Le Soudan du Sud fête le premier anniversaire de son indépendance dans une atmosphère plutôt morose lundi : le pays a connu une année difficile, marquée par un conflit avec le Soudan et l'arrêt de sa production de pétrole, qui l'a privé de 98% de ses revenus. Très peu de détails ont filtré sur le déroulement de la journée de lundi. Tout juste les autorités de Juba ont-elles indiqué que des défilés, ponctués par un discours du président Salva Kiir, se tiendraient dans la matinée. Parti de quasiment zéro l'an dernier, le Soudan du Sud, l'un des pays les plus pauvres au monde, a vu peu à peu l'euphorie céder la place à la dure réalité ces derniers mois. Tout reste aujourd'hui à construire dans le pays, administration, infrastructures, services de base. La population adulte est illettrée à 73%, le taux de scolarisation dans le secondaire est d'à peine 6%. Une Sud-Soudanaise a statistiquement plus de chances de mourir en couches que de terminer des études secondaires. Avant des accords de paix signés en 2005, qui ont ouvert la voix à l'indépendance le 9 juillet 2011, Juba et Khartoum se sont livré des décennies de guerre civile qui ont fait des millions de morts. Malgré la déclaration d'indépendance, les différends Nord-Sud n'ont jamais été réglés. Les deux voisins, engagés dans de laborieuses négociations sous l'égide de l'Union africaine, ont jusqu'à présent été incapables de s'entendre sur la démarcation de leur frontière commune ou encore le partage de la manne pétrolière du Soudan d'avant partition. Le Sud a hérité des trois quarts des réserves de brut, mais reste entièrement tributaire des infrastructures du Nord pour exporter. Faute d'accord sur les frais de passage, Khartoum avait fini par se payer en nature en prélevant du pétrole, à la fureur de Juba qui a cessé net sa production en janvier. Au détriment des économies des deux pays.