Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a demandé dimanche au chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA) Ali Akbar Salehi de «commencer à produire de l'uranium (enrichi) à 20%», dans une allocution retransmise par la télévision d'Etat. «J'avais dit: donnons (aux grandes puissances) deux à trois mois (pour conclure un accord d'échange d'uranium), s'ils ne sont pas d'accord nous commencerons nous-même» à produire de l'uranium hautement enrichi, a déclaré M. Ahmadinejad en inaugurant une exposition consacrée à la technologie laser. Mardi dernier, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad avait déclaré que son pays était toujours prêt à un tel échange. De son côté, le ministre iranien de la Défense Ahmad Vahidi a inauguré samedi deux sites de production de missiles, trois jours après le lancement d'une fusée spatiale, a rapporté la télévision d'Etat. Le premier site produit un missile sol-air baptisé Qaem (ascension), capable de frapper des hélicoptères ennemis. Le second fabrique un missile antichar appelé Toufan-5 (tempête). «Toufan-5 est un des missiles les plus avancés qui a deux têtes et peut détruire des chars et des véhicules blindés», a déclaré le général Vahidi. Il a ajouté que Qaem était «un missile capable d'atteindre des cibles aériennes, en particulier des hélicoptères volant à basse altitude», a-t-il ajouté. Cette annonce intervient alors que l'Iran célèbre la «décade de l'aube», qui doit culminer le 11 février, avec le 31e anniversaire de la victoire de la révolution islamique de 1979. L'Iran a lancé mercredi la fusée Kavoshgar-3, transportant pour la première fois des animaux vivants pour des expériences médicales. La capsule expérimentale, revenue sur terre, peu après le lancement de Kavoshgar, contenait des tortues, des vers de terre et un rat. Inquiétude et scepticisme en Occident A Munich, lors de la conférence sur la sécurité, Américains et Européens, sont restés sceptiques après des années de négociations avec l'Iran sur son programme nucléaire tenant du jeu du chat et de la souris. Pour le conseiller national à la sécurité des Etats-Unis, James Jones, les activités atomiques iraniennes représentent aujourd'hui «le plus grand motif d'inquiétude pour la sécurité collective». La veille devant le même parterre de diplomates et d'experts, le ministre iranien des Affaires étrangères Manouchehr Mottaki avait affirmé qu'un accord «final» sur l'échange d'uranium avec l'Iran pour le réacteur de recherche de Téhéran était à portée de main et Ahmadinejad avait déclaré mardi dernier que son pays était toujours prêt à un tel échange. Le général Jones, sans commenter ce possible revirement, a expliqué qu'»une course aux armements nucléaires au Moyen-Orient ainsi qu'une prolifération (militaire atomique) accrue dans le monde sont dans la balance». Le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, a été très explicite en déclarant samedi à Ankara «ne pas (avoir) le sentiment» qu'un accord avec l'Iran était proche malgré les nouvelles déclarations iraniennes. Il a demandé aux pays réticents à sanctionner Téhéran sur son programme nucléaire de «changer d'approche», alors que le chef de l'AIEA a annoncé n'avoir reçu aucune proposition nouvelle de l'Iran. Le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, n'a pas caché non plus pour sa part son scepticisme et a prêché pour la fermeté. Seuls les Chinois restent attachés à la voix diplomatique pour la résolution de la question. Le chef de la diplomatie de Pékin, Yang Jiechi, avait estimé jeudi à Paris que parler de sanctions renforcées maintenant à l'égard du programme nucléaire iranien, comme le veut notamment la France, ne fera que compliquer les choses. «La question nucléaire iranienne doit être résolue par un processus diplomatique», a déclaré le ministre chinois des A.E. lors d'une intervention devant l'Institut français des relations internationales (Ifri), un institut de recherche indépendant. Les Etats-Unis ont accéléré le déploiement de systèmes antimissiles dans le Golfe afin de parer à une éventuelle attaque iranienne dans le cadre d'un regain de tension lié au dossier nucléaire, a indiqué récemment le New York Times qui n'a pas été démenti par les autorités américaines. Les Occidentaux redoutent que Téhéran, sous couvert de son programme civil, ne cherche à produire de l'uranium suffisamment enrichi pour construire une arme atomique. L'Iran a toujours démenti un tel projet.