Depuis l'adoption en juin 2021 de la loi n°13-21 relative aux usages licites du cannabis, 609 autorisations de production sur 1.063 demandes ont été examinées et traitées. Depuis l'annonce de la nouvelle orientation du Royaume quant à la régulation du cannabis à usage médical, plusieurs avancées ont ainsi été réalisées. Ceci dans le but d'entamer une transformation de la chaîne de valeur illégale et artisanale du cannabis vers un modèle licite et organisé. Lequel se focalise sur la valorisation médicinale de cette plante. Alors que les questions sur le nombre d'autorisations octroyées revenaient souvent dans les débats, l'Agence Nationale de Réglementation des Activités relatives au Cannabis (ANRAC) a levé le voile sur ce point, annonçant que jusqu'à fin novembre dernier, 609 autorisations sur 1.063 demandes ont été examinées et traitées. Dans une déclaration à l'Agence « MAP », un responsable de l'ANRAC a indiqué que 430 autorisations ont été accordées au profit des agriculteurs pour l'activité de culture et de production de cannabis. En outre, 179 autres ont été octroyées pour des activités de transformation dont 47 à des fins industrielles. Dans le même sillage, 7 autorisations ont été octroyées à des fins médicales, 51 à des fins de commercialisation, 54 à des fins d'exportation ainsi que 17 à des fins d'importation des semences et 3 à des fins de transport, a-t-il précisé. De même, ces 179 autorisations ont concerné 82 opérateurs : 7 établissements pharmaceutiques, 13 coopératives, 45 sociétés et 17 personnes physiques, a poursuivi le responsable. Il convient de noter dans ce sens qu'il faut en moyenne près de 24 mois pour qu'un écosystème de ce genre aboutisse, sachant qu'il y a des aspects sensibles qui impliquent de prendre le temps et les précautions légales et normatives nécessaires pour permettre un contrôle strict de cette nouvelle filière. 2,1 millions de semences importées
En 2023, l'Agence a également certifié quelque 2,1 millions de semences de cannabis sur la base de 21 autorisations d'importation octroyées par l'Office National de Sécurité Sanitaire des produits Alimentaires (ONSSA) et enregistrées au niveau des Douanes, pour une superficie de 277 Ha, en faveur de 32 coopératives de production regroupant 416 agriculteurs. La filière de valorisation légale du cannabis se doit actuellement d'utiliser des graines importées dans le cadre d'une procédure strictement encadrée par l'ANRAC, et ce, bien que le Royaume dispose d'une souche locale de cette plante. Concernant l'industrialisation de cette dernière, une source autorisée de la coopérative Biocannat dans la région de Bab Berred, Province de Chefchaouen, nous a déclaré que les producteurs sont « intéressés par la souche locale, mais pour l'instant, nous utilisons des graines qui ont été importées et qui sont conformes au cahier des charges stipulant que le taux de THC doit être inférieur à 1%. Quant aux institutions chargées de la recherche dans ce domaine, elles trouveront une graine locale qui est conforme aux standards exigés, et nous ne manquerons pas de l'employer ». Il est à noter que la production de cannabis enregistrée en 2023 au niveau des trois provinces réglementées s'élève à 294 tonnes, avec un rendement moyen variant de 10 à 27 Qx/Ha.
Adaptation au marché mondial L'ANRAC a présenté lors de son Conseil d'Administration, tenu courant décembre, le bilan de ses réalisations en 2022. Celui-ci a fait l'état d'avancement des réalisations techniques et financières de 2023 et le programme d'action de la campagne 2024. Elle a fait savoir, à cet égard, que les produits de cannabis marocains à base de Cannabidiol (CBD) peuvent être commercialisés dans les compléments alimentaires et les produits cosmétiques cette année aux niveaux national et international, relevant que les arrêtés y afférents ont été signés en novembre 2023 par les ministères de la Santé et de l'Agriculture. Intérêt crescendo L'ANRAC a affirmé que la réglementation de la filière de cannabis a suscité un intérêt croissant de la part des agriculteurs et des investisseurs pour exercer les activités relatives aux usages du produit, ajoutant que les agriculteurs ont montré une réelle volonté de se reconvertir vers la production du cannabis licite. L'Agence accordera en 2024 une attention particulière à la valorisation de la variété locale de cannabis et à la promotion de l'investissement dans la filière de cannabis marocain en adéquation avec le besoin du marché mondial.