Mardi 20 juin, le site d'information En-Nahar publie à une heure tardive de la soirée une information faisant état de l'invitation faite à l'ambassadeur des Emirats Arabes Unis à Alger de quitter le territoire algérien dans les 48 heures. Il est ajouté que quatre diplomates émiratis sont expulsés pour intelligences avec les services israélien, le MOSSAD. A quelques minutes du coup de minuit Tebboune limoge son ministre de la Communication et le ministère des Affaires Etrangères dément catégoriquement l'information, dans la soirée même. Moins d'une heure après sa publication, l'information est retirée du site de ce média inféodé au pouvoir et dont le propriétaire, Anis Rahmani de son vrai nom Mohamed Meguedem, se trouve en prison pour purger une peine de 10 ans de prison pour corruption et enrichissement illicite. Mais, le peu de temps de parution de cette information a suffi aux réseaux sociaux pour s'en emparer et lui assurer une large diffusion. Les choses semblent sérieuses et graves. On s'attendait à une vive réaction contre le site En-Nahar dont le journal papier a cessé de paraître depuis l'arrivée de Tebboune au pouvoir. Anis Rahmani, son patron, avait participé au complot mené par le général Wassini Bouazza, alors tout puissant patron de la Direction Générale de la sécurité Intérieure, qui avait manœuvré contre la désignation de Tebboune à la tête de l'Etat algérien. Le général-major Bouazza est dégradé au rang d'homme de troupe et condamné à 16 ans de prison et le patron du groupe En-Nahar croupit dans une prison du sud du pays, à quelques 800 km d'Alger. Au lendemain, de la parution de cette information, les autorités algériennes n'ont plus soufflé mot sur le sujet. Le démenti du ministère des Affaires Etrangères à une heure tardive de la soirée suivi par le limogeage de Mohamed Bouslimani, ministre de la Communication semblaient suffire. Inutile d'ouvrir une enquête qui risque de provoquer un affrontement aux conséquences dévastatrice, entre Tebboune et Chengriha. Il est évident, que c'est bien le chef d'Etat-major de l'armée qui contrôle les services secrets qui est derrière cet « incident ». Le média En-Nahar connu pour être un relais médiatique des services secrets algériens ne se serait jamais permis de publier une information si grave si ça ne venait pas d'une source en mesure de les protéger.
Le quotidien El-Khabar prend le relais d'En-Nahar
Il en est de même pour le quotidien arabophone « El-Khabar » qui s'est joint à la troupe en publiant, dans son édition du jeudi 27 juillet, un brûlot d'une rare violence contre les Emirats Arabes Unis sous le titre « Abou Dhabi, la capitale de la pagaille ». Il est, particulièrement mentionné dans cet article que « des responsables émiratis ont fourni au Maroc, un système d'espionnage contre l'Algérie. Des pressions émiraties sur la Mauritanie en vue la normalisation des relations avec Israël. Incitation de la Tunisie à rompre ses relations avec l'Algérie en contrepartie d'une importante aide financière émiratie. Une tentative d'inonder l'Algérie par 2 millions d'unités de psychotropes à partir de la Libye » L'origine de ce brûlot, « des sources bien renseignées » nous dit le quotidien El-Khabar. Autrement dit, les services de sécurité qui rapportent des informations qui devaient fait l'objet d'un rapport à transmettre au chef de l'Etat pour prendre les mesures qui s'imposent dans pareille situation. La moindre des choses, le ministre des Affaires Etrangères aurait dû convoquer l'ambassadeur émirati à Alger et lui demander des explications. Les informations contenues dans cet article suffisent largement à provoquer une rupture en urgence des relations diplomatiques entre les deux pays. Pour beaucoup moins que ça, le 24 août 2021, Alger avait rompu ses relations diplomatiques avec Rabat avant de décider un mois plus tard de fermer son espace aérien à l'aviation civile et militaire marocaine à la suite d'une décision prise au cours d'une réunion du Haut Conseil de sécurité tenue le 22 septembre 2023. Pourtant, à ce jour, les autorités algériennes n'ont jamais réussi à fournir la moindre preuve justifiant ces décisions qui empoisonnent l'existence aux deux peuples frères qui souffrent déjà de la fermeture des frontières terrestres depuis 1994. Le brûlot d'El-Khabar n'a suscité, jusqu'ici, aucune réaction ni du côté algérien et encore moins du côté émirati. Certes, il a été publié alors que le président Tebboune se trouvait en Allemagne pour des soins. Mais, à son retour, aucune décision n'a été prise que ce soit à l'encontre du journal ou en direction des Emirats Arabes Unis. Encore une fois, on soupçonne l'ombre des services secrets algériens se profiler derrière cette manœuvre. Et qui dit services secrets dit le général Saïd Chengriha, le chef d'Etat-major de l'armée et homme fort du pays. Il est de notoriété publique que les relations entre Alger et Dubaï ne sont guère au beau fixe. Pour preuve, le refus de cheikh Zayed le président des EAU de rencontrer Tebboune ou de lui serrer la main au 26ème Forum économique international de Saint-Pétersbourg qui s'était déroulé du 14 au 17 juin 2023. Malgré la tentative de Tebboune d'inciter Poutine à organiser une rencontre tripartite, l'émir Zayed Al-Nahyane a tenu à bouder le chef de l'Etat algérien. Une première dans l'histoire de l'Algérie dans ses relations internationales et notamment avec les pays arabes. Fâché, Tebboune, de son côté a commis l'impair de ne pas présenter ses condoléances à l'Etat émirati à la suite du décès de son altesse cheikh Saeed Ben Zayed Al-Nahyane, représentant du gouverneur d'Abou Dhabi et frère du président des Emirats Arabes Unis. Cependant, Alger n'oserait jamais déclarer ouvertement son différend avec les EAU et ne songerait nullement à se les mettre à dos. Leur capacité de nuisance est forte au point où le régime algérien risque fort de se trouver isolé davantage sur la scène arabe. Ce qui n'est pas fait pour arranger les choses pour celui qui n'arrête pas de claironner que la diplomatie algérienne a repris des couleurs et a remis l'Algérie dans la ligne des Etats respectables. Ce qui reste à prouver quand on est considéré comme un élément de déstabilisation régionale au vu de ses relations houleuses avec Rabat, Madrid, Paris et Dubaï. Des capitales qui comptent.