Le mois sacré du Ramadan est toujours l'occasion pour toutes les publications, indépendamment de leur périodicité, de se mettre au goût de cette période propice au recueillement et à la spiritualité. La lecture est généralement l'activité la plus prisée. Dans ce sens, nous avons choisi de faire un voyage à travers l'histoire des régions du Royaume en dressant le profil à travers le temps d'un certain nombre de villes marocaines. L'histoire du Maroc qui remonte à plus de douze siècles se révèle être l'une des plus riches et des plus fécondes que l'humanité ait connues. Nous commencerons durant ce mois sacré par le circuit des villes impériales en évoquant certaines de leurs particularités historiques, architecturales et urbanistiques. Il en sera ainsi des principales étapes qui ont marqué l'itinéraire à travers le temps des villes des seize régions du royaume. Une Histoire récente Casablanca est une ville récente. Elle est contemporaine d'un choc (plus que d'une rencontre) de cultures et de sous-cultures. Ce qui ne veut pas dire que cette ville n'ait pas d'ancêtre fondateur. Les historiens s'accordent à nommer «Anfa» le site ancien de la ville. Aujourd'hui, Anfa désigne un quartier résidentiel de luxe. Mais on retrouve évoqué le nom d'Anfa dans des textes du XIème siècle, faisant remonter ainsi sa fondation (par les Zénètes) à la même époque que celle de Salé. Cependant, les découvertes archéologiques à Sidi Abderrahman (sortie sud de Casablanca) attestent d'un peuplement du site depuis la préhistoire et son occupation par l'homme durant l'époque Paléolithique. Cependant les origines de la ville ne sont pas connues exactement mais il semble que la ville d'Anfa se trouvait autrefois au même endroit qu'actuellement. On ne sait au juste qui, des Phéniciens, des Carthaginois, des Romains ou des Berbères, fonda Anfa mais elle joua un rôle important dans l'histoire marocaine à la fin du VII e et au début du VIII siècle. Au Moyen Âge Anfa fait partie du royaume des Berghouattas qui dominait toute la région de la Chaouia, avant d'être prise par les Almohades en 1188. Sous la dynastie des Mérinides, le port prospère grâce aux relations commerciales avec la péninsule ibérique, mais le déclin du pouvoir de Fès amène les habitants d'Anfa à se rendre indépendants et à multiplier des raids de piraterie sur les côtes portugaises. Ils furent attaqués en 1469 par une flotte puissante commandée par Ferdinand du Portugal. La ville, rapporte Léon l'Africain, était «dans un tel état qu'il n'y avait plus d'espoir qu'elle soit jamais habitée à nouveau». Les habitants d'Anfa, n'étant pas en mesure de se défendre, désertent la ville définitivement pour se rapatrier sur Rabat et Salé. La ville détruite, restera inhabitée pendant trois siècles. Mais les habitants d'Anfa armaient dans leur petit port «des fustes avec lesquels ils commettaient de grands ravages dans la presqu'île de Cadix et sur toute la côte du Portugal. La ville subit une autre attaque portugaise en 1515. Soixante ans plus tard, les Portugais s'installèrent dans l'ancienne ville qui fut fortifiée, reconstruite et baptisée du nom de Casa Blanca. Les attaques incessantes des tribus voisines et les ravages provoquées par le terrible tremblement de terre de1755 obligèrent les Portugais à se retirer de Casablanca. En 1770, le sultan Mohammed III qui venait de perdre alors la ville de Mazagan (El Jadida), décide de reconstruire cette place pour la préserver d'un débarquement Portugais. La ville est appelée «Dar El Beida» (maison blanche) ou ‘'Casablanca'' (en espagnol). D'emblée, le sultan la dote d'une mosquée, d'une médersa et d'un hammam. Au XVIII siècle, la ville devint un important centre commercial. Ce rôle s'accrut et en 1862 un service régulier entre Marseille et Casablanca fut établi. La ville se développe grâce à l'accroissement de l'industrie du textile, et Casablanca deviendra l'un des plus grands fournisseurs de laine du bassin méditerranéen. Elle sera dotée d'un port moderne, aidée par la France, détrônant ainsi Tanger comme premier port marocain dès 1906. La mosquée Hassan II La mosquée Hassan II est la troisième plus grande mosquée au monde, après La Mecque et celle de Médine. Construite sur la mer, celle-ci possède un minaret de 200 m de haut, ce qui est en fait l'édifice religieux le plus haut du monde. Située à Casablanca et planifiée sur le site de l'ancienne piscine municipale, sa construction a débuté le 12 juillet 1986 et son inauguration a eu lieu le 30 août 1993. Le parvis de la mosquée peut accueillir 120 000 fidèles et la salle de prières 25 000 fidèles. Un toit ouvrant de grande dimension, permet selon le vœu de Feu Hassan II de relier cet édifice à l'air, considéré comme l'un des trois éléments bénéfiques à la vie, avec la terre et l'eau. Conçue par l'architecte Michel Pinseau, elle a été édifiée par le groupe français Bouygues, la maîtrise d'ouvrage étant assurée par sa filiale marocaine l'entreprise Bymaro. La première pierre fut posée le 12 juillet 1986 et l'inauguration eut lieu le 30 août 1993, après sept ans de travaux. Etant donné que la mosquée se trouve au bord de la mer, les fondations ont nécessité 26 000 m³ de béton et 59 000 m³ d'enrochement afin de lutter contre les effets de la houle. Pour l'édification du bâtiment contenant la salle de prière, le minaret et la madrassa, huit grues de 220 t au m² et douze grues mobiles ont été installées. Pour la réalisation du minaret, une grue d'une hauteur record de 210 m, a été mise en place. Les structures de l'ensemble de la mosquée sont en béton armé habillé de décors issus de l'artisanat marocain. La réalisation de l'ensemble de l'œuvre a mobilisé environ 35 000 ouvriers et artisans effectuant 50 millions d'heures de travail. La salle de prières est surmontée d'une toiture mobile de 3400 m² et de 1100 t qui peut se déplacer en cinq minutes grâce à un système de roulement à chaîne. Lorsque le toit est fermé, la salle des prières est éclairée par 50 lustres et huit appliques en verre de Murano. Les plus imposants mesurent six mètres de diamètre, dix mètres de hauteur et pèsent 1200 kg. La couverture de la toiture a nécessité la pose de 300 000 tuiles spécialement réalisées en fonte d'aluminium par le groupe Bouygues (maître d'œuvre) imitant la tuile en terre cuite vernissée traditionnelle de Fès mais quatre fois plus légère. Ces tuiles ont apporté un gain de poids de 65 % par rapport aux tuiles traditionnelles avec des performances de fiabilité beaucoup plus élevées.Pour la finition et les objets religieux, des artisans de tout le royaume ont contribué à couvrir plus de 53 000 m² de bois sculpté et peint plus de 10 000 m² de zellij représentant 80 motifs originaux. Le plâtre sculpté et peint a été entièrement travaillé sur place par 1500 artistes sur plus de 67 000 m². Les coupoles en bois ont été fixées sur des charpentes réalisées avec 971 t d'acier inoxydable et suspendues à la structure en béton armé. Sites archéologiques et historiques Sidi Abderrahmane Cette carrière est située au sud de Casablanca, les fouilles ont commencé dans ce site depuis 1941 par Neuville et Ruhlman. Les travaux d'exploitation de la carrière mettaient successivement à jour plusieurs cavités : grotte des ours, grotte du Rhinocéros, grotte de l'éléphant, cap chatelier…. Ce site est rendu célèbre par la découverte en 1955 dans la grotte de littorines d'une mandibule fragmentaire, qui est connue sous le nom de l'Atlanthrope de «Sidi Abderrahman» et qui remonte à plus de 200.000ans. L'industrie lithique livrée par ce site se compose de milliers d'outils de pierre taillée caractéristiques de L'Acheuléen et qui est associée à une riche faune fossile avec plusieurs espèces. Ce grand Patrimoine de Casablanca est connu à l'échelle mondiale. Il est actuellement menacé par l'accroissement de la zone urbaine. Grotte des Rhinocéros La grotte des Rhinocéros est un site d'intérêt Préhistorique inventorié et sous la protection de la Direction du Patrimoine. Il présente un caractère exceptionnel et une importance patrimoniale abondant outillage Acheuléen associé à une très riche faune de mammifères dont l'âge est estimé aux environs de 400 000 mille ans. Elle est considérée comme étant la plus riche du Quaternaire nord-africain, avec plus de trente espèces de mammifères avec abondance du rhinocéros blanc. Histoire de la SQALA La SQALA est un monument historique qui se trouve à Casablanca, située face au port de pêche, ce bastion fortifié du 18 ème siècle est l'un des rares vestiges du règne de Sidi Mohammed Ben Abdellah. Ce Sultan Alaouite, à qui l'on doit la reconstruction de Casablanca en 1770, avait en effet armé la cité d'une batterie, la Sqala pour compléter le dispositif défensif atlantique. Le nom Sqala (Sekkala, Scala) dans la langue des marins de toutes origines, dérive d'un terme latin devenu en français «Les échelles» et plus récemment l'escale. Par sa position intermédiaire entre la mer et la ville, elle assure surtout la défense de la Médina et menace les navires indésirables de la rade de Casablanca, écrit Jean-Luc Pierre dans son ouvrage «Casablanca et la France, XIXe-XXe siècle». Donc, l'opportunité de revaloriser la Sqala se présente en 2001. RestoPro propose alors d'investir dans la création d'un espace culturel doublé d'un restaurant traditionnel. La Sqala est désormais « le » restaurant marocain de référence qui a su garder toute l'authenticité d'une cuisine orientale traditionnelle, tout en y apportant une touche de créativité. Il y a deux entrées pour visiter cet Ancien site historique réaménagé, là, où je suis sur la photo, c'est en face au port, et l'autre entrée est derrières les remparts de l'ancienne médina. le restaurant propose une cuisine typiquement marocaine. Tout le raffinement du Maroc se déploie dans cet endroit mythique à la décoration mauresque subtile. En plein air, idéalement situé derrière les remparts de l'ancienne médina. Le mellah Le mellah, quartier où habitent les résidents juifs, est situé au Sud et Sud-ouest de la ville. Il n'en subsiste actuellement qu'une petite partie, contiguë à la médina. La tendance des migrations de juifs d'Azemmour, de Rabat, et d'autres villes côtières, amorcée au siècle dernier a connu une accélération particulière durant le premier tiers du 20 ème siècle. Ainsi et dès 1926, Casablanca devient la première ville juive du pays. Longtemps, les juifs marocains ont quitté leurs terroirs d'origine, attirés par les activités mercantiles des villes portuaires et les possibilités qui en découlaient ; leur rôle traditionnel d'intercesseurs entre acheteurs européens et commerçants musulmans a trouvé là un terrain de prédilection. Le mellah de Casablanca n'a bientôt plus suffit, car La médina et les quartiers qui lui sont contigus recueillent alors une population mixte, formée de juifs et de musulmans. En termes de flux migratoires et de mouvement dans la ville, la migration des juifs marocains vers Casablanca a précédé celle de leurs compatriotes musulmans. Carrières Thomas Le site préhistorique dit des carrières Thomas à Casablanca s'affirme comme l'un des plus importants pour la connaissance des premiers peuplements d'Afrique. L'étude de deux grottes qui ont livré une faune variée et une industrie lithique à cachet archaïque, permet d'attribuer aux restes d'Homo erectus associés un âge Tensiftien inférieur. Les carrières Thomas sont situées à 8 km environ de Casablanca à gauche de la route menant à Azemmour, et un peu en retrait, par rapport au littoral, des célèbres carrières de Sidi Abderrahman, dont elles ne sont distantes que de quelques centaines de mètres. L'exploitation de leur grès calcaire, utilisé dans la construction, met fréquemment à jour des remplissages de grottes et de fissures contenant des restes de faune et d'industrie lithique. Elles doivent leur Intérêt aux restes d'Homo erectus qu'elles ont livrées (mandibule, fragments crâniens et maxillaire). Chronologiquement, ces spécimens datent probablement du début du Tensiftien avec un âge qui avoisine 400.000 ans. Par ailleurs la révision stratigraphique de la carrière Thomas en 1986 a permis la découverte d'un outillage de l'Acheuléen ancien dont l'âge est estimé à 700.000 ans. Cette industrie est considérée comme étant le témoignage le plus sûr de la présence humaine au Maroc, présence qui pourrait dater du tout début du pléistocène moyen.Un fossile mis au jour, le 15 mai 2008, montre des caractères très comparables à ceux de l'hémi-mandibule trouvée en 1969. La mandibule de la carrière Thomas a été trouvée dans une strate sous-jacente à un niveau qui avait déjà livré à l'équipe quatre dents humaines d'Homo erectus (trois prémolaires et une incisive), dont une a été datée directement de 500 000 ans avant notre ère. Ces restes humains étaient associés à des outils de pierre taillée, caractéristiques de la civilisation de l'Acheuléen et à de nombreux restes d'animaux (babouins, gazelles, équidés, ours, rhinocéros, éléphants...) ainsi que d'abondants micromammifères indiquant un âge vraisemblablement un peu plus ancien. Plusieurs méthodes de datation sont actuellement mises en œuvre pour affiner ce cadre chronologique. Mdina qdima La médina, (mdina qdima) de Casablanca est située sur la partie Est et Nord-est de la ville. La médina recueillait bâtiments administratifs (tribunal, douane, consulats étrangers) et demeures citadines (résidences du Gouverneur, des Européens, des fonctionnaires et principaux commerçants de la ville). La topographie de cette partie de Casablanca est conforme au type urbain de la médina arabe, à savoir des ruelles plutôt que des rues, des impasses plutôt que des places, et une structure compacte, concentrique plutôt que celle linéaire. Pour André Adam, la vieille médina représenterait le noyau ancien de la ville d'Anfa. Son édification n'a pas été le fait d'une population citadine. Bien que contemporaine, mdina qdima est une cité d'essence traditionnelle, constituant pour la première et dernière fois une référence historique à la ville démesurée d'aujourd'hui. Habous Le quartier des Habbous a été entièrement conçu sur le modèle de la médina traditionnelle. Création unique au Maroc, ce quartier abrite mosquées, hammam, boutiques isolées ou regroupées en « kissariat », « fondouk », marché… Bref, tous les grands éléments urbains propres au rite et à la vie musulmane sont réunis. C'est dans la partie Sud de la ville, juste derrière le Palais Royal, que s'étend le quartier des Habous. Il représente, avec ses placettes et ses ruelles bordées d'arcades, un exemple réussi d'adaptation moderne des fonctions traditionnelles d'une médina.Tout d'abord destinée à loger la population rurale venue chercher un emploi à Casablanca, la nouvelle médina fut rapidement prise d'assaut par les familles aisées de la ville, attirées par les charmes d'une alliance réussie entre tradition et urbanisme moderne.Il est vrai qu'avec ses ruelles, ses petites places, ses arcades en pierre et ses échoppes traditionnelles, la nouvelle médina est un lieu des plus authentiques. Elle est en fait née du plan d'urbanisme entrepris par le Général Lyautey dans les années 20.