A l'instar d'autres régions du Maroc, la région Meknès-Tafilalet a été affectée ces derniers jours par d'importantes perturbations climatiques donnant lieu à des précipitations et des chutes de neige qui ont sensiblement perturbé la circulation sur certaines routes nationales et régionales en isolant complètement des villages du Moyen Atlas. La baisse de température que connaît la région a accentué la souffrance de certains habitants, manquant d'équipement adéquat pour faire face à cet aléa climatique, surtout que l'enneigement a touché cette semaine une grande superficie s'étalant d'El Hajeb à Errachidia. Le spectre du drame d'Angfou semble dépassé avec l'installation d'hôpitaux des FAR voulus par le Souverain. Par ailleurs la vigilance des pouvoirs publics est à son extrême. L'enneigement a commencé à poser de sérieux problèmes pour les usagers de la route. Il aura fallu l'intervention des équipes de viabilité hivernales relevant du ministère de l'équipement et des transports de la région pour assurer des actions visant à assurer la pérennité de la circulation, à sensibiliser les usagers de la route et à réguler le flux de visiteurs, très nombreux pendant les week-ends sur l'axe Ifrane, Michlifen, Habri. Si cette situation exceptionnelle a fait le bonheur des hôteliers et des restaurateurs des stations de ski à Ifrane, incapable d'ailleurs de faire face à son succès. La ville a été vraiment prise d'assaut par des milliers de visiteurs, surtout que la neige était au rendez-vous et que la période coïncide avec un week-end prolongé vu la commémoration de l'anniversaire du Manifeste de l'Indépendance. Force est de constater que ce bonheur n'est pas de tout partagé par de grandes couches de la population qui souffre en silence, dignement, faisant face à des dépenses supplémentaires pour acquérir le bois de chauffage, adapter sa nourriture aux exigences du climat et faire face aux risques de rhumatismes et de pathologies accentuées par ce froid glacial. Les premières doléances viennent des fonctionnaires, les syndicats multiplient leurs protestations pour amener les pouvoirs publics à reconnaître cet état de fait et à trouver une formule pour indemniser ceux qui travaillent à Ifrane. La lutte contre le froid a un prix qui désavantage tous les employés dans cette belle province par rapport aux autres. Le prix du bois de chauffage en hausse constante et ce n'est pas un luxe, c'est une nécessité. Ne doit-on pas donc indemniser ? Pour M. Omar Benhlal, conseiller de la présidence de la Chambre d'agriculture de Meknès, si ces précipitations au mois de janvier sont certes une chance formidable pour l'agriculture dans une région justement à vocation agricole et dont plusieurs endroits ont été sinistrés des années durant des suites d'une sécheresse endémique, il souligne qu'il faut rester vigilants parce que notre région connaît parfois des chutes de grêle et des gelées matinales qui pourraient hypothéquer la croissance de certaines plantes. Mais ce sont plus particulièrement les personnes âgées qui souffrent le plus de ce climat trop froid, quasiment insupportable. Les rhumatismes sont fréquents dans les régions du Moyen Atlas, seulement des personnes aux ressources insuffisantes préfèrent se mettre au chaud, «hiberner» nous a confié un syndicaliste d'Azrou plutôt qu'engager des dépenses supplémentaires pour une maladie chronique qui surgira l'hiver d'après. Des villages ont été complètement isolés en attendant des journées plus clémentes. Heureusement, les citoyens de ces localités ont depuis longtemps appris à s'adapter à ces situations et les pouvoirs publics ont consenti d'énormes efforts pour désenclaver des régions entières. La chute du mercure en ce début d'année est remarquable dans la fumée qui échappe des cheminées à Azrou, Ifrane, El Hajeb. Cheminées qui laissent imaginer des âtres brûlants. Les paysages sont magnifiques, la neige est reposante. Encore faut-il que chaque habitant de ces régions ait le moyen de se procurer ces petites bûches, symbole de vie en pareille situation, à enfouir dans sa cheminée. Le drame d'Angfou la dernière fois aura au moins servi à quelque chose. Cette année la vigilance est d'actualité et les projets engagés dans le cadre de l'INDH ont permis de désenclaver plusieurs localités et surtout de doter ces localités d'infrastructures sanitaires de proximité.