Après trois décennies de non alignement militaire, la Finlande rejoint mardi l'Otan, une étape « historique » pour l'Alliance mais qui déclenche la colère de la Russie. « C'est bien sûr un grand jour pour la Finlande (…) C'est aussi une bonne chose pour l'Otan », a déclaré le ministre finlandais de la Défense Antti Kaikkonen avant la cérémonie. Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, à qui seront remis les documents d'adhésion, et le chef de l'Otan Jens Stoltenberg ont salué une « journée historique ». « Je suis tenté de dire que c'est peut-être la seule chose pour laquelle on peut remercier (le président russe Vladimir) Poutine, parce qu'il a, une fois de plus, précipité quelque chose qu'il disait vouloir éviter en agressant » l'Ukraine, a commenté Antony Blinken. Moscou a dénoncé une atteinte à la sécurité de la Russie avec ce nouvel élargissement de l'Otan et promis des « contre mesures ». Lors d'une cérémonie chargée en symboles, le pays nordique, qui partage une frontière de 1.300 kilomètres de long avec la Russie, devient le 31e membre de l'Alliance, le jour anniversaire de sa création, le 4 avril 1949. Après la remise des documents d'adhésion à Antony Blinken, gardien du traité fondateur de l'organisation, le drapeau finlandais sera hissé dans la cour d'honneur du siège de l'organisation à Bruxelles à 15H30 (13H30 GMT), entre ceux de l'Estonie et de la France, suivant l'ordre alphabétique. « La Finlande est maintenant en sécurité », a affirmé Jens Stoltenberg à son arrivée. « Ensemble, les Alliés de l'Otan représentent 50% de la puissance militaire mondiale. Donc, tant que nous restons unis, que nous nous protégeons mutuellement et que nous le faisons de manière crédible, il n'y aura pas d'attaque militaire contre un allié de l'Otan », a-t-il expliqué. L'invasion de l'Ukraine par la Russie a bouleversé la sécurité en Europe et rebattu les cartes, poussant la Finlande et la Suède à vouloir rejoindre le parapluie protecteur de l'Otan. En adhérant à l'Otan, la Finlande, qui fut envahie par l'Union soviétique en 1939, double la longueur de la frontière avec la Russie de l'alliance dirigée par les Etats-Unis. Elle obtient la protection de l'article 5, l'engagement de défense collective selon lequel une attaque contre un membre « sera considérée comme une attaque contre tous les membres ». Les objections de la Turquie et de la Hongrie ont retardé l'adhésion d'Helsinki pendant des mois, et bloquent toujours celle Stockholm. « Je suis absolument confiant dans le fait que la Suède deviendra également membre. C'est, pour l'Otan, pour moi, une priorité de s'assurer que cela arrivera aussi rapidement que possible », a assuré Jens Stoltenberg. La Suède doit rejoindre l'Otan « sans tarder » car avec ces 2 pays notre Alliance sera plus forte pour assurer la sécurité de l'espace euro-atlantique, a déclaré la ministre française Catherine Colonna. « Nous espérons que le drapeau de la Suède flottera à l'Otan pour le sommet de Vilnius », a commenté son homologue lituanien Gabrielus Landbsergis. « J'appelle le président Erdogan à ne pas ruiner le sommet de Vilnius », a-t-il lancé. Hasard de l'ordre alphabétique, les couleurs de la Suède seraient alors hissées entre celles de l'Espagne et de la Turquie. – « L'Ukraine deviendra membre » – Les adhésions de ces deux pays nordiques sont la démonstration que « la porte de l'Otan reste ouverte », a martelé Jens Stoltenberg. « La position de l'Otan reste inchangée: l'Ukraine deviendra membre de l'Alliance », a-t-il poursuivi. Cependant, a-t-il ajouté aussitôt, « l'objectif principal pour l'heure est sa survie comme un pays souverain et indépendant, sinon parler d'adhésion n'a aucun sens ». Les ministres des Affaires étrangères de l'Otan rencontreront leur homologue ukrainien Dmytro Kouleba et vont discuter du « soutien à long terme » à Kiev. « L'Ukraine vise le même objectif que la Finlande en devenant membre à part entière de l'Otan, et nos conversations ici à Bruxelles porteront sur la façon dont nous pouvons aller de l'avant », a déclaré le ministre ukrainien à son arrivée. Une réunion de la Commission Otan-Ukraine a été organisée à cette fin, malgré les objections de la Hongrie. Dans la nuit de lundi à mardi, des drones russes ont frappé le port ukrainien d'Odessa, sur la mer Noire, faisant des dégâts matériels, selon les autorités. Les ministres doivent également rencontrer leur homologue japonais pour discuter de la situation dans la région Asie-Pacifique et des défis posés par la Chine et « son alignement avec la Russie ». « Pour relever tous ces défis, il est essentiel que nous investissions davantage dans la défense », a insisté Jens Stoltenberg. « J'attends des alliés qu'ils s'engagent lors du sommet de Vilnius sur une nouvelle promesse d'investissement ambitieuse, avec 2% de leur PIB comme plancher et non plus comme plafond ».