En décembre 2019, le Maroc témoignait des premières Assises de la régionalisation avancée qui se voulaient un moment de brainstorming entre hauts responsables étatiques, experts et acteurs privés, sur le modus operandi de ce chantier stratégique destiné à redéfinir les modes de gestion de nos régions, dont les performances étaient en deçà des attentes. Après moult échanges, des mécanismes de pilotage et de coordination ont été patiemment tissés, des réformes correctes ont été conduites avec minutie et les pouvoirs publics ont tenté tant bien que mal de façonner une organisation territoriale conforme aux aspirations de la population. Des efforts louables, certes, du moment que l'état général de nos collectivités territoriales est aujourd'hui bien plus reluisant et leur situation financière autrement plus prospère qu'il y a une petite dizaine d'années, voire plus, il y a vingt ans. Mais il n'empêche que nous sommes encore loin du modèle régional escompté, surtout que l'essentiel du PIB national est toujours porté par les trois super-régions du Royaume, tandis que le reste du pays a un PIB nominal par habitant inférieur à la moyenne nationale. Le hic, c'est que certains rouages de la mise en œuvre de la régionalisation avancée peinent à trouver leur rythme. Qu'il s'agisse de l'opérationnalisation effective des compétences propres et partagées, ou encore de la contractualisation entre l'Etat et les Régions pour mener à bien les projets de développement, sans oublier la faiblesse des ressources financières - frein majeur au renforcement de leurs capacités de gestion -, les obstacles persistent. C'est ainsi que les recommandations de la deuxième édition des Assises, qui cette fois a eu lieu à Tanger, insistent sur la promotion d'une «planification unifiée» des programmes régionaux, tout en assurant la convergence de la «programmation financière entre les programmes nationaux et régionaux», en tenant compte des spécificités de chaque région. Cette fois, cependant, l'erreur n'est plus permise ! Face à une crise climatique sans précédent et à des objectifs territoriaux majeurs en vue de la Coupe du Monde 2030, le Royaume se prépare à un test décisif, qui mettra à l'épreuve toute sa gouvernance. Qui sème, récolte...