Dans plusieurs économies de la région MENA, les entreprises identifient les problèmes de transport comme un frein important à leurs activités. Ces difficultés sont particulièrement constatées au Maroc, selon l'OCDE. Les économies de la région MENA sont confrontées à des goulets d'étranglement dans les infrastructures de transport, ferroviaires notamment, à une insuffisance du transport multimodal et à la fragmentation du système portuaire. Les déficits de financement sont présents dans tous les secteurs des infrastructures, mais touchent surtout les infrastructures transfrontalières, le transport routier et l'énergie. Tel est le constat de l'OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Economiques) dressé dans son rapport : « Perspectives de la politique d'investissement au Moyen-Orient et en Afrique du Nord », fraîchement publié. « Malgré les progrès accomplis dans la région en matière de développement d'infrastructures physiques de base ces dernières années, les infrastructures des transports (portuaire, routier et aéroportuaire en particulier) demeurent peu performantes, avec pour effets des échanges commerciaux ralentis et plus coûteux », estime la même source, notant que le Maroc accuse un recul de ses performances, en partie entravées par des faiblesses au niveau des services des douanes mais aussi du suivi et de la traçabilité des envois.
Tanger-Med, une plaque tournante logistique pour la région
Autre constat soulevé par les experts de l'OCDE : le dysfonctionnement de la logistique et des infrastructures de transport dans la région MENA constitue un obstacle majeur à l'accroissement des échanges et des investissements, limitant la croissance des entreprises manufacturières en particulier. Dans plusieurs économies étudiées, les entreprises identifient les problèmes de transport comme un frein important à leurs activités. Ces difficultés sont particulièrement constatées au Maroc, en Jordanie, et en Tunisie. L'OCDE indique, cependant, que de nombreux ports de la région offrent des opportunités importantes aux fabricants étrangers à la recherche de sites à proximité des marchés d'Europe, du Moyen-Orient et d'Afrique. Ce potentiel n'est, cependant, pas réalisé dans de nombreux pays. « Selon le FMI, seuls quelques ports sont compétitifs au regard des normes internationales, le Maroc en tête avec son port de Tanger-Med, devenu une plaque tournante logistique pour la région et considéré comme le plus grand port à conteneurs d'Afrique en termes de chiffre d'affaires », souligne l'OCDE.
Le Maroc est bien doté en ressources énergétiques renouvelables
L'OCDE fait remarquer, d'autre part, que les économies ciblées de la région MENA sont bien dotées en sources d'énergie renouvelables telles que le solaire et l'éolien, mais la part des énergies renouvelables dans le bouquet énergétique varie d'un pays à l'autre. De telles ressources pourraient faire baisser le prix de l'énergie renouvelable et ajouter une capacité de production significative. Pourtant, la part des énergies renouvelables dans la consommation finale d'énergie varie considérablement selon les pays. Au Maroc, cette part varie entre 10 et 12% (0,1% en Algérie, entre 5 et 5,5% en Egypte et en Jordanie). De même, la part des énergies renouvelables dans la production d'électricité varie de 35% au Maroc à 8,5% en Egypte. L'OCDE souligne, néanmoins, que certains pays ont montré leur volonté d'approfondir l'utilisation des énergies renouvelables. C'est le cas, par exemple, du Maroc, l'un des plus grands importateurs d'énergie de la région, qui a lancé un vaste programme d'énergie renouvelable axé sur l'éolien et le solaire. Le Maroc, qui importe également 93% de ses besoins énergétiques, vise à accroître la part des énergies renouvelables afin de réduire sa vulnérabilité aux chocs d'approvisionnement et autres perturbations causées par la forte dépendance aux importations. Sa stratégie énergétique nationale vise à porter la part des énergies renouvelables à 52% de la capacité totale de production d'énergie installée d'ici 2030. Dans le même ordre d'idées, l'OCDE fait remarquer que le retour en forme de l'investissement dans la région d'avant 2010 est principalement dû à quelques grands projets concentrés dans le secteur de l'électricité au Maroc. « Les secteurs des transports et de l'eau ont connu une activité très limitée au cours des cinq dernières années. L'investissement privé dans les infrastructures au cours des trois dernières années a été très concentré géographiquement. Les deux tiers du nombre des projets ont eu lieu en Jordanie, en partie grâce au programme national de promotion des énergies renouvelables, en particulier des centrales solaires photovoltaïques. Cependant, en termes de dépenses d'investissement, près de 75% des projets ont eu lieu au Maroc en raison des grands projets d'énergie solaire à Noor I et II à Ouarzazate et d'une centrale électrique au charbon de 1360 MW à Safi », précise la même source.
...mais à la traine en matière de développement des TIC
Par ailleurs, l'OCDE souligne, que, grâce aux investissements publics, l'infrastructure des TIC (Technologies de l'information et de communication) au Moyen-Orient et Afrique du Nord est relativement bien développée. Cependant, les entreprises de la région sont toujours confrontées à des coûts élevés. De nombreux pays sont encore confrontés à d'importants obstacles à l'accès à Internet. Actuellement, seulement 8% des PME de la région MENA élargie ont une présence en ligne (contre 80% aux Etats-Unis) et seulement 1,5% des détaillants de la région sont en ligne. Si l'on exclut les pays à revenu élevé de la moyenne, la région MENA compte en moyenne 100 abonnements de téléphonie mobile pour 100 habitants. Le Maroc dépasse la moyenne (128 pour 100 habitants), tandis que d'autres pays sont en dessous de la moyenne à l'image du Liban (64) et de la Jordanie (88). Le principal facteur limitant le développement du secteur des TIC au Maroc est le manque de concurrence effective et de réglementation appropriée, relève-t-on de même source. Pour conclure, l'OCDE souligne qu'au moins 100 milliards de dollars devront être investis au cours des cinq à dix années à venir dans la région MENA pour construire de nouvelles infrastructures.