C'est un très fort moment de démocratie que notre pays vient de vivre à l'occasion de la présentation d'une déclaration gouvernementale, à mi-parcours de la législature, suivie de débats au sein des deux Chambres du Parlement, le tout retransmis en direct sur les ondes de la radio et de la télévision. L'initiative, dans sa forme comme dans son fond, constitue un acquis certain, en ce sens qu'elle consacre les usages démocratiques dans la vie politique, consolide les mécanismes du dialogue et de la communication entre les institutions gouvernementale et législative et sert l'interactivité, l'équilibre et la complémentarité des deux pouvoirs. L'acte, qui a conféré au contrôle parlementaire sa pleine dimension démocratique, a aussi permis au gouvernement de faire valoir la justesse de ses choix, l'efficacité de ses programmes, la détermination d'aller jusqu'au bout dans la réalisation des réformes, mais aussi de prendre note des critiques constructives et des remarques opportunes. Sans trop se soucier des positions politiques figées, l'exercice a le grand mérite d'avoir mis en avant le principe de la démocratie participative. D'avoir aussi permis à l'opinion publique de prendre connaissance du discours des uns et des autres, d'évaluer leur degré d'objectivité et de s'arrêter, par elle-même, sur les acquis, les réalisations, les projets, les entraves, le manque à gagner. Les Marocains ont ainsi eu l'occasion de comparer entre la réalité telle qu'elle se présente et certains discours foncièrement négativistes. Deux principaux enseignements se dégagent de la déclaration gouvernementale et des débats qui l'ont suivi: - Le premier est que le gouvernement, contrairement à ce qu'on véhiculait, travaille avec sérieux et méthodologie et agit sur la base d'une vision politique, économique, sociale et culturelle claire, conforme au projet sociétal voulu par SM le Roi et dans la droite ligne de la déclaration d'investiture d'octobre 2007. D'où les positions, les stratégies, les programmes et les mesures engagés pour la défense des intérêts supérieurs du pays, la mise en échec des plans des adversaires de notre intégrité territoriale, la poursuite de la construction de l'édifice démocratique et institutionnel, la consécration du respect des droits de l'Homme et des libertés publiques, la multiplication des chantiers de développement, le renforcement de l'attractivité et de la compétitivité de l'économie nationale, l'amélioration du climat des affaires, la gestion des crises avec une méthodologie conjuguant le conjoncturel et le stratégique, le parachèvement du cadre juridique et institutionnel de moralisation de la vie publique, la promotion de l'emploi, la lutte contre la pauvreté, la consécration d'un nouveau contrat social, la protection du pouvoir d'achat des citoyens, l'amélioration du revenu et le renforcement de la protection sociale, la consécration de la sécurité spirituelle et la consolidation de l'identité religieuse... Autant de réalisations, autant de chantiers nés de convictions et de volontés politiques. - Le deuxième enseignement apporte un démenti cinglant à la thèse, longtemps véhiculée, selon laquelle l'équipe gouvernementale est «disloquée» et la majorité parlementaire est «incohérente et peu solidaire». Les groupes de la majorité, dans les deux Chambres du Parlement bicaméral, ont été unanimes à saluer les choix «salutaires» du gouvernement et l'«efficience» de ses programmes, tout en exprimant leur détermination à demeurer mobilisés pour le succès des réformes engagées et à venir et pour la poursuite de l'exécution du programme gouvernemental décliné lors de l'investiture. Les propositions que la majorité a formulées, dans le cadre de la synergie qui doit justement imprimer les rapports entre les deux institutions constitutionnelles, s'inscrivent dans ce sens. Le message à retenir de cette solidarité affichée et de cet engagement clair et net est, de toute évidence, la satisfaction du bilan de mi-parcours et le renouvellement de la confiance de la majorité en le gouvernement Abbas El Fassi. Dans la foulée, l'opposition parlementaire, dans ces différentes composantes, a produit un discours qui la place parfaitement dans son rôle, mais sans toutefois sortir du style éculé de «l'opposition, quoi qu'il soit». Sa prestation aurait gagné en constructivité si elle n'avait pas été presque exclusivement motivée par des considérations purement partisanes. En tout état de cause, le Maroc vient d'enregistrer un autre saut qualitatif dans la mise en oeuvre des mécanismes de consolidation de la pratique démocratique et de promotion du dialogue entre les institutions gouvernementale et parlementaire. Un acquis de plus...