Pas de répit pour Khartoum et Juba. De nouveaux combats ont éclaté mercredi entre le Soudan et le Soudan du Sud près de la frontière commune des deux pays, qui ont suspendu leurs négociations menées sous l'égide de l'Union africaine, à Addis Abeba. Depuis la capitale éthiopienne, où ont commencé lundi des pourparlers entre les deux parties, le négociateur en chef de Juba, Pagan Amum, a accusé Khartoum d'avoir bombardé la ville frontalière de Panakuach, en territoire sud-soudanais. L'armée sud-soudanaise a répliqué en abattant un MiG-29 de son voisin. Le porte-parole de l'armée soudanaise, Sawarmi Khaled Saad, a démenti en bloc ces accusations, reprochant à l'inverse à Juba d'avoir, la première, attaqué des positions soudanaises en territoire soudanais. « Il y a eu une attaque sur nos positions et nous avons réagi avec des tirs d'artillerie », a-t-il, pour sa part, assuré. Les pourparlers de sécurité entre les deux Soudans s'étaient ouverts une semaine après de précédents combats frontaliers entre les armées des deux voisins, les plus graves depuis l'indépendance du Soudan du Sud en juillet. Ces négociations ont été ajournées mercredi sans accord formel, Juba accusant la délégation de Khartoum d'avoir quitté les discussions. « C'est leur propagande belliciste qui les a empêchés de signer un éventuel accord, et rien d'autre », a affirmé le négociateur sud-soudanais, tout en assurant que son pays était « prêt à signer ». Impasse Pendant ce temps, le ministre soudanais de la Défense, Abdelrahim Mohammed Hussein, a fustigé, depuis Khartoum, le manque de « sérieux » du Sud. « Nous disons que les deux parties doivent reconnaître qu'il y a un soutien aux rebelles de l'autre pays, mais le Soudan du Sud a complètement nié qu'il hébergeait des mouvements rebelles et qu'il avait des liens avec la rébellion dans les Etats soudanais du Nil bleu ou du Kordofan-Sud ou au Darfour », a-t-il dénoncé. L'ex-président sud-africain Thabo Mbeki, qui mène une médiation entre les deux Soudans au nom de l'UA, a confirmé que la délégation sud-soudanaise était prête à parapher un accord mais que celle du Soudan avait demandé à consulter Khartoum avant de s'engager. Il a cependant refusé de parler d'impasse, indiquant qu'il allait se rendre dans les deux capitales pour rencontrer les présidents sud-soudanais, Salva Kiir, et soudanais, Omar el-Béchir. Pour rappel, après l'accession à l'indépendance du Sud, les relations entre les deux capitales sont restées extrêmement tendues, à tel point que la communauté internationale redoute une nouvelle guerre. Avant les accords de paix de 2005, qui ont ouvert la voix à la partition du Soudan, le Nord et le Sud se sont livrés des décennies de guerre civile. s.r.a.(avec agences)