Israël a averti que son armée lancerait une offensive contre Rafah si les otages israéliens détenus à Gaza n'étaient pas libérés d'ici au début du ramadan, en dépit des pressions internationales visant à protéger les quelque 1,4 million de Palestiniens entassés dans la ville. Alors que les espoirs de trêve s'éloignent, une partie de la communauté internationale s'inquiète des retombées qu'une opération militaire aurait pour la population civile vivant dans des conditions souvent précaires à Rafah, adossée à la frontière fermée de l'Egypte. "Si d'ici au ramadan, les otages ne sont pas à la maison, les combats continueront partout, y compris dans la région de Rafah", a déclaré dimanche le ministre israélien Benny Gantz, membre du cabinet de guerre de Benjamin Netanyahu. "Le Hamas a le choix. Ils peuvent se rendre, libérer les otages et les civils de Gaza pourront ainsi célébrer la fête du ramadan", a ajouté l'ex-chef de l'armée dans un discours devant la Conférence des présidents des principales organisations juives américaines. De vives inquiétudes se sont exprimées dans le monde, face à la perspective d'une offensive contre Rafah que Benjamin Netanyahu se montre déterminé à lancer.
« Une offensive coordonnée »
Selon Benny Gantz, une offensive se ferait de manière coordonnée et dans le cadre d'un dialogue avec les "partenaires américains et égyptiens", "en facilitant l'évacuation des civils" pour "minimiser (...) autant que possible" le nombre de victimes dans leurs rangs. Israël n'a pas encore officiellement fourni de détails sur les modalités d'une évacuation des civils et le lieu de leur relocalisation. Le président français Emmanuel Macron et son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi ont exprimé "leur ferme opposition" à une offensive ainsi "qu'à tout déplacement forcé de populations" vers l'Egypte, a indiqué Paris dimanche dans un communiqué. Rafah et la ville de Khan Younès, situées dans le sud de la bande de Gaza et distantes de quelques kilomètres, ainsi que d'autres secteurs du territoire palestinien ont été la cible de bombardements israéliens qui ont fait 127 morts en 24 heures, a indiqué dimanche le ministère de la Santé du Hamas. A Khan Younès, ville natale du chef du Hamas à Gaza, Yahia Sinouar, cerveau présumé de l'attaque du 7 octobre, l'hôpital Nasser "n'est plus fonctionnel après un siège d'une semaine, suivi d'un raid en cours", a affirmé sur X le chef de l'Organisation mondiale pour la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus. Sept malades, dont un enfant, y sont morts depuis vendredi à cause de coupures d'électricité, et "70 membres du personnel médical dont des médecins des soins intensifs" ont été arrêtés, selon le ministère de la Santé du Hamas.
« Ce n'est pas une guerre, c'est un génocide »
En Cisjordanie occupée, trois Palestiniens ont aussi été tués dimanche dans un raid israélien, dont un cadre d'un groupe armé, selon des sources concordantes, dans un contexte de vives tensions et d'intensification des agressions israéliennes sur ce territoire depuis le 7 octobre. Principal allié d'Israël, les Etats-Unis menacent pour leur part de bloquer un nouveau projet de résolution au Conseil de sécurité de l'ONU exigeant "un cessez-le-feu humanitaire immédiat". Washington menace de mettre son veto au texte présenté par l'Algérie au motif qu'un vote pourrait "aller à l'encontre" des négociations impliquant les médiateurs égyptien, américain et qatari en vue d'une trêve et d'une libération d'otages. Le Premier ministre du Qatar Mohammed ben Abdelrahmane al-Thani a cependant affirmé samedi que ces pourparlers n'étaient "pas très prometteurs". Dans une attaque virulente contre Israël, le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a déclaré que "ce qui se passe à Gaza n'est pas une guerre, c'est un génocide", en comparant l'offensive israélienne à l'extermination des Juifs par les nazis. Le président brésilien "a déshonoré la mémoire des six millions de Juifs assassinés par les nazis (...) Il devrait avoir honte", a rétorqué Benjamin Netanyahu. Lula a aussi réitéré son appel à un règlement du conflit israélo-palestinien vieux de plusieurs décennies sur la base de deux Etats, israélien et palestinien, comme le préconise une grande partie de la communauté internationale. Israël doit mettre fin à son occupation brutale de la Palestine Amnesty International a souligné lundi la nécessité de mettre fin à l'occupation israélienne des territoires palestiniens, soulignant que « l'occupation israélienne de la Palestine est la plus longue occupation militaire et l'une des plus meurtrières au monde ». L'organisation a déclaré sur son site officiel qu'« Israël doit mettre fin à son occupation brutale de Gaza et de la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, qu'il maintient depuis 1967 », afin de « cesser d'alimenter le système d'apartheid et les violations systématiques des droits humains ». Et d'ajouter que "tous les pays doivent revoir leurs relations avec Israël pour s'assurer qu'elles ne contribuent pas à la perpétuation de l'occupation et du régime de l'apartheid". Selon Agnès Callamard, secrétaire générale d'Amnesty International, « pendant des décennies, cette occupation a été caractérisée par des violations systématiques et généralisées des droits des Palestiniens. L'occupation a également permis au régime d'apartheid israélien imposé de lutter contre les Palestiniens et de le consolider ». Elle a souligné que « le conflit qui fait actuellement rage dans la bande de Gaza occupée, où la Cour internationale de Justice a statué qu'il existe un risque réel et imminent de génocide, a clairement mis en évidence les conséquences désastreuses de permettre aux crimes internationaux commis par Israël dans les territoires palestiniens occupés de continuer en toute impunité pendant si longtemps ».