Le 193e pays du monde a vu le jour samedi. Après de nombreuses années de lutte armée, les Sud-Soudanais ont proclamé, en liesse, leur indépendance devant la communauté internationale. Le 9 juillet 2011 restera à jamais gravé dans la mémoire des Sud-soudanais. Cette date marque le jour de l'indépendance de ce nouveau pays, le 193e Etat du monde. A Juba, la capitale, des dizaines de milliers de sudistes se sont réunis pour l'occasion. C'est le chef du Parlement sud-soudanais, James Wanni Igga, qui a lu la déclaration d'indépendance lors d'une cérémonie solennelle. «Nous, les représentants démocratiquement élus du peuple, en se basant sur la volonté du peuple du Sud-Soudan, et comme l'ont confirmé les résultats du référendum sur l'autodétermination, proclamons par la présente le Sud-Soudan une nation indépendante et souveraine», a-t-il déclaré. Le divorce entre le nord musulman et le sud majoritairement chrétien est donc consommé. «Nous ne soumettrons jamais», scandait la foule devant les quelques chefs d'Etat et leaders de la communauté internationale qui ont fait le déplacement à Juba. Après plusieurs années de lutte armée, les Sud-Soudanais peuvent désormais pousser un «ouf» de soulagement car la route a été longue et émaillée de sang. Près d'un demi-siècle de conflit acharné avec le Nord et des millions de morts, tel est le prix de cette indépendance. Le nouveau drapeau a été hissé avec les applaudissements, les cris de joie et même les pleurs de certains. «Je pleure pour la reconnaissance de ce drapeau parmi les drapeaux des pays du monde», a lancé un homme dans la foule. Le président du 54e pays du continent africain, Salva Kiir a ,à son tour, prêté serment et signé la Constitution transitoire, en jurant de favoriser le développement et le bien-être du peuple». «Je suis fier de déclarer que les Etats-Unis reconnaissent officiellement la république du Sud-Soudan comme Etat souverain et indépendant». Barack Obama, le président américain. Le premier chef d'Etat sud-soudanais a également appelé ses compatriotes à pardonner les années de guerre avec le Nord et à donner des «fondations solides» à leur nation. «Un jour heureux comme celui-là ne devrait pas être terni par de mauvais souvenirs. Mais il est important de se rappeler que cette terre a souffert pendant plusieurs générations. Nous devons pardonner, même si nous n'oublierons jamais», a-t-il dit. «Nos martyrs ne sont pas mort pour rien. Nous avons attendu ce jour pendant 56 ans. Il sera à jamais gravé dans nos cœurs et nos pensées», a-t-il encore ajouté. Le Sud-Soudan doit désormais prouver au monde entier qu'il est un Etat viable. Et Salva Kiir n'a pas manqué de rassurer la foule et les dirigeants présents. «Je m'engage devant vous aujourd'hui à ce que nous trouvions une paix juste et durable pour tous», a-t-il martelé. James Wanni Igga, le chef du Parlement, a ajouté que «la nouvelle République souhaite établir un système de gouvernance qui respecte l'Etat de droit,la démocratie et les droits de l'Homme». Avec ses 8,5 millions d'habitants, le Sud-Soudan a de nombreux défis à relever. La population est majoritairement analphabète et des conflits entre ethnies subsistent encore. De même, les infrastructures sont quasiment inexistantes et les quelques- unes qui sont en état sont concentrées dans la capitale Juba. Il faudra donc élaborer un plan de développement solide qui prenne en compte toutes les réalités du pays. Selon Médecins Sans Frontière, le nombre du personnel médical présent sur le tout le territoire est significativement insuffisant. Aussi, malgré ses nombreux gisements de pétrole, l'Etat sud-soudanais ne dispose pas de pipelines, ni de raffinerie. Cela handicape donc l'exploitation du pétrole à moins d'un accord avec le Nord alors que les tensions entre les deux pays sont encore vives. La délimitation des frontières aussi pose un grand problème, comme en témoigne le conflit entre le Soudan et l'armée sudiste dans la région du Kordofan-sud. Certes, un accord a été trouvé le 20 juin dernier pour calmer le jeu avant l'indépendance, mais sur le long terme, rien n'est moins sûr. Par ailleurs, plusieurs pays dont notamment le Royaume-Uni et les Etats-Unis ont déjà officiellement reconnu le Sud-Soudan. «Je suis fier de déclarer que les Etats-Unis reconnaissent officiellement la République du Sud-Soudan comme Etat souverain et indépendant», a déclaré Barack Obama dans un communiqué de la Maison- Blanche.