C'est ce mardi 21 mars que Bank Al Maghrib devrait annoncer la nouvelle orientation de la politique monétaire. En attendant, les avis des analystes financiers sont unanimes : la hausse du taux directeur serait effective. Les résultats d'une enquête d'Attijari Global Research (AGR) réalisée auprès d'un échantillon de 35 acteurs financiers considérés parmi les plus influents du marché financier marocain font ressortir un consensus en faveur d'une hausse du taux directeur de Bank Al-Maghrib (BAM). Sur la base des réponses obtenues, la probabilité d'une hausse du taux directeur de 50 points de base est de 50% contre une probabilité de 39% pour un relèvement du taux directeur de 25 points. Parallèlement, la probabilité d'une stabilité du taux directeur est de seulement 8% contre 3% pour une hausse de 100 points de base. De son côté, BKGR, prévoit un nouveau relèvement du taux directeur. «Il serait encore précoce pour juger de l'efficacité de la hausse du taux directeur de 100 pbs opérée en 2022. L'inflation semble toujours tenace et atteint un niveau historiquement élevé en janvier 2023 ce qui laisse envisager un nouveau relèvement du taux directeur », indique les analystes de BKGR. Même attentes pour les analystes de la CDG Capital Insight qui ont tablé sur une hausse, pour la troisième fois consécutive, de 50 pbs du TD, le ramenant ainsi à 3%. «Tenant compte de l'ensemble de ces évolutions et perspectives et de la forte volonté de Bank Al-Maghrib de maintenir l'ancrage des anticipations d'inflation, nous pensons qu'il est plus probable que le conseil de Bank Al-Maghrib augmente, pour la troisième fois consécutive, le taux directeur, avec une nouvelle hausse prévue de 50 Pbs, ramenant ainsi le taux directeur à 3%», indique la même source. Pour sa part, le FMI avait annoncé prévoir pour le Maroc de nouvelles hausses du taux directeur si l'inflation ne converge pas à court terme vers les projections de la banque centrale. En cas de hausse, quels impacts ? Pour l'économiste Zaher Badr Al Azrak, la banque centrale va certainement opter pour une nouvelle hausse du taux directeur en vue de s'aligner avec les mesures et les décisions prises par les différentes banques centrales au niveau international et aussi la régulation de l'offre et la demande à travers la limitation d'accès aux crédits d'investissement, de consommation ou autres. Mais, il juge que le moment n'est pas opportun pour cette décision. Comment ? «Les chutes des valeurs des banques au niveau des places boursières européennes devrait pousser la banque centrale à revoir cette décision », justifie-il. Selon le même expert, une nouvelle augmentation du TD pourrait impacter négativement les banque marocaines. «Une telle décision a des répercussions sur les avoirs et l'argent déposé auprès des banques. Quand l'intérêt produit baisse, les dépositaires retirent généralement leurs argents des banques, ce qui risque de provoque un problème de liquidités », explique Al Azrak qui prévient quant à la possibilité de faire face à une éventuelle crise financière. Autre risque relevé : l'impact sur le secteur immobilier. «Un relèvement du TD serait fatal sur le secteur immobilier, déjà affaibli par les deux dernières hausses décidées en 2022. Une telle mesure pourrait le plonger dans une récession profonde », alerte l'économiste qui évoque aussi l'impact négatif sur les TPE et les PME qui constituent 90% du tissu économique, et qui selon lui, auront du mal à supporter ce rehaussement du taux directeur, la plupart étant actuellement en difficulté.