Durant la nuit de dimanche à lundi, une quinzaine de maisons à Tanger se sont écroulées. Un glissement de terrain, dû à un chantier de construction, a mis des centaines de familles à la rue. Il était 21 heures, ce dimanche, lorsque les habitants du quartier populaire Merkala à Tanger, qui s'apprêtaient à passer une nuit paisible, ont été pris de panique. Les fissures qui rongeaient leurs demeures depuis des mois se sont amplifiées. Les murs commençaient à bouger annonçant la catastrophe tant redoutée. Les habitants ont couru vers les autorités de la ville pour chercher des secours. Une fois sur place, les autorités n'avaient plus d'autre solution que d'évacuer les familles. «On a plié bagage pour sortir très vite avant que les murs ne s'écroulent sur nos têtes», témoigne un habitant. Une à une, comme un château de cartes, les maisons s'écroulaient devant les yeux de leurs locataires. Rien à faire. Le drame, survenu entre 1h et 2h du matin, était inévitable. Le terrain où avait pris place ce quartier d'habitats insalubres était prédisposé à ce glissement qui a englouti une quinzaine de maisons. Le bilan n'est que provisoire car il devra certainement doubler ou tripler, à en croire des témoins du drame joint par ALM. A l'heure où nous mettions sous presse, d'autres habitats de ce quartier s'effondraient toujours. «C'est un terrain à risque qui a cumulé plusieurs facteurs ayant entraîné son glissement. Le chantier en cours, entamé par une entreprise, a provoqué la déstabilisation du terrain et la catastrophe a fini par avoir lieu. L'entreprise était censée faire appel à un bureau d'étude pour établir l'état des lieux afin de déterminer l'état du terrain. Et pour entamer des constructions, il faut également s'assurer des mesures de sécurité nécessaires, dont la stabilité du sol», explique Malika Laâroussi, responsable de la Division urbanisme à la wilaya de Tanger. Et de préciser qu'une enquête sera menée par les autorités pour déterminer les responsabilités dans ce drame et engager des poursuites en justice. Le chantier présumé responsable de cet effondrement appartient à une société de BTP espagnole qui comptait construire un complexe résidentiel sur la plage Merkala. «Une semaine avant le Ramadan, cette société a enlevé de grosses pierres du terrain pour avancer dans ses travaux et cela a très certainement accéléré l'effondrement des maisons», affirme un riverain. En fait, les accusations ne désignent pas qu'un responsable, mais plutôt trois. «Les travaux d'assainissement effectués par Amendis passaient de ce quartier et la pluie qui s'est abattue sur Tanger ces derniers jours a contribué à fragiliser le terrain», soulignent plusieurs habitants. Prévisible donc, ce drame n'était pas inattendu par les autorités de la ville. D'après le maire de la ville, Dehmam Derham, les habitants du quartier faisaient déjà l'objet d'une demande d'expulsion. Mais aucun ne s'y était plié. «En ce moment même, une réunion est en cours pour établir un programme de relogement des familles», déclare le maire. C'est tout un drame social que vient de déclencher l'effondrement de ces habitats. Des centaines de familles qui vivaient depuis plus de dix ans dans ce quartier se retrouvent aujourd'hui sans toit. Ce terrain qui ressemble à une pente a cédé aux multiples pressions qu'il subissait jour après jour. Même s'il n'y a pas eu de morts, des familles se retrouvent à la rue et en plein hiver. «Nous avons passé la nuit de dimanche à lundi à grelotter devant les débris de nos maisons. C'est un choc qui a même entraîné chez certains des dépressions nerveuses. Heureusement, aujourd'hui, la journée est ensoleillée», confie une des victimes. «Le quartier d'un quart d'heure» comme l'appelaient communément les Tangérois pour plaisanter est désormais anéanti.