L'Office National de l'Electricité et de l'Eau Potable (ONEE) a multiplié ses efforts pour faire face au stress hydrique frappant notre pays de plein fouet, et ce, pour rationaliser la consommation de l'eau potable dans plusieurs régions du Royaume. Détails. Fès, Meknès et région. En juillet dernier, l'ONEE a procédé à la mise en marche progressive d'un projet de renforcement et de sécurisation de l'approvisionnement en eau potable des villes de Fès et Meknès et des localités avoisinantes à partir des eaux du barrage Idriss 1er, qui s'inscrit dans le cadre du Programme National d'Approvisionnement en Eau Potable et d'Irrigation (PNAEPI) 2020-2027, dont la convention a été signée le 13 janvier 2020 devant Sa Majesté le Roi Mohammed VI. L'objectif primordial consiste à augmenter la capacité de production d'eau potable des installations existantes par un débit supplémentaire d'environ 43.200 m3 /jour, dans une première phase, et qui sera augmenté progressivement à 172.800 m 3/jour. Ce chantier a nécessité la mobilisation d'une enveloppe financière de l'ordre de 1,7 milliard de dirhams, empruntée par l'Agence Japonaise de Coopération Internationale (JICA). Il consiste en la réalisation d'une prise d'eau brute sur le barrage Idriss 1er, d'une station de traitement d'un débit nominal de 172 800 m 3 /jour extensible à 259 200 m 3 /jour, de 7 stations de pompage, de 5 réservoirs, la fourniture et la pose de 105 km de canalisations en béton précontraint, en acier revêtu et en polyester renforcé aux fibres de verre (PRV), avec des diamètres variant entre 2000 et 900 mm, ainsi que l'électrification et la télégestion du système adducteur. En d'autres termes, le projet permettra de sécuriser l'alimentation en eau potable à l'horizon 2030 des deux villes de Fès et de Meknès et des localités voisines, de même qu'il contribuera à l'amélioration des conditions de vie des populations et à l'accompagnement du développement socio-économique de la région. Marrakech Le Comité Technique relevant du Comité de Vigilance, instauré le mois de novembre 2021 par le wali de la Région Marrakech- Safi, a annoncé l'adoption de plusieurs mesures afin d'assurer l'approvisionnement de la ville ocre en eau potable et à garantir sa rationalisation en raison de la baisse considérable des retenues des barrages dans la région Marrakech- Safi, qui enregistre un déficit des apports de l'ordre de 40% en juin 2022. Ainsi, l'ONEE, RADEEMA, l'Agence du Bassin Hydraulique du Tensift (ABHT) oeuvrent ensemble pour gérer au mieux cette période critique afin d'assurer la continuité d'alimentation en eau potable de la Cité ocre, en réalisant des investissements d'envergure pour sécuriser l'alimentation de la ville de Marrakech à partir du barrage Al Massira, ainsi que la généralisation progressive de l'utilisation des ressources non conventionnelles (eau usée traitée) issue de la Station de Transfert de l'Energie par Pompage (STEP) pour l'irrigation des espaces verts de Marrakech. De plus, une borne a également été conçue par la RADEEMA pour encourager l'utilisation des eaux usées traitées à la demande, dont la première cible identifiée sont les entreprises de nettoiement, de travaux. En ce sens, des audits de l'efficacité hydrique des gros consommateurs d'eau potable (administrations, écoles, hôpitaux, hôtels, mosquées...) ont été mis en oeuvre et sont pilotés par l'ABHT et conduits par des bureaux d'études experts en la matière, grâce au financement de la Région de Marrakech-Safi. Sud du Grand Casablanca Durant le mois de juin dernier, l›ONEE a lancé la mise en service industrielle de la première tranche d'un important projet de sécurisation de l'approvisionnement en eau potable de la zone Sud du Grand Casablanca à partir des installations de production d'eau potable traitant les eaux du barrage Sidi Mohamed Ben Abdellah. Ce projet, lui aussi, s'inscrit dans le cadre du PNAEPI 2020-2027 et vise à sécuriser l'alimentation en eau potable de la zone Sud de la ville de Casablanca, à travers la réalisation d'une liaison hydraulique entre le Nord et le Sud de la ville, pour faire face aux effets du déficit hydrique que connaît le bassin de l'Oum Er Rbiaâ et qui s'est répercuté sur les volumes mobilisés au niveau des barrages situés dans ce bassin, précise la même source. Avec un montant de 180 millions de dirhams, le projet comprend principalement la pose d'une conduite sur un linéaire d'environ 7,5 km, essentiellement en acier revêtu de diamètre 2000 mm, reliant l'adduction existante de Bouregreg alimentant le Nord de la ville de Casablanca et le réservoir de distribution de Médiouna situé au Sud de la ville. Cette nouvelle conduite permettra, dans une première phase, de transiter de manière gravitaire un débit de 1550 litres par seconde. En outre, l›ONEE prévoit une station de surpression pour porter le débit transité par cette conduite à 2500 litres par seconde, en 2ème phase, et dont la mise en service est prévue fin 2022. Ainsi, cette première tranche du projet permettra de transférer un volume annuel d'environ 80 millions de m3 du Nord au Sud de Casablanca et d'assurer une gestion optimale des ressources en eau disponibles au niveau du barrage Sidi Mohamed Ben Abdellah et du bassin de l'Oum Er Rbiaâ. En juin 2022, l'Office a entamé les travaux de la deuxième tranche de ce projet qui consistent en le prolongement de cette nouvelle conduite sur un linéaire d'environ 7,1 km, pour desservir également le réservoir de Bouskoura. Elle permettra aussi de renforcer la station de surpression en portant sa capacité à 4000 litres par seconde. Ces travaux seront réalisés à 120 millions de dirhams et avec une mise en service prévue en juillet 2023. Les provinces de Settat et Berrechid L'ONEE a commencé, dès le 1er août dernier, à réduire les débits distribués d›eau potable dans les réseaux de distribution des provinces de Berrechid et de Settat, tous les jours de 22h à 7h du lendemain. Cette mesure est expliquée par la "vague de chaleur" que connaît le Maroc durant l'été, sans oublier que la demande en eau potable connaît une hausse importante compte tenu de la situation marquée par une forte baisse des ressources en eau due au manque de précipitations et à la succession de périodes de sécheresse au Maroc ces dernières années. Cette décision fait suite à la décision du gouvernement marocain qui a décrété, le 1er juillet 2022, l'"état d'urgence" hydrique, après une année marquée par le manque pluviométrique, qui a conduit à la baisse du taux de remplissage des barrages à des niveaux historiques alarmants. Mohamed ELKORRI