Moscou a réitéré, lundi, son objection à la décision de la Finlande et de la Suède d'adhérer à l'OTAN, soulignant que cette décision était une "erreur aux conséquences profondes" et qu'elle "va changer le monde". La candidature commune de la Finlande et de la Suède fait débat dans la presse des deux pays. Pour la presse finlandaise, cette candidature est "historique", en écho au discours du président Sauli Niinistö. Après la chute de l'URSS, la Finlande, pays neutre sur le plan militaire, avait noué un partenariat avec l'Otan, sans jamais y adhérer. Mais la guerre en Ukraine a changé la donne, explique le quotidien HBL, avec la crainte d'une éventuelle invasion russe, même si Moscou a toujours nié un tel scénario. Pour la presse suédoise, le constat est amer. Le Svenska Dagbladet évoque une "défaite et la fin d'un héritage" séculaire. Le Dagens Nyheter, lui, cible directement la Première ministre Magdalena Andersson et son parti des sociaux-démocrates après qu'ils ont donné leur aval à une candidature. A l'automne dernier, elle avait réitéré son refus d'adhérer à l'alliance militaire. Le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov a déclaré, par voie de communiqué de presse, que son pays "n'acceptera tout simplement pas l'adhésion de la Suède et de la Finlande à l'OTAN", selon le site Internet de la chaîne "Russia Today". "Le monde changera radicalement après la décision de la Suède d'adhérer à l'OTAN", a-t-il indiqué soulignant que l'adhésion de ces deux pays à l'OTAN "serait une erreur aux conséquences considérables". Jeudi, la Russie s'est engagée à prendre des "mesures militaro-techniques" pour protéger sa sécurité nationale si la Finlande et la Suède rejoignent l'OTAN. Un changement majeur dans l'équilibre des relations internationales Moscou a mis en garde à plusieurs reprises les pays frontaliers contre l'adhésion à l'OTAN et a estimé que toute décision à cet égard menacerait sa sécurité et constituerait une expansion illégale de l'OTAN. Elle a considéré que l'adhésion de la Finlande à l'OTAN constituerait une violation d'un accord conclu avec la Russie en 1992, dont l'une des clauses stipule l'obligation de chacun d'eux de ne pas permettre que leurs territoires soient utilisés pour lancer une agression militaire contre l'autre pays. Par ailleurs, un article du JDD.fr souligne que ce revirement stratégique de la Finlande et de la Suède, deux pays jusque-là soucieux de rester neutres entre les Occidentaux et la Russie, est un changement majeur dans l'équilibre des relations internationales. Après la fin de la Guerre froide, les deux Etats étaient déjà devenus partenaires de l'Otan et membres de l'Union européenne. Mais cette adhésion marquerait leur intégration complète dans le bloc occidental. Une garantie sécuritaire La Suède mettrait ainsi fin à deux siècles de neutralité puis, depuis les années 1990, de non-alignement militaire. La Finlande, elle, a été en guerre avec l'URSS pendant la majeure partie de la Seconde guerre mondiale, puis contrainte durant la Guerre froide à une neutralité forcée, sous le contrôle de Moscou. L'invasion de la Russie en Ukraine, fin février, a tout changé. La guerre a rappelé aux voisins de Moscou la menace qui pouvait exister à leur égard et a entraîné en Suède et en Finlande un bond spectaculaire dans l'opinion publique en faveur de l'Otan. Pour Jens Stoltenberg, cette double candidature est en tout cas la preuve qu'« une agression » comme l'invasion de l'Ukraine menée par la Russie « ne paie pas ». Une telle adhésion représenterait pour ces deux pays une garantie pour leur sécurité puisque le principe fondateur de l'Otan, énoncé dans l'article 5 du traité, repose sur le concept de sécurité collective entre Etats-membres. Ainsi, toute attaque menée contre l'un d'eux est considérée « comme une attaque contre toutes les parties ». La transition qui s'ouvre et devrait durer plusieurs mois jusqu'à une intégration effective nourrit plus d'inquiétude. L'Otan s'est dite prête à renforcer les « garanties de sécurité » de la Finlande et de la Suède pendant cette période.
Selon Londres, la Russie a perdu un tiers de ses forces en Ukraine
Quel est le bilan humain de la guerre en Ukraine? Si des millions de civils ont dû quitter leur pays, les chiffres entre Kiev et Moscou divergent sur le nombre de militaires tués au combat. Selon le Royaume-Uni, la Russie a perdu près d'un tiers des troupes qu'elle a déployé depuis le 24 février 2022. "L'offensive russe dans le Donbass a perdu de son élan" et a pris "beaucoup de retard", écrit le ministère de la Défense britannique sur son compte Twitter. L'enlisement de la guerre s'explique en partie, selon Londres, par les destructions de drones russes. "Ils sont essentiels pour la connaissance tactique et la direction de l'artillerie, mais ils ont été vulnérables aux capacités antiaériennes ukrainiennes", affirme le ministère de la Défense, citant également les équipements permettant de franchir les cours d'eau. Début mars, au nord de Kiev, les Russes ont été contraints de rebrousser chemin, incapables de passer une rivière que l'armée ukrainienne avait fait déborder en détruisant un barrage. "Dans les conditions actuelles, il est peu probable que la Russie accélère considérablement son rythme de progression au cours des 30 prochains jours", écrivent les Britanniques.