Jbile El Yazid, peintre de la monnaie, expose ses œuvres récentes au club du Groupe Banque Populaire àCasablanca. Un évènement pictural qui « revisite la mémoire des monnaies marocaines », en révélant d'une manière plus crue la lumière, les couleurs et les matières insolites : ce que le langage conventionnel ne dit pas... On connaît Jbile et son obstination à saisir les formes en relief. Il a peint tant de toile afin que son art puisse conduire le regardant au cœur de son passé, au cœur de ces éléments constituant la véritable culture populaire et savante. Les énergies de la toile- corps, les traces et les effets, les intrigues et les mystères qui les alimentent. Jbile a choisi la plus moderne des techniques picturales, l'approche matiériste à l'état brut. L'artiste interprète à sa manière les vieilles pièces de monnaie marocaine, en exploitant un langage plastique brut et matiériste : relief, opacité, texture recherchée, lumière abondante, alchimie chromatique, touches tactiles, arrière-fond pour mettre en avant le motif graphique de la monnaie, la mise en abîme de la rondeur relative à la forme circulaire, le rythme visuel qui transcende la platitude de la toile dont le support nous fait penser à la peau voire au parchemin, aspect doré faisant allusion au passé glorifiant. Le travail de Jbile ne s'élabore pas à partir d'une forme précise, mais à partir de signes graphiques. Il se laisse aller au gré de la propre logique de la peinture connotative et sa faculté imaginative. Lorsqu'il engage son travail, il n'a pas de procédés préétablis. Il se laisse surprendre par sa pratique et les surprises qu'il provoque. Le signe en relief est un format qu'il affectionne particulièrement. L'inspiration des signes monétaires reflète une époque, un lieu historique et illustre si bien un devoir de mémoire collective. Il se fait miroir pour capter les reflets de notre ère. Les traces qui habitent ses œuvres renvoient tel un miroir aux images reconnaissables et mémorisables de l'artiste, passionné par la recherche à travers ses propres racines, qui révèle aussi un côté migrateur, empreint d'une mystérieuse alchimie de l'imaginaire, c'est comme un appel de mémoire. Il y a tant de recherche à travers des symboles, des signes où le contraste des couleurs reste dominant et soulignant la portée symbolique des traces en question. Les pinceaux de Jbile rendent avec un égal extase , non seulement les effets de la matière mixte mais aussi la sérénité des couleurs dégradées où l'éclat et la richesse des lumières, témoignent d'une technique magistrale sur le formidable pouvoir des couleurs. On sent aussi le métissage de ces œuvres si originales les unes que les autres, une rhétorique qui délivre les clés pour une meilleure assimilation de certains tracés graphiques , illustrés des signes monétaires , c'est l'accès à la pratique créative de l'artiste qui nous invite à contribuer à la diffusion d'un savoir technique rare et si précieusement élaboré par un travail acharné et obstiné même dans l'inachèvement….C'est une sorte d'exposé historique et éloquent destiné à cerner la spécificité de l'art monétaire, qui réuni aussi bien le graphisme, le référent historique que le fond esthétique qui met en toile la matière la plus approfondie de toutes les œuvres de Jbile dont le langage iconique évoque mystères, nostalgies et espoirs, aussi bien que les circonstances exceptionnelles qui ont forgé le destin de l'artiste.