Le président français Nicolas Sarkozy a affirmé, mercredi, que la France se tient aux côtés du Maroc, de l'Algérie, de la Tunisie et de la Libye dans leur combat contre le terrorisme. La région du Maghreb est de plus en plus en proie au danger terroriste d'Al Qaïda. En l'absence d'une coopération étroite entre les Etats de la région, la menace d'Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) prend de l'ampleur. Selon des observateurs, le fait que cette organisation terroriste impose désormais aux pays européens de s'asseoir autour de la table des négociations et verser des rançons énormes pour obtenir la libération des otages occidentaux enlevés par les ravisseurs de l'AQMI, montre que la menace terrorise persiste et ne cesse de se développer dans la région. Un danger qui nécessite aujourd'hui et plus que jamais la mise en place des mécanismes réels et efficaces de coopération internationale, à partir du moment où le terrorisme transcende les frontières et les continents. La France est consciente de ce constat. Mercredi 25 août, la République française a affirmé être aux côtés du Maroc et du Maghreb dans leur lutte contre le terrorisme. S'exprimant devant la conférence annuelle des ambassadeurs de France réunis au Palais de l'Elysée, le président Nicolas Sarkozy a affirmé que la lutte contre le terrorisme était «une priorité absolument majeure» pour la France. M. Sarkozy a souligné que dans la région du Sahel, «la France aide sans réserve les gouvernements qui en font la demande» dans la lutte contre le terrorisme. «La France se tient aussi aux côtés du Maroc, de l'Algérie, de la Tunisie et de la Libye», a-t-il ajouté. «Leur combat contre le terrorisme est le nôtre», a assuré le président français qui a relevé la proximité géographique entre le Maghreb et l'Europe. «Je vous rappelle que le détroit de Gibraltar est à 12 km», a dit le président Sarkozy pour souligner la proximité entre les deux rives de la Méditerranée. M. Sarkozy a relevé également le danger de la mise en place éventuelle d'un «arc de crise du terrorisme» allant du Pakistan au Sahel. «Il n'y a pas aujourd'hui de coordination opérationnelle entre les groupes qui agissent d'un bout à l'autre de cet arc de crise», a-t-il assuré. «Mais si la situation devait se dégrader, le risque serait grand de voir apparaître une chaîne continue liant les bases terroristes de Quetta (Pakistan) et du Sud-afghan à celles du Yémen, de la Somalie et du Sahel», a-t-il noté. Ceci dit et étant donné ce soutien de la France qui ne peut être que bénéfique dans le cadre de la lutte contre le terrorisme de l'AQMI, certains observateurs n'ont pas manqué de critiquer la politique de certains Etats européens qui n'hésitent pas à négocier avec l'AQMI et lui octroyer des sommes d'argent importantes pour la libération des otages enlevés par Al Qaïda. «En principe, on ne négocie pas avec une organisation terroriste. Ce qui renforce l'AQMI aujourd'hui ce sont les négociations entamées avec elle par les gouvernements occidentaux, suite à l'enlèvement des ressortissants étrangers. Je parle dans ce cadre de l'Autriche, la France, l'Italie et même dernièrement l'Espagne. Ces négociations renforcent politiquement l'AQMI et c'est ainsi que cette organisation a réussi à avoir une certaine légitimité et une reconnaissance de fait», explique le politologue Mohamed Darif (voir entretien ci-contre). Pour ce dernier, la lutte contre le terrorisme d'Al Qaïda doit passer par une approche sécuritaire efficace se basant sur la collecte des données et des informations et nécessitant une coopération étroite entre les Etats de la région. «Omar le Sahraoui» et les otages espagnols «Omar le Sahraoui», auteur de l'enlèvement des deux Espagnols qui ont été libérés par l'Aqmi, était présent dans le désert malien au moment de leur libération, a affirmé mercredi la presse espagnole s'appuyant sur des images de la chaîne catalane TV3. Omar Sid'Ahmed Ould Hamma, alias «Omar le Sahraoui», qui avait été condamné en Mauritanie à 12 ans de prison assortis de travaux forcés pour l'enlèvement des humanitaires espagnols, avait été extradé vers le Mali puis libéré peu avant la libération de Roque Pascual et Albert Vilalta. L'extradition vers le Mali «d'Omar le Sahraoui» était une des exigences d'Aqmi pour libérer les deux otages espagnols. Des liens solides entre le Polisario et l'AQMI Un récent rapport du Centre européen pour le renseignement stratégique et la sécurité (ESISC) affirme que les liens entre le délitement du front Polisario et le développement du terrorisme au Sahel sont de plus en plus étroits et l'effondrement de ce mouvement alimente l'activité de l'organisation AQMI. «Si cette hypothèse reflétait à l'origine la simple crainte d'une dérive du Polisario, elle devient chaque jour un peu plus concrète, au point de faire désormais consensus chez les analystes de la situation sécuritaire dans la région», souligne l'ESISC dans un rapport intitulé «Le front Polisario et le développement du terrorisme au Sahel».