Le Maroc va bénéficier, dans peu de temps, d'une nouvelle serre en verre à Benguérir. Ce projet vise à soutenir les efforts de recherches à la fois fondamentale et appliquée menées par l'Université Polytechnique (UM6P) et l'ensemble de son écosystème. Révélations sur ce chantier d'envergure destiné à garantir la pérennité de la recherche. Une nouvelle serre intelligente (une structure close ou semi-ouverte translucide, en verre ou en plastique, destinée en général à la production agricole), sera construite au Maroc, marquant ainsi un tournant majeur dans le développement des infrastructures de recherche de pointe dans le secteur agricole. Cette serre sera implantée au cœur de la ferme expérimentale de l'Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) de Benguérir. Elle fait ainsi partie de l'une des rares serres en verre dont dispose le Royaume, après celle de l'Ecole d'horticulture à Agadir. Bien qu'elles nécessitent un investissement plus élevé par rapport aux serres traditionnelles marocaines, les serres en verre sont des outils précieux pour la science moderne, offrant un environnement contrôlé pour la recherche approfondie et la promotion de l'innovation dans l'agriculture. Leurs avantages en matière d'entretien et de nettoyage permettent d'éviter les interruptions dans la recherche et la production, tel que le cas pour les serres en plastique. Ce projet, dont le budget de construction n'est pas encore révélé, est confié au constructeur hollandais Hortixs. Il intervient, selon Pr Mohamed El Gharous, responsable de programme au Centre d'Innovation Agricole et de Transfert de Technologie (AITTC - UM6P), pour répondre à la demande croissante en infrastructures de recherche et par la même occasion relancer plusieurs projets de recherche fine et fondamentale, dirigés par les professeurs de l'UM6P, toujours en attente. « Cette installation de pointe offrira à notre communauté de chercheurs un terrain de recherche proche, où ils pourront conduire leurs expérimentations dans un environnement contrôlé adapté à leurs besoins », souligne notre interlocuteur, soulignant que les compartiments de la serre seront accessibles également, selon la disponibilité des installations, aux partenaires publics et privés de l'Université, sur demande préalable indiquant l'objectif, l'espace requis et la durée souhaitée. Selon les informations obtenues auprès de l'UM6P, cette nouvelle serre s'étend sur une surface totale de 2 640 m2 et est divisée en 16 compartiments, variant de 80 à 120 m2 chacun. En plus des compartiments, elle sera équipée de chambres de croissance permettant un contrôle précis des conditions environnementales. Cela permettra donc de faciliter l'optimisation des recherches sur diverses espèces, en se concentrant sur l'amélioration des rendements, la résistance et la tolérance aux stress biotiques et abiotiques, ainsi que les meilleures pratiques de gestion des cultures.
La technologie à la pointe de la recherche La date d'aboutissement des travaux de construction de cette serre n'est pas encore connue. Toutefois, les acteurs de l'écosystème misent fortement sur sa valeur ajoutée pour l'accélération des travaux de recherche dans divers domaines. La nouvelle serre de Benguérir sera équipée de toutes sortes de technologies modernes dont l'université ne dispose pas dans ses serres actuelles, facilitant les travaux de recherche, y compris "une ventilation par des fenêtres de toit automatiques, un ombrage et une écran isolant automatiques sous le toit en verre, un système semi-fermé, et une chaudière à gaz pour le chauffage, parmi d'autres", énumère notre interlocuteur. Outre cela, le système de contrôle des conditions environnementales intégré dans la serre permet, selon les explications du Pr Mohamed El Gharous, d'ajuster des paramètres tels que la température, l'humidité, la lumière et le CO2 selon les exigences spécifiques de chaque expérimentation. « Cela permet aux scientifiques d'explorer les réponses des plantes à divers stimuli et de tester de nouvelles hypothèses avec une grande rigueur scientifique », ajoute notre interlocuteur. Mais pas seulement. Les technologies de pointe dont dispose cette infrastructure garantissent les conditions optimales requises pour la recherche, permettant ainsi d'assurer la pérennité des efforts de recherche et d'éviter les interruptions de certains travaux en raison du changement des conditions climatiques. Cette structure sera construite de façon à offrir la possibilité de tester et d'évaluer de nouvelles technologies visant à améliorer l'efficacité de l'utilisation des intrants, notamment les engrais, avant de passer à grande échelle. En outre, dans le souci de remédier aux problèmes liés à la qualité des sources d'eau disponibles à la ferme, un système de purification utilisant la technique d'ultrafiltration sera installé dans la serre. Pr El Gharous explique que ce système est destiné à permettre de purifier efficacement l'eau provenant de plusieurs sources avec une seule unité. A cela, s'ajoute l'utilisation d'un système d'irrigation fermé produisant presque pas de déchets d'eau et garantissant la durabilité de cette denrée. Dans le même souci, l'eau de drainage et l'eau pluviale sont collectées, filtrées et utilisées, faisant de cette serre une infrastructure à la pointe de la technologie et de la durabilité.
Recherche fondamentale first Ainsi, la nouvelle serre de Benguérir est destinée à révolutionner la recherche scientifique au Maroc. « Alors que les serres mi-tech existantes sont plus axées sur la recherche appliquée, cette serre est conçue et équipée pour soutenir à la fois la recherche fondamentale et appliquée », explique Pr El Gharous, soulignant que les exigences pour mener des recherches fondamentales sont généralement plus élevées d'autant plus que ses résultats servent de base solide pour les recherches appliquées, visant à résoudre des problèmes spécifiques ou à améliorer des technologies existantes pour répondre à des besoins concrets. A ce qui apparaît, cette serre ne sera pas la seule du genre à Benguérir. En plus des serres Mi Tech bien équipées à l'Agricultural Innovation and Technology Transfer Center (AITTC - UM6P), l'UM6P a expliqué que plusieurs serres High Tech, principalement en verre, seront mises en place en vue de stimuler la recherche dans ses deux dimensions, fondamentale et appliquée. Trois questions au Pr Mohamed El Gharous « La nouvelle serre de Benguérir permettra de conduire tout type de recherche fondamentale et appliquée »
* La serre de Benguérir n'est pas la première du genre. Qu'est-ce qui fait la particularité de ce projet par rapport à celui d'Agadir ? -Les objectifs sont différents. Notre serre est entièrement dédiée à la recherche et dispose de systèmes de tables polyvalents, conçus pour permettre la conduite de tout type de recherche fondamentale et appliquée. En revanche, la serre de l'école d'horticulture à Agadir se concentre sur la recherche appliquée et utilise principalement des systèmes de gouttières de culture pour optimiser l'économie d'eau. La serre d'Agadir est spécifiquement conçue pour collecter des données sur les cultures maraîchères, notamment la tomate, en mettant l'accent sur les méthodes de culture les plus efficaces et durables.
* Quelles technologies cette serre intégrera-t-elle ? -Un système de contrôle fourni par Hoogendoorn IIVO, doté d'intelligence artificielle, intègre des capteurs et des sondes diversifiés pour mesurer les paramètres du sol et de l'air. Chaque compartiment est entièrement géré et contrôlé par ce système. Les données, telles que l'humidité de l'air et du sol, la température de l'air et du sol, l'irrigation des cultures, la concentration en CO2 et les doses d'engrais à injecter, sont collectées et enregistrées automatiquement. Il est à noter, à titre d'exemple, que deux compartiments peuvent fonctionner sous des conditions climatiques différentes simultanément.
* Contrairement à d'autres pays, les serres en verre ne sont pas encore très répandues au Maroc. Comment expliquer cela ? -Le principal élément à considérer est le coût initial d'investissement et l'objectif d'utilisation de la serre. En termes d'investissement, les serres en verre sont généralement plus onéreuses que celles en plexiglas ou en plastique. Cependant, pour des recherches nécessitant des données fiables, l'investissement initial passe en second plan. Serre en verre : Coûteuse mais très adaptée à la recherche Selon les explications du Pr El Gharous, les serres en verre présentent plusieurs avantages : elles nécessitent un entretien minimal, sont faciles à nettoyer et permettent une transmission lumineuse optimale, ce qui les rend particulièrement adaptées à la recherche. De plus, le climat y est plus facilement contrôlable. Cependant, elles représentent un investissement plus élevé par rapport aux serres traditionnelles marocaines. À titre de comparaison, les serres en plastique nécessitent un remplacement régulier du toit, entraînant des coûts de maintenance élevés et des interruptions dans la recherche ou la production. Le verre est reconnu pour sa solidité, sa transparence et sa résistance accrue aux chocs et aux variations de température. Bien que son coût soit plus élevé que celui du plexiglass, le verre assure une transparence lumineuse supérieure jusqu'à 400 nm, et il est plus stable et durable, ce qui en fait un matériau recommandé pour les serres de recherche. L'UM6P explique, à cet égard, que le budget alloué à la construction de cette serre se compose de deux parties : une partie génie civil, dédiée à la préparation du terrain, de la plateforme et des systèmes de conduite (eau, assainissement, drainage, électricité, internet, etc.), et une deuxième partie concernant la construction de la serre elle-même, confiée au constructeur hollandais Hortixs. La serre, l'autre façon d'exploitation agricole La serre est un abri exploitant le rayonnement solaire, destiné à la culture et à la protection des plantes. L'objectif étant de créer un environnement propice à leur développement en tirant parti de l'influence du climat. Une serre est destinée à protéger les plantes non rustiques et à favoriser la croissance des cultures (légumes, fleurs, etc.) en créant des conditions climatiques plus favorables que le climat local ou pour permettre les cultures dites « hors saison ». En 2022, un centre de démonstration d'un hectare a été construit au milieu de cultures couvertes aux environs d'Agadir. L'objectif principal de ce centre était de montrer qu'il est possible de cultiver avec moins d'eau, en utilisant des techniques modernes. Aujourd'hui, cette serre permet d'obtenir de bons résultats et de recueillir des données précieuses sur l'utilisation plus efficace de l'eau et sur la récolte. Ces données, les chercheurs de l'université d'Agadir, l'Institut agronomique et vétérinaire Hassan II, peuvent les utiliser pour développer l'horticulture chez eux.La serre en question est également utilisée comme lieu de recherche, d'éducation et de démonstration.