A l'instar des prisons civiles, les prisons militaires sont surpeuplées. Les pensionnaires ne sont pas que des hommes de troupes et sous-officiers condamnés pour des motifs militaires, telles les désertions, les insubordinations ou autres. De nombreux militaires sont en prison pour des motifs purement politiques. « Outre les dizaines de généraux incarcérés dans le cadre des règlements de compte ou pour avoir critiqué dans des réunions privées le général Chengriha et l'ambiance de terreur qu'il fait régner dans l'institution militaire, de nombreux officiers subalternes et sous-officiers continuent de faire l'objet de condamnations dans les différents tribunaux militaires des six régions que compte le pays », indique une source, sous le sceau de l'anonymat. La même source nous indique que le 2 février dernier, trois prévenus ont été condamnés individuellement pour des motifs politiques. Le plus élevé dans le grade, un colonel, chef du secteur militaire de la wilaya (département) de Tizi-Ouzou (capitale de la Kabylie), a été condamné à 7 ans de prison. Il est accusé de complicité dans l'embrasement de la Kabylie par des feux de forêts durant l'été 2021. Une condamnation qui vient réveiller de vieux démons et qui a surpris les présents dans la salle d'audience du tribunal militaire de Constantine (capitale de l'est algérien). Une assistance composée des familles des prévenus, de gendarmes et d'avocats. « Alors que le pouvoir en place, par le canal de la presse publique et privée, avait, à l'époque, accusé le Maroc, Israël et le Mouvement pour l'Autodétermination de la Kabylie (MAK), on est surpris, aujourd'hui, de voir un officier supérieur de l'armée accuser par sa hiérarchie d'être derrière les feux de forêts qui ont ravagé la Kabylie en 2021 », ajoute notre source. Le procès ne dura pas longtemps et fut vite expédié avec une condamnation du prévenu à 7 ans de prison. Le procès d'un officier subalterne accusé d'appartenance au MAK n'a pas duré longtemps. Alors qu'il s'agissait d'une accusation très grave et qu'on s'attendait à voir défiler une brochette de complices, il n'en fut rien. Le prévenu reconnut son adhésion au MAK et ne posa aucun problème. Selon le procureur de la république, « les enquêteurs ont trouvé dans son téléphone des échanges de messages avec Ferhat Mehenni, (le leader de ce mouvement classé comme organisation terroriste au mois de mai 2021 par le pouvoir algérien) ». Interrogé par nos soins, Ferhat Mehenni, le président du MAK et du gouvernement provisoire kabyle, déclare n'avoir jamais échangé de messages avec des militaires militants de son mouvement. « A moins que ce militaire n'ait pas décliné sa qualité d'officier. En tous les cas, nous avons des milliers de militants de toutes les catégories sociales et dans tous les secteurs d'activité y compris dans l'armée. C'est tout à fait normal », ajoute le leader kabyle. Dans la même journée, le sergent-chef de gendarmerie, Abdelmalek Adel, dont nous avions évoqué l'enlèvement et la disparition dans une précédente édition, a réapparu dans la salle d'audience du tribunal pour être jugé pour « atteinte à la sûreté de l'Etat ». Il est accusé d'avoir gardé sur son laptop des Procès-verbaux de plaintes de citoyens qui portent sur des querelles de voisinage, de violations de domiciles, d'agression, etc. Des PV qu'il avait supprimés mais restés dans le cache du disque dur de son PC. « Ils n'ont aucun caractère politique et ne constituent aucune atteinte à la sûreté de l'Etat » lance-t-il à l'adresse du juge selon notre source. Il en est de même pour les photos souvenirs pris avec ses collègues, il y a plus de dix ans, et qui n'ont aucun caractère politique. Le juge lui intima l'ordre de se taire lorsqu'il avait commencé par dire qu'il a été « atrocement torturé dans les locaux de la DGSI ». Il a été, également, empêché de raconter « les difficiles conditions de son transfert de Tébessa à Alger par des éléments de cette même DGSI ». Le procès est liquidé en 30 minutes malgré la gravité de l'accusation. Il est condamné à 8 ans de prison. Rappelons, qu'actuellement se déroule au tribunal de Blida à 50 KM d'Alger), le procès du colonel Bennacer Boualem, colonel de la DGDSE et ex-consul d'Algérie à Alicante. Il est accusé de conspiration contre l'un des conseillers du pérsident Tebboune et actuellement son Directeur de cabinet.