Ils étaient dix et ils ne sont plus que deux. Deux qui doivent toutefois composer avec les autres, du moins certains de ces autres pas tout à fait éliminés de la course présidentielle. François Hollande a, certes, devancé Nicolas Sarkozy au premier tour de la présidentielle française. Une prouesse en soi tant que c'est la première fois qu'un président sortant (de la droite) arrive en seconde position. Prouesse encore plus importante du fait que c'est la première fois sous la Vème république qu'un candidat du PS arrache la pole position dans la capitale Paris. François Hollande enregistre également de très bons scores dans les quartiers populaires d'Ile-de-France. Et même dans certains fiefs de l'UMP. Toutefois, cette victoire de François Hollande souffre un bémol. Marine Le Pen arrive juste derrière l'hôte sortant de l'Elysée, et avec près du cinquième des voix exprimées. Une position qui confère au parti fondé par Le Pen père un rôle d'arbitre à courtiser pour le second tour et, au-delà de la présidentielle, laisse promettre d'âpres duels tripartites aux prochaines législatives. Mélenchon arrive un peu loin derrière la fille Le Pen avec un peu plus de 11,11% , et comme il a battit sa campagne autour de l'éviction de la droite et de son extrême, entre autres, il a tout de suite mis les voix du Front de Gauche, « sans rien demander » dans l'escarcelle du candidat PS pour le deuxième tour. De même pour Eva qui a aussi appelé à voter Hollande au deuxième tour. Encore faudrait-il que les militants suivent et votent pour un Hollande qui se veut « le candidat de toutes les forces qui veulent clore une page et en ouvrir une autre, où tous les atouts de la France seront mobilisés …(un) candidat du rassemblement pour le changement. Il doit être le plus large possible. » Nicolas Sarkozy, quant à lui a déjà commencé à flirter avec les électeurs du FN en jouant sur les cordes des « angoisses » et des « souffrances » qui concernent le respect (des) frontières. Mais avec son score et sa troisième place, Marine Le Pen se voit de plus grande ambition que d'offrir les voix du FN facilement à un camp ou à l'autre. «Face à un président-sortant à la tête d'un parti affaibli » la patronne du FN se voit comme la « seule opposition à la gauche laxiste et libertaire» et ne semble pas prête pour prendre parti pour aucun des deux candidats, qu'elle met dans un même panier. Un «UMPS» qu'elle n'a pas manqué de fustiger. Le porte-parole et compagnon de la candidate du FN, a estimé sur France Info, hier matin que le score obtenu par la fille de Jean-Marie Le Pen plaçait son parti en bonne position pour les élections législatives de juin mais n'a pas communiqué d'objectifs. Prié de dire si Marine Le Pen était en mesure de prendre position clairement en faveur de François Hollande ou de Nicolas Sarkozy, il a répondu qu' «en l'état actuel des choses, non. Sur les idées majeures de notre programme, ni les uns ni les autres ne les développent ou ne les défendent donc ça paraît très improbable ». Ce qui n'a pas empêché Nicolas Sarkozy de claironner lundi qu'il a entendu le "vote de souffrance" des électeurs du FN. "C'est un vote de souffrance", a-t-il déclaré devant son QG de campagne à Paris. "Moi je leur dis: 'je vous ai entendus'." Enfin, force est de reconnaitre que la mobilisation des électeurs n'a pas fait défaillance ce dimanche 22 avril. La participation enregistrée a flirté avec la barre des 80% . Traduisant ainsi que la dramatisation des enjeux par les candidats a porté ses fruits. Reste maintenant, aux deux protagonistes pour la course à l'Elysée, lors de cet entre deux tour de campagne, de convaincre les 20% qui ont boudé le premier tour à ce déplacer le 6 mai prochain pour engranger les voix nécessaire à la victoire finale. Car c'est chez eux et auprès des moins des 10% des centristes que se trouve la clé du portail de l'Elysée.