La situation sécuritaire au Sahel, alimentée par un affaiblissement des Etats de la région, exacerbe les efforts du Maroc pour intensifier ses efforts de lutte contre les dérives provenant des groupuscules terroristes présents dans la région. L'insurrection et le terrorisme en Afrique de l'Ouest ne cesse de s'exacerber ces derniers temps, conjugués à des coups d'Etat à répétition. Une vraie menace est en train d'avoir lieu, constituant une descente aux enfers continue pour ce continent qui, déjà, fait face à d'autres fléaux tels que la pauvreté, la sécheresse, la famine... Les activités des groupes extrémistes se sont multipliées en Afrique, notamment dans l'Ouest, et de nombreuses attaques de groupes fidèles à « l'Etat islamique » et à« Al-Qaïda » ont été enregistrées. La menace des groupes extrémistes se déplace progressivement du Sahel vers les Etats côtiers du golfe de Guinée, affirment les observateurs qui précisent que les groupes extrémistes en Afrique ont pu attirer et recruter de nombreux jeunes grâce à la propagande sur les réseaux sociaux pour de futures attaques.
Un Sahel déchiré Le Sahel est confronté depuis plusieurs années à une série de menaces dont les plus emblématiques sont le terrorisme islamiste, les trafics illicites et la criminalité organisée. Ces menaces ont contribué à déstabiliser cette région et, dans certains pays, ont accentué la fragilité de l'Etat. Souvent, la faiblesse des institutions démocratiques et le rôle partiellement dysfonctionnel des forces de sécurité, le manque de stratégies sécuritaires au niveau national, l'insuffisance des ressources financières, ainsi que les intérêts contradictoires des divers acteurs empêchent la mise en place de structures de sécurité modernisées. Cette situation aggrave le climat d'insécurité et accentue davantage les risques d'instabilité non propice au développement socio-économique des pays de l'espace sahélien. C'est dans ce contexte que prospèrent également les réseaux de narco trafiquants, qui essaiment dans cette partie du continent à travers plusieurs axes transfrontaliers, contribuant à déstabiliser la région du Sahel et à fragiliser la paix et la sécurité dans cette zone. Lors de l'ouverture des travaux de la deuxième édition de la Réunion de Haut Niveau des Chefs d'Agences de lutte contre le terrorisme et de sécurité en Afrique, "Plateforme de Marrakech", le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l'étranger, Nasser Bourita, a mis en exergue la situation sécuritaire au Sahel, soulignant que le Maroc est "prêt et disponible pour jouer son rôle" à cet égard, en tant que co-président de l'Africa Focus Group relevant de la Coalition mondiale contre Daech, aux côtés de l'Italie, du Niger et des Etats-Unis. "Nous sommes tous conscients que la région connaît une augmentation dévastatrice des attaques terroristes et de la violence", a-t-il fait remarquer, ajoutant que les groupes terroristes prennent régulièrement pour cible les civils et les infrastructures militaires, profitant de la porosité des frontières et des conditions de vie difficiles des communautés locales. Selon le ministre, les chiffres reflètent cette situation, d'autant plus que 60% de tous les décès causés par le terrorisme dans le monde sont survenus en Afrique subsaharienne. "En 2022, la région du Sahel a enregistré plus de décès dus au terrorisme que l'Asie du Sud et la région MENA réunies", a-t-il déploré, ajoutant que les groupes terroristes utilisent des technologies avancées et nouvelles, telles que les drones, les moyens virtuels et les plateformes de communication cryptées. "L'Afrique est le seul continent où trois branches de Daech et d'Al-Qaïda sont actives", a rappelé Bourita, faisant savoir que 19 groupes séparatistes armés s'activent dans 22 pays africains. Par ailleurs, Bourita a réaffirmé l'engagement du Maroc en faveur de la réussite de la "Plateforme de Marrakech", en tant que "marque de son engagement indéfectible à l'égard de son continent".
Impact du terrorisme et de l'insurrection au Sahel sur le Maroc
Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) a, plus tôt cette semaine, publié une vidéo intitulée "Oh, citoyens du Maroc", d'une durée de 38 minutes et 35 secondes. La vidéo comprend un contenu de propagande visant le recrutement de jeunes jihadistes et avec des intentions belliqueuses flagrantes. Il s'agit de la première fois qu'AQMI dirige ouvertement sa propagande contre le Maroc. Ce groupuscule a comme coutume de mener ses campagnes de propagande en établissant des communiqués, ainsi que des vidéos, afin d'enrôler un maximum de jihadistes, d'après le média Sahel Intel qui a publié la nouvelle sur son compte twitter.
Le Maroc et la lutte contre le terrorisme La montée en puissance du terrorisme dans la région a poussé le Maroc à se retrousser les manches davantage et à intensifier ses efforts afin de faire face au terrorisme. En témoigne le rapport de l'Institut pour l'économie et la paix, qui a publié, en mars dernier, l'édition 2023 de son Indice mondial du terrorisme (Global Terrorism Index, GTI). Une édition qui révèle que le Maroc a encore progressé dans le classement mondial, gagnant 7 places cette année, et qu'il se situe dans la catégorie des pays où l'impact du terrorisme est très faible. Avec un score de 0,757, le Maroc affiche l'un des niveaux de sécurité antiterroriste parmi les plus élevés au monde. Cette performance n'est nullement le fruit du hasard. C'est le résultat de l'approche globale et multidimensionnelle du Royaume en matière de lutte antiterroriste, une approche qui a montré d'ailleurs sa pertinence et son efficacité et qui sert désormais de modèle et d'exemple pour beaucoup de pays. Il convient de noter que la modernisation et la professionnalisation des services de sécurité marocains, initiées au lendemain des attentats de Casablanca (2003), ont été couronnées par la création en 2015 du Bureau central d'investigations judiciaires (BCIJ). La mise en place de cette Branche, conformément aux Hautes Instructions Royales, était une réponse à l'impératif de renforcement de la bonne gouvernance sécuritaire, en adéquation avec les nouvelles dispositions de la Constitution qui consacrent les principes de la démocratie et de l'Etat de droit.
Mohamed ELKORRI DGSN : Baisse de 23% des arrestations liées au terrorisme en 2022 Le Maroc a enregistré une baisse des arrestations liées au terrorisme en 2022. Dans son rapport annuel, la Direction Générale de la Sûreté Nationale (DGSN) a indiqué que la police judiciaire marocaine a renvoyé 20% des cas de crimes organisés au parquet compétent pour leur implication présumée dans des crimes liés au terrorisme et à l'extrémisme violent. Ce nombre représente une baisse de 23% par rapport à l'année précédente, lorsque les services de sécurité avaient renvoyé 38 personnes au procureur chargé des affaires de terrorisme. Les autorités marocaines de lutte contre le terrorisme ont démantelé plus de 214 cellules terroristes entre 2002 et 2021. Les arrestations ont permis aux services de sécurité de traduire 4.304 suspects en justice.