Biden n'entend pas rendre plus "facile" une adhésion de l'Ukraine, qui ne sera, d'ailleurs, pas invitée à adhérer à l'OTAN lors du sommet de Vilnius. Toutefois, l'Alliance a invité le président Zelensky à la première réunion du nouveau conseil OTAN-Ukraine. L'Ukraine ne bénéficiera pas de traitement de faveur pour son processus d'adhésion à l'OTAN, a indiqué samedi le président américain Joe Biden, malgré l'invasion russe. Interrogé par des journalistes pour savoir s'il comptait rendre "plus facile" l'adhésion de Kiev à l'Alliance atlantique, Biden a dit "non", assurant que l'Ukraine devrait "respecter tous les critères. Donc nous n'allons pas rendre cela facile". Joe Biden a par ailleurs qualifié de "totalement irresponsable" le déploiement de premières ogives nucléaires russes au Bélarus. Les remarques de Biden interviennent en amont du prochain sommet annuel de l'OTAN à Vilnius en Lituanie, qui se tiendra les 11 et 12 juillet. L'Ukraine ne sera pas invitée à adhérer à l'Alliance lors de ce sommet, a déjà précisé vendredi le secrétaire général de l'OTAN Jens Stoltenberg, même s'il a souligné que l'Ukraine deviendrait "membre de l'OTAN à un moment donné". L'invitation est la première étape du processus d'adhésion. L'Alliance souhaite tout de même tenir lors du sommet la première réunion du nouveau conseil OTAN-Ukraine avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky. "Nous travaillons à la création d'un nouveau Conseil OTAN-Ukraine au sein duquel l'Ukraine sera sur un pied d'égalité avec les Alliés de l'OTAN", a-t-il déclaré à l'issue d'une réunion des ministres de la Défense de l'Alliance à Bruxelles.
"Notre ambition est de tenir la première réunion du nouveau Conseil à Vilnius, avec le président Zelensky", a-t-il précisé. Ce nouveau conseil permettra des consultations et la prise des décisions sur des questions de sécurité d'intérêt mutuel, a expliqué Jens Stoltenberg. Les relations entre l'OTAN et l'Ukraine se traitent actuellement au sein d'une commission créée en 1997, qui est un organe de consultations. "L'Ukraine deviendra membre de l'OTAN à un moment donné", a-t-il répété. "Mais elle ne recevra pas d'invitation à Vilnius", a-t-il averti. L'invitation est la première étape du processus d'adhésion. "Nous ne savons pas quand cette guerre prendra fin. Mais lorsque ce sera le cas, nous devrons mettre en place un cadre garantissant la sécurité future de l'Ukraine. Et veiller à ce que l'histoire ne se répète pas", a-t-il expliqué. "Certains alliés envisagent des arrangements bilatéraux et multilatéraux" pour aider l'Ukraine à se rapprocher de l'OTAN jusqu'à l'adhésion, a-t-il expliqué.
Absence de consensus sur plusieurs points
Le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, a refusé de donner la position des Etats-Unis. "Je ne veux pas parler d'arrangements de sécurité à ce stade", a-t-il déclaré lors de sa conférence de presse. A un mois du sommet de Vilnius, plusieurs autres sujets n'ont pas encore fait l'objet d'un consensus, notamment l'augmentation des dépenses de défense et la succession de Jens Stoltenberg. Seuls sept des 31 pays de l'OTAN ont à ce jour atteint l'engagement sur 2% du PIB pris en 2014 au sommet de Newport, au Pays de Galles. "J'attends des Alliés de l'OTAN qu'ils prennent à Vilnius un engagement plus ambitieux en matière d'investissement dans la défense. Les 2% du PIB doivent constituer un plancher et non un plafond", a-t-il souligné. "L'engagement doit être immédiat et pas avoir un horizon de dix ans", a-t-il insisté. "Tout le monde devrait d'abord arriver au but des 2% et c'est vrai pour l'Allemagne", a déclaré de son côté le ministre allemand Boris Pistorius. "Mais il faut s'approcher pas à pas. La plupart des économies nationales ne vont pas y arriver aussitôt", a-t-il averti. La succession de Jens Stoltenberg n'est par ailleurs pas réglée. "Le terme de mon mandat de 10 ans arrive à l'automne et je ne cherche pas à le prolonger", a-t-il répété vendredi. Mais aucun consensus ne se dégage sur un successeur et plusieurs membres de l'Alliance préconisent de lui demander de rester en fonction jusqu'au sommet de Washington en juillet 2024.
Une "OTAN asiatique" vouée à l'échec Le quotidien iranien de langue anglaise Tehran Times a critiqué mercredi l'idée américaine d'étendre l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) à la région Asie-Pacifique, estimant qu'elle est vouée à l'échec car elle ne bénéficie pas d'un soutien régional. Le journal a publié un article intitulé "L'OTAN asiatique : paranoïa et fragilité des Etats-Unis", qui met en lumière un projet d'expansion de l'OTAN, l'alliance militaire dirigée par les Etats-Unis, dans la région Asie-Pacifique, qui a fait l'objet d'une large couverture médiatique. Citant un journal japonais, l'article indique que l'OTAN cherche à établir un bureau de liaison dans la capitale japonaise, Tokyo, en 2024 afin de l'utiliser comme centre de coopération avec l'Australie, le Japon, la Nouvelle-Zélande et la République de Corée, qui sont tous géographiquement proches de la Chine. Le projet américain de créer une réplique de l'OTAN dans la région Asie-Pacifique est voué à l'échec, car "il a des conséquences et manque en même temps du soutien de la part de nombreux pays asiatiques régionaux" et même d'alliés de l'OTAN, tels que la France, lit-on. Le Tehran Times met en garde contre le fait qu'à mesure que l'hégémonie des Etats-Unis diminue, Washington "joue des jeux dangereux dans le monde entier" en cherchant à provoquer des conflits ailleurs au lieu de poursuivre des voies diplomatiques.