Cette photo de la légende. Elle montre deux personnalités historiques au parcours et destins contradictoires. D'abord Charlie Chaplin, figure emblématique du cinéma, un pur produit de ce dernier qui a imposé un personnage mythique et éternel, celui de Charlot, susceptible d'amuser les foules de toutes les générations confondues. Il devient impossible de ne pas évoquer son nom lors de toute approche de l'Histoire du septième art, tellement sa vie, son parcours, ses films, son style, les anecdotes de tournage, font partie intégrante de l'histoire du cinéma. En 1955, Charlie Chaplin effectue un large voyage vers l'Europe et dut transiter par le Maroc. Il fait escale à Tanger où il rencontre les notables de la ville. Parmi les jeunes talents de la ville, on lui présenta Bachir Skirej, un acteur doué pour la pantomisme. Imitant Chaplin sous les yeux de ce dernier, Charlie ne cacha pas sa stupéfaction tellement les gestes sont justes et l'imitation adroite. Emerveillé par le jeu acteur, Chaplin, en guise de reconnaissance et d'encouragement, fera don de sa canne et son chapeau à Bachir Skirej qu'il garda soigneusement. Le voyage de Charlie Chaplin devait le conduire à Marrakech, ville mystérieuse, impériale et exotique renvoyant aux mille et une nuits. C'est une ville aussi où le pouvoir du Makhzen, s'est beaucoup développé grâce aux excès d'autorités exercés par le pacha Glaoui, figure légendaire du pouvoir colonial élargi aux notables. Les autorités françaises ne pouvaient trouver meilleur serviteur usant de toutes les ruses et se livrant aux plus objecte des besognes pour arriver à ses fins. Il ne connaît pas d'autres rapports que ceux de la soumission. Driss Basri, futur ministre de l'Intérieur issu de la Chaouia, qu'on dit influencé par Glaoui, va s'avérer un véritable ange à comparer à ce pacha à la malice de renard. Les Marocains garderont à jamais cette image du pacha Glaoui, vaincu, viendra courber l'échine devant Sultan Mohammed V, ovationné par le peuple. Le pacha Thami Glaoui ne fut pas étranger au cinéma. Il comprit très tôt le pouvoir du cinéma en tant que moyen de propagande qu'utilise habillement les cinéastes de la métropole. Dès les années 20, il apporta toute l'assistance nécessaire aux cinéastes venus tournés dans sa circonscription aux limites indéfinies. Le cinéaste français Lurz-Morat devient son ami, lui, venu en 1922 tourner « Le Sang d'Allah » dont les prises de vues le conduisant à passer deux mois dans la région de Marrakech, on y installe de véritables ?. Et pour la première fois, on ouvre aux caméras les portes du palais appartenant au pacha « Haj » Thami Glaoui. Dans le même temps, on amena les figurants arabes et berbères de tous les villages avoisinants sur un simple ordre du pacha, mis bénévolement à la disposition du metteur en scène. Depuis, le palais Glaoui est devenu un véritable plateau de tournage dans la ville ocre. On y a tourné des dizaines de films, en noir et blanc, et en couleurs profitant des étendus de l'espace et de l'originalité des décors. De ce point de vue, Thami Glaoui mérite d'être cité en tan tque personnage, de cinéma… aussi.