Attijari Global Research indique, dans son récent « Research report strategy », que 67% des investisseurs financiers prévoient une hausse du taux directeur (TD) de 25 points de base (pbs), à l'issue de la réunion du Conseil de la banque centrale prévue ce mardi 20 juin. D'après l'enquête de Attijari Global Research (AGR), le consensus des investisseurs ressort en faveur d'une hausse de 25 PBS du taux directeur de Bank Al-Maghrib. Sur la base des réponses obtenues, la probabilité d'une hausse du TD de +25 PBS est de 67% contre une probabilité de 8% pour un relèvement du TD de +50 PBS. Par ailleurs, la probabilité du statu quo ressort à 25%.
À l'analyse des réponses obtenues par catégorie d'investisseurs, les analystes d'AGR relèvent deux principaux constats. Premièrement, les Institutionnels locaux, les personnes physiques et les étrangers accordent des niveaux de probabilité élevés pour le scénario d'une hausse de +25 PBS du taux directeur (TD) en juin, soit respectivement de 74%, 66% et 60%. Deuxièmement, les acteurs de référence accordent une probabilité de 41% pour une hausse de +25 PBS du TD en juin 23 contre 48% pour le scénario du statu quo.
Les prévisions de BKGR et de CDG Capital
BMCE Capital Global Research (BKGR) a également livré son avis sur la question. Dans une récente analyse, la banque s'attend, elle-aussi, à ce que le prochain Conseil de BAM décide une hausse limitée de 25 pbs du taux directeur à 3,25%, voire un statu quo. Par contre, d'après CDG Capital Insight, Bank Al-Maghrib devrait maintenir ce taux à son niveau actuel, soit 3%.
Intervenant récemment lors de la première conférence du cycle de webinaires annuel sur les résultats et perspectives des sociétés cotées, organisé par la Bourse de Casablanca et l'Association professionnelle des sociétés de Bourse (APSB), Ahmed Zhani, économiste en chef à CDG Capital, a soulevé les principaux facteurs qui vont pousser la banque centrale à maintenir le taux directeur à 3%.
Parmi ces facteurs, la fragilité de la reprise économique sous l'effet de la sécheresse, la baisse de la demande étrangère et de la consommation des ménages, le faible impact de la politique monétaire sur la stabilité des prix, compte tenu de la nature des tensions inflationnistes, et la faiblesse du canal des anticipations chez les ménages marocains.
Rappelons qu'en mars dernier, en marge de son Conseil, BAM a de nouveau relevé son taux directeur de cinquante points de base, à 3%, afin d'enrayer la hausse des prix, en particulier alimentaires, qui affecte les ménages modestes et vulnérables. Le but était aussi de soutenir le dirham marocain qui est géré par rapport à un panier de devises, pondéré à 60% pour l'euro, dans un contexte où la Banque centrale européenne (BCE) se montre plus agressive.
Resserrement monétaire
Rappelons qu'après une période d'observation, et à la suite de la montée en puissance de l'inflation et surtout la transmission de la hausse des prix des biens échangeables vers les biens non échangeables, le Conseil de Bank Al-Maghrib a décidé, à l'issue des deux dernières réunions, tenues le 27 septembre et le 20 décembre 2022, de relever le taux directeur (TD), deux fois successives, de 50 Pbs, le portant ainsi de 1,50% à 2,50% à fin 2022. Objectif : prévenir tout désancrage des anticipations d'inflation et assurer les conditions d'un retour rapide à des niveaux en ligne avec l'objectif de stabilité des prix.
Depuis, BAM a poursuivi le resserrement de la politique monétaire à travers une nouvelle hausse du TD à 3% actuellement. D'après une étude de CDG Capital Insight, ce relèvement a, quand même, des avantages : ancrage des anticipations d'inflation des ménages et retour plus rapide vers l'objectif de stabilité des prix ; amélioration des taux créditeurs bancaires et des rendements obligataires ; et baisse sensible de la composante liquide de la masse monétaire en circulation et des dépôts à vue en faveur de l'épargne.
A contrario, la banque d'affaires estime qu'une hausse du taux directeur risque de rétrécir les conditions de financement ; d'affaiblir la croissance économique ; de renchérir le coût de financement du Trésor public et des entreprises et établissements publics ; et de dégrader la performance des entreprises cotées.