Interrogée à l'Assemblée nationale, une délégation du fabriquant KNDS a justifié le fiasco du contrat de vente des canons Caesar au Maroc, qui a finalement choisi les canons israéliens Atmos 2000. Ce basculement est dû à des surplus techniques, dont l'option "lance-roquette" que le groupe français n'a pas pu offrir. Détails. C'est la faute à l'Ukraine ! C'est la conclusion qu'on peut tirer des justifications de KNDS, le fabriquant des canons Caesar après l'échec du contrat de vente au Maroc. Le contrat était, en principe, quasiment acquis vu que le Royaume a déjà commandé le canon réputé "le meilleur au monde", en 2020. L'idylle politique entre Rabat et Paris favorisait encore plus les chances du fabriquant français de s'emparer d'un nouveau contrat juteux. Pourtant, les FAR ont opté finalement pour 36 canons israéliens "Atmos 2000", fabriqués par Elbit Systems, tel que révélé par La Tribune il y a quelques jours, provoquant une onde de choc dans les cercles de défense à Paris. Cet échec n'est pas passé inaperçu en France où le Parlement français est entré en ligne pour demander des comptes à l'ancêtre de Nexter. Interrogé à la Commission de la défense de l'Assemblée nationale, Alexandre Dupuy, Directeur de Business Unit Systèmes de KNDS, a confirmé les problèmes techniques que le Maroc a signalés au fabriquant français comme révélé par La Tribune. "Nous avons livré les Caesar au moment où nous étions sollicités pour l'Ukraine", a-t-il reconnu, ajoutant que toutes la commande a été honorée. Les canons étaient destinés à équiper deux régiments d'artillerie qui sont aujourd'hui opérationnels. Aussitôt après la livraison, les artilleurs marocains ont commencé à observer quelques problèmes de fonctionnement au niveau de certains sous-ensembles, notamment hydrauliques. Ces composantes sont produits dans des chaînes de sous-traitance. La Tribune a révélé que KNDS n'aurait pas réagi rapidement aux signalements des responsables marocains, ce qui aurait exacerbé leur colère au point d'envisager l'alternative israélienne lorsqu'elles ont décidé de se procurer un nouveau lot d'artillerie tractée. Interpelé sur ce supposé manque de réactivité, Alexandre Dupuy s'est défendu. " Nous nous sommes mobilisés pour identifier et corriger rapidement la racine du problème, ce n'était pas simple puisqu'il fallait aller sur place à un moment où nous étions à notre capacité maximale de production pour la montée en cadence des livraisons à l'Ukraine", a-t-il expliqué. En 2022, en effet, le Maroc a reçu son premier lot au moment où les stocks de KNDS étaient quasiment amenuisées suite aux commandes passées par le gouvernement français pour doper l'artillerie ukrainienne face à la Russie. Visiblement gêné pendant l'audience, Alexandre Dupuy a estimé que le choix par le Maroc du groupe israélien Elbit Systms n'a rien de politique. "Ce n'est pas le sujet", a-t-il nuancé, rappelant que son groupe est fier d'équiper les armées marocaines qui, selon lui, continueront de bénéficier des améliorations techniques. Finalement, qu'est ce qui a poussé le Maroc à opter pour les Atmos 2000 israéliens alors que le contrat des Caesar était censé être en poche ? C'est un surplus technique que le fabriquant français a eu du mal à mettre sur la table. Le choix du Maroc est dû au fait que le groupe israélien a offert aux Forces Armées royales une option supplémentaire que KNDS ne pouvait offrir. Il s'agit de la capacité lance-roquette dont sont dotées les canons Atmos 2000 et dont les Caesar sont dépourvues. "Nous n'avons pas cette capacité et nous pensons que c'est cela qui a fait la différence au-delà de toute considération politique ", a-t-il regretté. Rappelons que le Maroc avait commandé 36 pièces Caesar, livrées en 2022. Le contrat a été estimé à 170 millions d'euros en plus de 30 millions de munitions avec la formation des artilleurs des FAR.