisfaction laissée après l'aboutissement de l'une ou de l'autre création. Mais les deux expressions s'emploient à dire l'absence, les peines, les doutes de l'être, à rappeler les strates d'une mémoire. De la sueur à la pause, il y a chez A.I. comme une ascension vers une retraite qui s'illumine au lointain. L'atteindre demeure la raison de dorloter ou de rudoyer la matière et les outils; ceci, non pour renier ce qui est peint ou écrit, mais pour établir des ponts entre les expressions, à la recherche de la complémentarité où se nouent le subjectif et l'objectif, vers des extrémités fuyantes. A la lecture d'un texte de A.I., on est toujours convié à voir, écouter, à s'émouvoir à la perception d'un mot, d'une note ... d'un silence, à être traversé, ça et là, par l'appel de mots gonflés de sens dormants ou d'une musique à la limite de la complainte pour longer les abords de quelques territoires multisensoriels.