Des assises nationales entre le gouvernement et les professionnels sont formulées pour développer la performance du secteur halieutique. C'est la proposition émise par la FENIP lors du Forum international de l'industrie halieutique, appelant également à une réforme globale du modèle économique de cette industrie. La ville de Casablanca a abrité, mercredi, la 3ème édition du Forum international de l'industrie halieutique au Maroc. Organisé par la Fédération Nationale des Industries de Transformation et de Valorisation des Produits de la Pêche (FENIP) en partenariat avec le Swiss Import Promotion Program (SIPPO) et la Commission Générale de la Pêche en Méditerranée (CGPM), cet événement était l'occasion pour des experts et responsables gouvernementaux de partager les expériences et d'identifier des solutions innovantes pour renforcer la durabilité économique, sociale et environnementale de l'industrie halieutique marocaine. « Le secteur halieutique fait face à une série de défis, sous l'effet de plusieurs facteurs climatiques, notamment l'augmentation de la température des eaux, la surpêche, la pollution de l'écosystème marin, la cherté des ressources énergétiques », a souligné d'emblée le ministre de l'Agriculture, de la Pêche Maritime, du Développement Rural et des Eaux et Forêts, Mohammed Sadiki, qui précise que, dans ce contexte, la durabilité du secteur est au cœur de la stratégie menée par son département. « Plusieurs avancées ont été réalisées en matière de durabilité et qui font aujourd'hui notre fierté au niveau national et international », a noté le ministre, citant les moyens de développement de la recherche halieutique, qui ont permis à l'Institut National des Recherches Halieutiques d'améliorer son suivi et ses évaluations des ressources. « Cette évolution permet à l'Institut de fournir des recommandations efficaces en matière de gestion adaptative des stocks commerciaux les plus importants », précise Sakidi, ajoutant que plus de 30 plans d'aménagement ont été mis en œuvre. Le responsable gouvernemental a également cité l'exemple de la filière aquacole en plein essor, avec la réalisation de 442 projets au niveau national.
« L'avenir du secteur dépend de la capacité de nos institutions et de notre secteur privé à innover et à collaborer de manière étroite pour atteindre les objectifs de durabilité à l'horizon 2030 », a affirmé Mohammed Sadiki, qui appelle à générer plus de valeur ajoutée au niveau des industries halieutiques.
Vers des assises spécifiques au secteur
Pour sa part, Hassan Sentissi El Idrissi, Président de la Fédération Nationale des Industries de Transformation et de Valorisation des Produits de la Pêche au Maroc (FENIP), a souligné l'engagement du secteur privé à concrétiser la vision Royale pour le secteur halieutique, qui consiste à garantir un développement durable et responsable des différentes filières maritimes. « Les industries de la pêche contribuent à hauteur de 2,3% au PIB, avec un chiffre d'affaires atteignant 28 milliards de dirhams en 2023 », a noté Sentissi, ajoutant que cette industrie, levier de l'économie nationale, « est fortement menacée, ce qui nous oblige à prendre des mesures audacieuses pour renforcer sa résilience ». Le Président de la FENIP a conforté les propos de Sadiki en matière de collaboration entre les secteurs privé et public, soulignant que seul l'échange avec les professionnels du secteur « peut donner des résultats adaptés à la réalité et aux besoins du terrain ». Sentissi a noté qu'il est « impératif » de repenser le modèle économique marocain pour ouvrir de nouveaux horizons au secteur. Il a ainsi prôné l'organisation des assises nationales, réunissant tous les acteurs pour définir les objectifs de développement durable. « La FENIP, consciente de ses engagements, appelle également à une réforme de la commercialisation du poisson industriel dans le cadre d'un modèle purement marocain, innovant et performant, adapté aux spécificités de notre tissu industriel actuel », a insisté le président de la fédération. Cette réforme devra concerner la maîtrise de toute la chaîne des flux financiers de toutes les chaînes de distribution de poisson en veillant strictement au respect de la chaîne de froid. « Il faut également veiller à la suppression définitive des intermédiaires parasitaires », a martelé Hassan Sentissi El Idrissi. Une telle refonte implique, selon le même intervenant, l'implication des armateurs et des industriels du secteur. « Face aux difficultés de financement rencontrées par les opérateurs du secteur, il est impératif d'instaurer des crédits maritimes adaptés », recommande Sentissi, précisant que les financements classiques octroyés par les banques ne conviennent pas aux besoins du secteur. Ce dispositif financier servirait à encourager les investissements dans les technologies innovantes et durables, facilitant par la même occasion l'accès au capital de façon à rendre l'industrie nationale plus résiliente et compétitive.
L'investissement dans la R&D s'impose
« La FENIP appelle ainsi à un contrat-programme avec tous les départements concernés et à travailler ensemble sur la réalisation de nos objectifs de durabilité », poursuit-il, notant que l'innovation reste un facteur important à cibler, notamment à travers l'investissement dans la recherche. La R&D permettra, selon le président de la FENIP, « l'introduction de nouveaux matériaux d'emballages par exemple, en substitution des boîtes métalliques, respectant ainsi l'environnement ».
Les différents intervenants du forum ont également souligné l'importance des partenariats public-privé pour moderniser les infrastructures, développer la chaîne de valeur et créer des emplois. Ils ont aussi souligné l'importance de l'intégration sociale, en assurant la participation des communautés côtières dans la gestion des ressources et en promouvant leur bien-être socio-économique.