Dans les ruelles du quartier du Mellah, la vie reprend son cours normal pour la majeure partie des habitants sauf ceux qui ont perdu leurs foyers et qui se réfugient toujours dans la Place des Ferblantiers où les subsides continuent d'affluer. Reportage. Au centre de Marrakech, près de la Mosquée Koutoubia, qui a tremblé sans s'écrouler lors du séisme, toutes les routes mènent le quartier juif de la cité Ocre ( Mellah), l'un des quartiers les plus touchés par les secousses, où les dégâts sont considérables. Après le choc, les habitants de ce quartier chargé d'histoire semblent laisser derrière eux le macabre souvenir du tremblement de terre et tentent de renouer avec la vie. Les commerçants réouvrent leurs boutiques et reprennent le négoce. "Nous n'avons pas le choix, il faut vivre et ramener du pain à la maison", nous confie Boubker, marchand d'épices, dont le local est situé à l'entrée de la cité. Avec un ton facétieux typique des Marrakchis, Boubker se réjouit que sa boutique n'ait pas trouvé le sort tragique des bâtisses qui se sont écroulées. Dans plsuieurs passages, les traces des décombres sont toujours dans les ruelles. En les sillonnant, on trouve encore ici et là des amas de pierres amoncelés le long des murs. Au moment où le ménage se poursuit, quelques ruelles ont été interdites d'accès. "La route ici est jonchée de pierres, mieux vaut emprunter l'autre chemin", nous explique un agent d'autorité soulignant qu'il est toujours dangereux de passer par ce chemin à cause des éventuelles chutes de pierres qui peuvent se produire du haut des maisons délabrées. Idem pour le fameux Palais El Badiî, qui n'a pas été épargné par le séisme. Les dégâts semblent tels que les autorités ont jugé nécessaire de suspendre l'entrée à ce monument à titre provisoire. "Il y a des parties qui ont été touchées, les autorités ont décidé de fermer le palais pendant quelques semaines le temps d'achever les travaux de rénovation", nous explique un propriétaire d'une boutique contiguë au palais. Nous avons tenté de joindre la direction du Palais pour s'enquérir de l'état d'avancement des travaux, sans succès. Nombreuses sont les locaux qui sont visiblement endommagées, dont certaines font d'ores et déjà l'objet de travaux de réfection. "Ceux qui ont les moyens, n'ont pas de problèmes, ils peuvent se le permettre, mais nous les modestes gens, il nous est difficile de commencer dès maintenant", lâche d'un ton attristé, Mourad, propriétaire d'un magasin dont les murs ont été fissurés. " On attend avec impatience ce que les autorités vont nous proposer", ajoute-t-il, tout en se disant heureux d'apprendre que l'Etat s'apprête à venir en aide aux populations impactées par le séisme dans le cadre du programme de reconstruction. Idem pour plusieurs personnes que nous avons interrogées lors de la tournée dans le quartier. Si à l'intérieur du quartier, la vie semble sereine avec la reprise du négoce de l'activité touristique, la situation est plus dramatique à l'extérieur. Au bord du quartier, la Place des Ferblantiers regorgent toujours de tentes où sont entassées plusieurs familles sans abris. Agglutinées sous des tentes où il fait chaud, ces familles n'ont pas encore une idée sur leur avenir. "Nous ignorons ce qui nous arrivera, nous vivons au jour le jour", lâche une des locataires des tentes, mère de trois enfants, qui n'a pas préféré ne pas citer son nom. Un témoignage qui revient souvent dans la bouche de ceux que nous avons interrogés. Jusqu'à présent, ces familles, qui vivent sous les tentes parsemant la place, sont prises en charge aussi bien par les autorités que par les bénévoles qui leur donnent de la nourriture, des couvertures et tout ce dont elles ont besoin. Nous avons croisé une ONG israélienne qui fait le tour de la place pour recenser les gens sinistrés. "Nous distribuons les vivres à ces personnes qui en ont vraiment besoin" , nous explique un des membres de l'ONG qui accompagne deux responsables, habillés en costumes de style orthodoxe. Ces derniers s'arrêtent à chaque tente pour discuter longuement avec leurs locataires.