Traditionnellement des secteurs ont toujours compté dans l'économie de la ville de Safi et province. Certains ont subi des vicissitudes principalement le secteur de la pêche. Celui-ci a été grevé par le recul des prises après un passé légendaire d'une ville capitale mondiale de la sardine jusqu'aux années soixante du XXè siècle, suivi de baisse du nombre de conserveries de poisson en activité d'une centaine à une dizaine. Histoire assez connue et si répétée de passage d'une ère de prospérité à une ère de crise. Ce qu'on connait moins sans doute, c'est le fait que malgré la baisse de prises, les conserveries de poissons se maintiennent dans la ville de Safi. Il y a même quelques nouvelles unités qui ont vu le jour récemment et d'autres qui ont investi de gros budgets pour moderniser leurs équipements. Et puis cette activité représente 45% du secteur au niveau national sachant que la majeure partie du poisson traité dans les usines de Safi provient des provinces du sud. On oublie aussi que la fermeture des conserveries de poisson n'était pas uniquement liée au recul des tonnages de pêche mais aussi au fait que les unités devaient se mettre à niveau pour pouvoir répondre aux normes de l'exportation imposées par l'Union Européenne. On sait en effet que la production des unités de conserveries de poisson de Safi est aujourd'hui à 80% destinée à l'exportation. C'est un secteur de l'avis des professionnels qui reste porteur. L'autre secteur clef qui avait toujours fait de la ville historiquement un port d'exportation des produits de l'arrière pays, c'est l'agriculture avec 349.835 hectares de superficie arable dont 344.624 hectares bour et 5.211 ha irrigués avec un statut de terrain majoritairement privés (79%). Quatre zones à distinguer : plaine Abda à climat semi-aride avec terre très fertile (céréales, légumineuse, ovins), zone de grande hydraulique (betteraves, semence, production de viandes rouges), zone littorale (cultures maraîchère, légumineuses..) et enfin plaine Mouisset (arbre fruitiers, ovins, caprins). Il existe 65 coopératives dont 19 de collecte et distribution de lait dont la production annuelle se monte à 14 millions de litres dont 5 millions seulement sont commercialisés. L'agriculture est handicapée par les aléas climatiques. Pourtant les terres de Abda sont parmi les meilleures, très fertiles et le blé, les chevaux, la laine, les peaux ont pu être exportés vers l'Europe à diverses époques dans le passé. Les colons français arrivés dans la région de Safi au début du XXème ont comparé Abda à la Beauce française pour son caractère de grenier régional. Encore faut-il que la pluie soit au rendez-vous ce qui n'est pas toujours le cas. Les années de sécheresse répétée ont été traumatisantes. Aujourd'hui l'agriculture continue à dépendre presque exclusivement des précipitations dans une région où la pluviométrie est très parcimonieuse. Sachant par ailleurs que les terrains irrigués ne représentent que 1,50% du total. D'où l'urgence de lancer le projet de 32.000 hectares réservés pour l'irrigation en parallèle avec d'autres initiatives pour mettre en valeur le potentiel agricole culture et élevage. Industrie 18% au niveau national Autre secteur l'industrie consacrée à l'exportation. La production industrielle de la province de Safi s'est établie à 24,185 milliards de dirhams de chiffre d'affaire avec prépondérance des industries chimiques et para-chimiques à hauteur de 90,68 % suivies des industries agroalimentaires avec 9,6%. Un chiffre plus parlant : l'activité industrielle à Safi représente 18% de la production au niveau national. C'est donc l'activité du groupe OCP qui vient en tête très largement parallèlement au secteur de l'industrie de pêche. Le reproche de pollution fait pendant de longues années pour cette activité, par ailleurs à haute valeur ajoutée, semble avoir entrainé des réactions dans la durée : déplacement d'unités vers Jorf Lasfar, projet de port minier au sud de la ville à proximité du site OCP en partenariat avec Direction des ports, ONE, OCP sans compter un vaste programme de développement durable avec plantation de dizaines de milliers d'arbres sur des centaines d'hectares. Actuellement un projet des plus importants du groupe OCP se décline en deux usines pour fabrication d'aliments pour le bétail « sans effets de nocivité pour la pollution », dont 90% de la production sera destinée à l'exportation. La protection de l'environnement est un des plus grands défis à relever pour Safi. La société civile à Safi s'est toujours posée la question : quel retour pour la ville dans le développement industriel ? Il aurait fallu au moins garantir un environnement moins polluée par les rejets toxiques gazeux des unités industriels mais aussi les rejets liquides déversés directement sans aucun traitement préalable sur le littoral ou dans des oueds, les décharges publiques de déchets solides dont celle de Safi se trouve aux portes de la ville. Le principe de valeur ajouté dans la production industrielle se trouve pour le moins un terni si de l'autre côté se poursuivent les dégâts environnementaux. Bien plus l'on tient la pollution marine pour l'une des causes du recul de la pêche dans la zone de Safi suite à l'intensification des rejets industriels non traités. Cela ajouté à l'exploitation anarchique des carrières de sable sur le littoral ce qui est de nature à dérégler sinon détruire l'écosystème. La richesse du sous-sol de l'arrière pays de la ville de Safi est archiconnue. Seulement elle semble être passée de bénédiction au niveau économique à malédiction au niveau environnemental du fait d'une « exploitation irrationnelle et archaïque » des carrières avec notamment pollution par la poussière. Rien que pour le gypse Safi et sa province ils disposent d'importants gisements d'excellente qualité, soit des réserves estimées à 5 milliards de tonnes. Actuellement 600 mille tonnes sont extraites par an dans 48 carrières. Il faudrait introduire des normes d'exploitation pour que l'environnement soit protégé. Il y a en plus 24 carrières de sable où l'on parle d'exploitation non contrôlée, sans compter 18 de pierres et de matériaux de construction. Un schéma directeur de gestion des carrières est en cours de réalisation au niveau de la région Doukka-Abda avec mesures visant l'atténuation de l'impact de la pollution et la réhabilitation des carrières abandonnées. Poterie et céramique Autre secteur emblématique de la ville de Safi est l'artisanat avec en particulier la poterie et céramique. Ce secteur a toujours été une sorte de vitrine de l'identité de la ville, son âme, son image à l'extérieur aux niveaux national et international. C'est lui qui vient à l'esprit dès que le nom de la ville de Safi est prononcé. Il fait l'objet actuellement de modernisation avec la mise à niveau de la colline des potiers, création d'un village de potiers pour les artisans de Chaaba et l'on assiste à l'éclosion de nouvelles générations d'artisans céramistes qui tentent de créer grâce à des coopératives un artisanat enraciné dans le substrat culturel, créateur, innovant et respectant les normes internationaux selon les critères du label national Madmoun lancé par le ministère de l'Artisanat. Tourisme Le tourisme à Safi se pose en situation de paradoxe : la province de Safi est dotée de potentialités immenses avec un littoral de 120 kms et un arrière pays des plus pittoresques, mais il n'y a pas de touristes car les sites ne sont pas valorisés et la ville et sa région sont enclavées du fait de l'état médiocre du réseau routier comme ressassé à longueur d'ans. Aussi l'absence de ligne directe voyageurs ONCF jusqu'à ce jour (s'il y a une ligne c'est simplement à cause des phosphates) et absence d'aéroport pour lignes aériennes intérieures. Pour dynamiser la province des projets de développement sont lancés : plusieurs lotissements de logements sociaux par Al-Omrane, projet de la décharge publique, dans le domaine de l'agriculture le projet Safi Land sur 240 hectares et employant 1.200 personnes, l'autoroute El Jadida-Safi dont les travaux doivent commencer pour se terminer en 2015, nouvelle Centrale thermique par l'ONE, le grand projet de port minier (5 milliards de dirhams) qui va permettre d'installer à l'actuel port une marina, projet d'un village de pêcheurs à Cap Beddouza par les Pêches maritimes, la voie expresse Marrakech-Safi qui devrait créer un grand développement touristique étant donné que Safi a toujours été le port de Marrakech. Des projets en étude une zone industrielle en partenariat avec l'OCP, Technoparc, projet d'une zone d'activités commerciale par le ministère de l'Industrie, du Commerce et Nouvelles Technologies. Répondant aux problèmes posés pour la dégradation de l'environnement du fait du développement urbains plusieurs projets d'assainissement liquide sont prévus parallèlement à celui de la RADEES à Jmaat Shaim, Sebt Gzoula, Centre Beddouza, Souiria Kdima, Centre Eyer, centre Bouguedra. Quant à l'assainissement solide le projet d'une décharge contrôlée par le groupement Abda pour la protection de l'environnement (ville de Safi, Sebt Gzoula, Jemaat Shaim) doit être réalisé en partenariat avec le ministère de l'Intérieur et département de l'environnement. Coût du projet estimé à 83 millions de dirhams.